posté le 28-06-2009 à 23:12:05

19 octobre....

           La fuite en avant du temps présent marqua une pause significative sur le coup de treize heure trente ce jour-là. Depuis trois jours, tous les matins en passant la porte du lycée, Shin enfilait sa veste de membre et il commençait à apprécier à sa juste valeur le changement d’attitude des autres élèves à son égard. Mais même les bonnes choses ne sont pas éternelles – à part Dieu et encore… Le rappel à l’ordre eut lieu juste avant le premier match du tournoi municipal de football.

« Ekichi, c’est quoi cette composition d’équipe ?

_Celle du match, il y a quelque chose qui t’échappe ?

_La défense, je comprend, c’est celle de d’habitude mais il faut que tu m’explique le milieu de terrain : c’est quoi  ce double losange hypertrophié et depuis quand Shin joue en attaquant de pointe seul ?

_Je veux gagner et c’est au milieu que nous ferons la différence, fin de la discussion. »

            Le match débuta quand Shin passa lentement le ballon à Bobby. Celui-ci le glissa à Michael qui effectua une longue transversale vers Diego qui s’enfonça dans la défense adverse. En fin de course, il parvint à décaler la balle pour Paolo qui centra. Shin dévia la trajectoire sur Bobby qui transmit de la tête vers Johann. Michael coupa la course du ballon d’une demi-volée limpide qui se ficha dans la lucarne. Ekichi souffla et s’assit sur son banc.

            Trente minutes plus tard, malgré un important pressing et une domination totale de l’équipe de Jefferson, le score n’avait pas bougé. Paolo partit alors dans une de ses cavalcades endiablées le long de la ligne de touche dont il avait l’habitude et le secret. Suite à un une-deux avec Diego, il se retrouva à l’entrée de la surface de réparation. Il centra vers Paul qui la glissa à Johann qui la balança – sans noircir le tableau – au milieu de la surface de réparation. Bobby frappa mais son tir fut repoussé par le gardien sur Shin qui le catapulta dans le but d’une bicyclette superbe mais qui n’avait apparemment pas pris en compte la possibilité d’un quelconque atterrissage qui fut alors douloureux.

            Après la mi-temps, le match reprit sur un faux tempo lancinant du fait de l’hypertrophie des deux milieux de terrain opposés. Alors lorsque Bobby s’engouffra balle au pied dans la défense adverse, Ekichi ne put s’empêcher de se lever d’un bond.

« En retrait pour Gianni ! »

            Bobby avait senti la présence de son partenaire dans son dos. Il joua à fond la carte de la diversion que Shin effectuait obligeant trois joueurs à le marquer puis adressa une petite passe du pied droit à Gianni juste dans sa foulée… Ce fut une véritable fusée qui transperça la surface et qui catapulté des dix-huit mètres frappa le poteau et rentra dans le but.

            Ekichi fit alors signe à l’arbitre qu’il voulait effectuer un remplacement et fit entrer Chris et Geoff à la place de Michael et Gianni. Shin repassa au milieu de terrain aux côtés de Bobby. C’est alors que l’improbable se produisit. Sur leur première véritable action devant le but de Pierce leurs adversaires obtirent un corner. Ce fut sur celui-ci que l’incident se produisit : fermement marqué à la culotte par un Franck impérial jusqu’alors, l’attaquant adverse s’effondra le visage dans les mains en pleurs. L’arbitre arrêta l’action et désigna le point de penalty. Puis à la consternation générale, il appela Franck et le renvoya aux vestiaires avant ses petits camarades, au moyen d’un carton rouge tout aussi injuste qu’outrageant. Le match se poursuivit dans une ambiance détestable alors que Robert se plaçait en défense centrale et que les deux équipes se rendaient rapidement coup pour coup – Paolo, Paul et Robert en premier lieu vengeant chèrement l’injustice qui avait été faîtes à Franck.

            Suite à une ou deux altercations malheureuses et injustifiées, l’arbitre décida de mettre un terme au match. Tous les joueurs quittèrent la pelouse. Ekichi les retrouva dans les vestiaires peu après. Il s’avança directement vers Pierce et lui tapota sur l’épaule amicalement.

« Pierce à partir de maintenant, tu es le nouveau capitaine du club de football.

_Pardon ?

_Marco et Lothar se sont retirés et vont être transférés à Mac Mulligan. »

            Il tourna les talons et sortit.

« Mais le match d’aujourd’hui ?

_Il ont été éliminés, leur avoua Franck à mi-voix.

_Par qui ?

_Le lycée Henderson.

_Henderson ? Tu délires, ils les ont écrasés 7 à 0, l’an passé.

_Ils se sont améliorés, dit Franck qui semblait dépassé, et ce sont nos futurs adversaires.

_On va avoir du pain sur la planche, » analysa prosaïquement Pierce.

            Il y eut un soir, il y eut un matin…

 


 
 
posté le 28-06-2009 à 23:11:14

15 octobre...(2)

            Shin se remit debout mais laissa son épée à la taille. Il portait également un deuxième katana. « Cette pression que je ressent autour de lui et impressionnante, je n’ai même pas engagé le combat que je suis déjà fatigué et en sueur, » pensa-t-il. « Vlad, tu n’es décidément pas un adversaire comme les autres. »

            Les deux adversaires se jaugèrent puis se jetèrent en avant. Les lames jaillirent…

« Iai… » souffla Roman.

            La lame de Vlad dévia celle de Shin et la fit passer au-dessus de sa tête. Puis dans un même geste il laissa son sabre s’appuyer sur son épaule et le prenant à deux mains il l’abattit sur Shin.

            Mais soudain son épée s’immobilisa à quelques centimètres de la gorge de Shin. Celui-ci avait tiré son second katana et vif comme l’éclair avait riposté. Les deux armes s’étaient chacune arrêtées dans des attaques potentiellement mortels visant toute deux la décapitation de l’adversaire.

« Egalité, » dit Ollic.

            Shin et Vlad s’écartèrent l’un de l’autre.

« Ils vont continuer, demanda Jimmy en se penchant vers Hans.

_Jusqu’à ce que l’un des deux l’emporte. »

            Shin tenait son sabre à l’envers, lame le long de son bras et pointe dans son dos.

« Il va utiliser son sabre comme un bouclier.

_Leila qu’est-ce que tu fais là ? demanda James.

_J’assiste à un beau combat.

_Qu’entends-tu par bouclier ? questionna Aspidistra.

_Ce n’est pas une technique de kendo mais plus du kung-fu ou plutôt des arts nija.

_Ca ne m’étonnerait qu’à moitié.4

_Lué ?

_Le club Ya-chi-ru n’enseigne théoriquement que le karaté, le judo, le jiu-jitsu, l’aïkido et le kendo mais chaque maître maîtrise et enseigne des techniques qui lui sont propre et qui n’emprunte pas forcément aux seules styles généraux mis en avant.

_Il aurait donc des connaissances en kung-fu et en arts nija ? s’enquit Leila.

_Oui.

_Chaps ?

_Shin fut l’élève le plus doué mais surtout le plus curieux que j’ai vu. Tous les maîtres du club ont au moins reçut une demande de leçon de sa part même après qu’il fut lui-même devenu un maître. »

            Vlad chargea. Les lames s’entrechoquèrent. Shin ne faisait que parait les coups qui pleuvaient sur lui.

« Mais il ne peut pas gagner ainsi ? interrogea Aspidistra.

_Si, affirma Lué.

_Les arts nija sont des techniques d’assassins, » reprit Leila.

            Vlad frappa verticalement mais Shin bloqua l’attaque et d’un coup de point dégagea son arme ouvrant la défense de Vlad. Il pivota pour se retrouver dos à lui et se servit de son sabre comme d’une lance piquant en aveugle son adversaire au côté. Celui-ci esquiva difficilement et ils se retrouvèrent dans une situation à la fois inconfortable et indécente.

            Une fois que le fou rire général se fut calmé et qu’ils furent à nouveau sur leurs deux pieds, ils décidèrent de passer aux choses sérieuses. L’échauffement était terminé comme on dit dans ces moments-là.

            Shin et Vlad se firent face en position battô – technique identique au iai. Le temps qu’une larme de sueur ne perle le long de leur front et ils s’étaient élancés. Ils se croisèrent et Shin s’effondra.

« Qu’est-ce qui vient de se passer ? demanda James.

_Vlad a frappé au ventre, expliqua Roman. Ils étaient de même vitesse mais le point que Shin avait choisi était simplement plus éloigné. »

            Shin se releva lentement en se massant le ventre. Vlad lui tendit la main et il la serra. Wladimir se leva et sortit sans rien dire. Ollic leur adressa un franc sourire.

« Je vous souhaite de réussir dans vos nouvelles fonctions. » Il marqua une pause. « Et belle promotion, Shin, de potentiellement exclut à membre de la Chambre en un mois, c’est pas mal. Bon courage pour la suite. »

            Le reste de la journée – excepté l’entraînement du club de football – fut dès lors un enchantement. Même sœur Josette semblait manifester à l’égard des membre de la Chambre d’un certain et relatif respect mélangé d’un peu de tendresse et d’affection déguisées. Bref ce fut une de ces journées trop éphémères malheuresement où l’on se prend à croire par inadvertance à l’Eden biblique et au Paradis retrouvé sur Terre mais toutes les bonnes choses ont une fin.

            Il y eut un soir, il y eut un matin…

 


 
 
posté le 28-06-2009 à 23:10:06

Premier round...

           Aspidistra, Kate et Lué regardaient une vidéo sur le magnétoscope que James leur avait prêté la veille. Elles ne se lassaient pas de voir ces instants magiques durant lesquels leurs camarades – ou frère – s’étaient sentis au-dessus des cieux – et redescendirent tout aussi rapidement.

« Ils s’en sont bien sortis en définitive, dit Kate.

_Mieux qu’on ne pourrait imaginer considérant la durée de leur collaboration, répondit Aspidistra.

_Le jeu de Shin à la guitare reste tout de même médiocre, remarqua Lué.

_Oui mais il assure au chant, répliqua Aspidistra. Par contre c’est quoi ces fringues ?

_Je pense que Pierce lui a demandé de s’habiller rock, proposa Kate.

_Non, coupa Lué, c’est ce que porte Shin quand il ne veut pas être « habillé. »

            Jimmy et Phoebe entrèrent à ce moment-là accompagnés de Pierce et de John.

« Vous n’allez plus au club vous entraînez aujourd’hui ? leur lança Lué.

_Chaps et Shô prépare Shin pour son « intégration » à la Chambre avec Hans, déclara Jimmy.

_Tu n’y vas pas ? l’interrogea Kate

_J’ai pas à faire un combat contre un désaxé psychopathe névrosé, riposta Jimmy.

_Tu parles de Vlad ? s’enquit Kate.

_Oui. »

            Une petite dizaine de minutes plus tard, Shin rentrait dans la classe le tin cireux et une moue peu avenante à la place du sourire.

« Quelque chose ne va pas ? »

            Il s’assit à sa place en ignorant négligemment la question d’Aspidistra et ferma les yeux.

« Fatigué. »

            Il n’en dit pas plus et s’endormit promptement sur son bureau.

« Qu’est-ce qu’il c’est passé ce week-end ?

_Entre mes cours de kendo, ses cours de basse, l’entraînement de foot qu’on a fait, les devoirs, le nettoyage de son appartement et la préparation des repas, on n’a pas trop eu le temps de dormir je crois.

_Phoebe n’était pas avec vous ?

_Regarde devant toi. »

            Phoebe et Jimmy s’enlaçait amoureusement sur un coin de table. Aspidistra soupira en passant en revu toutes les folles idées qui lui venait à l’esprit.

« J’ai compris. »

            Pierce bailla et alla à sa place. Aspidistra jeta un regard à Shin et essaya de l’imaginer à cet instant précis avec les vêtements qu’il portait samedi. Elle secoua la tête et pensa ardemment à autre chose.

            La sœur Josette, qui assurait la première heure de cours, entra, posa son sac à roulettes contre son bureau et fixa Shin et Pierce. Puis elle astiqua machinalement ses vielles lunettes, attrapa une craie et fit grincer le tableau jusqu’à ce que les deux dormeurs soient parfaitement réveillés et que les amoureux soient tout à fait attentifs.

« Hum…hum… Bien dormi ?

_Euh… commença Pierce avant de se retenir.

_Et ils répondent en plus mais c’est effrayant ! Dehors et plus vite que cela ! Allez rapido, subito. A la porte et s’en rechigner ni gronder, » dit-elle en indiquant la porte de son index vengeur.

            Ils sortirent et patientèrent quelques minutes dans le couloir.

« Ekichi m’a prévenu pour Vendredi, indiqua Pierce. Le premier tour du tournoi municipal se jouera ce jour-là. On disputera un quart de final plutôt « simple, » dirais-je.

_On joue contre qui ?

_Madison.

_Et ?

_Quatrièmes l’an dernier, dit Pierce en un souffle, mais tu auras plus forte affaire pour le premier match du club de tennis, Samedi.

_Pourquoi ?

_Vous jouez contre Mac Mulligan dès le premier tour.

_On va les éliminer d’entrée ?

_Tu sais que c’est Mac Mulligan, la meilleur équipe de la région, directement qualifiée celui-ci et qui ne participe au tournoi municipal que pour entraîner ses nouveaux joueurs.

_Nouveaux joueurs ? Ils n’ont que des secondes ?

_Non, Shin, que des terminales mais ils les ont recrutés dans toute la région pour avoir la meilleure équipe possible.

_C’est autorisé comme système ?

_Il semblerait. Ils l’utilisent dans tous les sports par équipe.

_Hum… C’est pitoyable…

_Silence dans le couloir, » hurla sœur Josette en passant la tête dans l’embrasure de la porte.

            Ils passèrent encore un bon quart d’heure dehors.

            La sonnerie de la libération – hum… de la deuxième heure… désolé – retentit à leurs oreilles comme le doux son de l’être aimé rentrant le soir dans la nuit froide, la lourde porte d’acier grinçante sur le parterre de pierre gelé, le long manteau trempé glissant à terre chape de plomb sur un corps brisé de souffrance et de fatigue… Enfin bref, ça les rendit heureux.

            Une heure plus tard, la bande des dégénérés de la 2-7 se rendait au dojo du deuxième club de kendo. Shin, Hans et Jimmy avaient mis leur veste de membre de la Chambre, alors que James, Kate, Aspidistra et Roman portaient leur insigne de vice-capitaine.

            Vlad les y attendait étonnement calme, enrobée dans sa propre veste de membre. Les autres capitaines étaient assis en tailleur en arc de cercle face à la porte. Lorsqu’ils entrèrent personne ne bougea. Shin prit place face à Vlad pendant que Hans et Jimmy allaient directement dans l’arc de cercle. Les vice-capitaines s’accoudèrent au mur derrière eux.

            Shin et Vlad restèrent silencieux un long moment, sabre à la ceinture. Brusquement Vlad fut sur pied, arme à la main.

« L’heure du combat est venu. »
 


 
 
posté le 25-06-2009 à 19:47:58

The Rolling Stones

 

 

Les premières années des Rolling Stones sont marquées par la forte personnalité et l’influence de Brian Jones qui, jusqu’à sa mort en 1969, apporte au groupe son génie hors normes et le résultat de ses nombreuses expérimentations musicales et sonores. Les Rolling Stones rivalisent par ailleurs avec les Beatles pendant les années soixante et jusqu’à la séparation de ces derniers en 1970. Les deux groupes s’opposent musicalement : le « couple » de coauteurs qui écrit désormais toutes les chansons des Rolling Stones (Jagger / Richards) privilégiant la partie rythmique de leurs compositions tandis que John Lennon et Paul McCartney font la part belle aux mélodies. Les Rolling Stones se démarquent également des Beatles en adoptant une « attitude » faite de révolte, de facéties (notamment sur scène) et de provocations diverses, parfois mal reçues par le public.

C'est à la fin des années soixante que les Rolling Stones atteignent leur apogée — populaire et artistique — avec des albums comme Beggars Banquet (1968), Let It Bleed (1969), Sticky Fingers (1971) et Exile on Main Street (1972), caractéristiques d’un style et d’un son qui leur sont devenus propres. Profondément influencée par le blues de Chicago — les Rolling Stones reprennent des titres d’artistes tels que Muddy Waters (le nom du groupe vient de l’une de ses chansons), Willie Dixon, Howlin’ Wolf, etc. —, leur musique repose d’une part sur la voix et le charisme de Mick Jagger et d’autre part sur le jeu de guitare de Keith Richards, articulé autour de riffs et d’accords en open tuning de sol (les six cordes d’une guitare correspondent le plus souvent à six notes — mi, la, ré, sol, si et mi — qui changent lorsque l’instrument est accordé en open tuning — ré, sol, ré, sol, si, sol —).
Le guitariste Mick Taylor (qui a notamment joué au sein des Heartbreakers de John Mayall, à l’instar d’Eric Clapton et de Peter Green, fondateur des Fleetwood Mac) remplace Brian Jones en 1969. Malgré un talent et une virtuosité exceptionnels mis au service de la guitare rythmique de Keith Richards et une complémentarité sans équivalent depuis (les concerts du début des années soixante-dix sont unanimement considérés par les fans et les critiques comme les meilleurs et les plus aboutis musicalement de toute la carrière des Rolling Stones), son tempérament réservé l’incite à quitter le groupe en 1974, la mainmise de Mick Jagger et de Keith Richards sur la destinée de la formation cantonnant Mick Taylor à un rôle de faire-valoir qu’il juge inacceptable pour un musicien de son niveau. Ronnie Wood (ami de Keith Richards et bassiste de Jeff Beck, Rod Stewart et des Faces) intègre alors les Rolling Stones et apporte une énergie nouvelle dont le groupe profite pour explorer des styles — reggae et funk notamment — jusque-là inédits dans la musique des Rolling Stones. La fin des années soixante-dix est toutefois marquée par une inspiration déclinante et une relative traversée du désert. L’album Tattoo You (1981), alternant morceaux de rock énergiques comprenant les traditionnels riffs de Keith Richards, particulièrement efficaces sur un titre comme « Start Me Up », devenu l’un des standards du groupe sur scène, et ballades plus lentes permettant au chanteur Mick Jagger de se mettre en valeur, est celui du retour aux « valeurs » sur lesquelles s’est fondé le succès des Rolling Stones.
Mick Jagger et Keith Richards entament parallèlement, dans les années quatre-vingt, des carrières solo aux fortunes diverses, puisque seul le guitariste des Rolling Stones parvient à former un groupe cohérent (les X-Pensive Winos), toujours en activité. En 1993, après une nouvelle gigantesque tournée mondiale (dont témoigne l’album Flashpoint, 1991), Bill Wyman, bassiste et membre fondateur des Rolling Stones, quitte officiellement le groupe (Daryl Jones, ami de Charlie Watts et notamment bassiste de Sting et Miles Davis, le remplace depuis lors). L’album Voodoo Lounge (1994) permet cependant aux Glimmer Twins, entité sous laquelle se « cachent » les producteurs Mick Jagger et Keith Richards, de revenir sur le devant de la scène musicale, puis de surprendre leurs fans en privilégiant exceptionnellement les petites salles de concert (l’Olympia à Paris, le Paradiso d’Amsterdam ou encore l’Hammersmith Odeon de Londres, autant de lieux qui ont vu les débuts des Rolling Stones) au détriment des grands stades. L’immense tournée qui a suivi l’album Bridges to Babylon, paru en 1997 et pour lequel Mick Jagger et Keith Richards ont fait appel, pour quelques titres, à des musiciens issus d’horizons différents du blues ou du rock dit « traditionnel » tel que l’incarnent désormais les Rolling Stones, a de nouveau battu tous les records d’affluence et de recettes, à l’inverse des enregistrements studio qui figurent rarement parmi les meilleures ventes. Ces concerts ont par ailleurs été l’occasion pour le groupe d’innover en utilisant de nouvelles technologies telles qu’Internet ; les internautes ont en effet pu voter en direct pour l’une des très nombreuses chansons du répertoire des Rolling Stones afin que celle-ci soit interprétée sur scène.

 

 

 

 


 
 
posté le 23-06-2009 à 23:30:32

The Beatles

La carrière des futurs Beatles démarre à Liverpool en juin 1956 lorsque, après quelques expériences dans des groupes de lycée, John Lennon (guitare et chant), leader du John Lennon Group, embauche Paul McCartney (basse et chant) dans son groupe de skiffle — style musical d’inspiration folklorique qui emploie une instrumentation éclectique (planche à laver, guimbarde, etc.). Devenus les Quarry Men Skiffle Group, ils sont rejoints par George Harrison (guitare) et, en 1960, Pete Best (batterie), remplacé en 1962 par Richard Starkey, alias Ringo Starr. D'abord influencé par le rock and roll américain (celui de Bill Haley et Elvis Presley), le groupe peine à trouver des engagements ; ils changent successivement leur nom en Johnny and the Moondogs, Silver Beetles, puis Beatles — référence au beat (ou « rythme »), aux beatniks américains de la beat generation et à Buddy Holly et ses Crickets.
En août 1960, les Beatles se rodent dans les clubs crasseux de Liverpool et de Hambourg (l’Indra, le Kaiserkeller, le Top), où ils jouent tous les soirs de la semaine, parfois six heures d’affilée. Ils fréquentent les prostituées, s’enivrent, se battent, et accessoirement, trouvent leur voix et leur style. Leur bassiste du moment, Stuart Stucliffe, sort avec une jeune photographe allemande qui donne aux Beatles des conseils de mode venus de Paris ; elle est notamment responsable de leur coupe de cheveux « à la française ».
En Allemagne, ils enregistrent en tant qu’accompagnateurs de Tony Sheridan un titre — « My Bonnie » — que les premiers fans cherchent en vain à acheter dans la boutique de disques de Brian Epstein à Liverpool. Intrigué, celui-ci déniche le groupe dans un club, la Cavern. Séduit, il devient leur manager et l’artisan principal de leur succès ; il les présente ainsi à George Martin, un producteur du label EMI qui va orienter et définir leur son et les accompagner de 1962 à 1970 — on le surnomme, non sans raisons, le « cinquième Beatles ». Avec l’arrivée de Ringo Starr, le groupe de légende est au complet.
Les Beatles rentrent en studio le 11 septembre 1962 pour enregistrer « Love Me Do » et « P.S. I Love You ». Avec « Please, Please Me » (bientôt suivi d’un album éponyme), « She Loves You », « I Want To Hold Your Hand » et « From Me To You » (trois titres qui atteignent le sommet des hit-parades en 1963), le groupe déchaîne les passions dans son pays. Il donne bientôt son premier concert devant la famille royale. C’est la naissance de la « Beatlemania » : les disques se vendent à plusieurs milliers d’exemplaires et les concerts provoquent des crises d’hystérie.
En février 1964, les Beatles débarquent à New York où les attend une foule de fans au bord de l’émeute. Leur prestation au Ed Sullivan Show est regardée par 75 millions de spectateurs et leur tournée de concerts draine des foules considérables dans chaque ville. Cette brèche dans le marché de la musique populaire américaine est baptisée British Invasion (soit « invasion britannique ») et ouvre la voie aux autres groupes britanniques, tels les Animals et les Rolling Stones. Parallèlement, le groupe devient l’objet d’une intense campagne marketing destinée à populariser plus encore son image.
Le public américain apprécie au plus haut point les talents de compositeurs de Lennon et McCartney, deux Anglais qui tirent profit de tout ce que les États-Unis ont produit de meilleur musicalement : harmonies vocales typiques des Everly Brothers et des Beach Boys, chant agressif à la Little Richard et sens de la mélodie qui rappelle l’école du Brill Building et celle de Tamla Motown (voir musique soul). De Please Please Me (1963) à Help (1965), leurs albums restituent sous la forme de compilations de 45 tours le meilleur du rock and roll, de la pop et de la soul blanche avec une évidence incomparable. Les Beatles tournent également sous la direction de Richard Lester deux films qui illustrent leurs deux albums éponymes A Hard Day’s Night (1964) et Help.
En 1965, le quatuor de Liverpool s’investit dans d’épuisantes tournées à travers le monde qui lui valent une gloire universelle. C’est à cette période que John Lennon prononce sa phrase demeurée célèbre : « Nous sommes désormais plus célèbres que le Christ ». L’album Rubber Soul (1965), plus introspectif et plus raffiné, marque toutefois un changement de cap ; avec autant de perfectionnisme qu’auparavant, le groupe, qui n’a (déjà) plus rien à prouver, subtilise sa manière, introduit de nouveaux instruments (sitar sur « Norwegian Woods ») et aborde des thèmes inédits. En 1966, les Beatles donnent leurs derniers concerts en mai à Wembley en Angleterre et en août à San Francisco.
S’ouvre alors une période de mutations où ces musiciens « d’obédience » pop vont se transformer en artistes complexes, et où le groupe va basculer de l’unité à une somme d’individualités. La métamorphose est parachevée par la mort tragique de leur manager, Brian Epstein, personnalité-clé indissolublement liée aux Beatles de la première époque.
La rupture est consommée en 1966 avec la parution de Revolver, un album pleinement en phase avec l’air du temps : il y est question de L.S.D., de méditation transcendantale — les Fab Four (surnom désormais admis des Beatles, contraction de Fabulous Four) suivent l’enseignement du gourou Maharishi Mahesh, alors maître à penser de George Harrison — et de réalité politique, l’influence des propos de Bob Dylan se révélant décisive, surtout pour John Lennon.
En 1967, Sergeant Pepper's Lonely Hearts Club Band est le chef-d'œuvre de pop avant-gardiste que personne n’attendait. L’album donne le ton à une époque et notamment au mouvement psychédélique (voir mouvement hippie), avec son patchwork de sonorités électroniques ou insolites (sitar, orgue de Barbarie, collage de voix) et ses arrangements très complexes.
Ce sommet est aussi le début de la fin, car la belle unité d’antan se lézarde. L’album The Beatles (1968), communément appelé « Double Blanc », en témoigne par sa richesse et sa diversité au goût d’inachevé ; s’il est considéré comme le dernier véritable album du groupe, cela ne les empêche pas de sortir à peu près au même moment l’un des plus beaux 45 tours de leur carrière : « Lady Madonna » / « Hey Jude ».
Malgré la création de leur propre maison de disques, Apple, les tensions au sein du groupe augmentent, chacun travaillant sur des projets personnels, musicaux et extra-musicaux : dans le cas de John Lennon, il s’agit de son histoire d’amour haute en couleurs avec une artiste japonaise d’avant-garde, Yoko Ono. La maison de disques, ses studios coûteux et hors d’état de fonctionner, de même que la récente boutique de vêtements londonienne deviennent vite un gouffre financier auquel il est mis un terme en 1970.
Sorti en 1969, Abbey Road (faubourg de Londres où sont installés leurs studios), dont la pochette énigmatique a connu depuis sa parution les plus invraisemblables interprétations relatives à l’implication, la présence ou l’absence de chacun des musiciens, est le produit d’une association de circonstance (la seconde face est un long collage de bouts de chansons), à l’instar du dernier album du groupe, Let It Be (1970).
Le film Let It Be et sa bande originale (où les rapports désastreux du groupe éclatent au grand jour) constituent le « chant du cygne » pour les Beatles, assurément le groupe le plus influent de toute l’histoire du rock. Chacun des quatre membres entreprend une carrière solo et connaît des fortunes diverses : Paul McCartney forme le groupe Wings avec sa femme Linda ; John Lennon se rend célèbre autant par ses activités d'agitateur politique et ses happenings avec sa femme, que par ses disques — notamment deux albums très aboutis, Plastic no Band en 1970 et Imagine en 1971 ; George Harrison se convertit à l'hindouisme et grave un excellent album (All Things Must Pass, 1970, remasterisé en 2001) — le guitariste disparaît en 2001 après avoir enregistré une chanson avec son fils, prélude à la sortie d’un album posthume (Portrait of A Leg End) regroupant des compositions récentes et des morceaux écrits dans les années 1980 — tandis que Ringo Starr se lance dans le cinéma et enregistre des albums en hommage aux vieilles gloires du jazz. On continue cependant de spéculer sur une éventuelle reformation du groupe, jusqu'à la mort de John Lennon, assassiné par l’un de ses fans, le 8 décembre 1980 à New York.
Contrairement aux prévisions des membres du groupe The Clash — « All that phoney beatlemania has bitten the dust » (soit « cette beatlemania bidon a mordu la poussière ») —, les Beatles sont toujours l’objet d’une nostalgie planétaire, comme en témoignent les trois volumes de leur Anthology vendus à plusieurs millions d’exemplaires et l’exceptionnel succès de la dernière compilation en date — One (2000) — regroupant tous leurs numéros un aux hit-parades anglais et américain.
 


 
 
 

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