Lundi matin, l’Europe se réveille doucement, le sommet du week-end, sans parvenir à de flamboyants résultats et sans démentir le manque de courage politique évident de la plupart de nos dirigeants, a tout de même réussi à accoucher dans la douleur du plan ultime (le dernier promis sur la tête d’Angela) de « sauvetage » de la Grèce… Le seul terme de sauvetage prouve à l’évidence l’impasse dans laquelle se trouve l’Union : la dette grecque ne dépasse même pas 3% du PIB de la zone euro. 3% ! le seuil autorisé de « déficit budgétaire » ! ce qui est censé être acceptable (et empruntable…) tous les ans par les Etats…
Mais maintenant les oiseaux gazouillent dans le ciel bleu, le soleil brille, les enfants préparent leur costume pour halloween et Nicolas termine un petit déjeuner réconfortant après quelques heures de sommeil bien mérité. Il est de bonne humeur, machinalement, il a allumé la radio, France Inter pour entendre avec joie la gêne à peine contenue des journalistes quand ils seront bien obligés de reconnaitre ses efforts, son pragmatisme triomphant, sa victoire en somme. Mais déjà le téléphone sonne. C’est François. « Allo ? Nicolas ? Oui, c’est bon, les bourses repartent à la hausse. On a gagné, c’est fini… »
Mardi matin, Nicolas savoure encore son succès en écoutant les nouvelles de la veille quand le téléphone sonne. C’est François. « Allo ? Nicolas ? Tu es au courant pour le référendum grec ? »
Le référendum grecque ou comment gâcher la vie d’un jeune papa un peu débordé…
Car au final, pourquoi organiser un référendum perdu d’avance (même Chirac et de Villepin l’auraient senti) si ce n’est pour rester encore un petit peu au centre de l’attention du monde entier parce qu’on sera peut-être la cause de l’effondrement généralisé du système en place. Il faut comprendre les grecs, il faut remonter 2097 ans en arrière (prise de la ville par les romains) pour retrouver trace d’un évènement historique majeur dans le pays (l’euro 2004 ne compte pas). Alors, oui le référendum est en soi, a priori, une bonne idée sauf dans un cas très particulier qui est celui ou se rejoigne deux conditions très précises.
La première est que quelle que soit la façon dont soit tournée la question, elle obtiendra toujours une réponse négative même quand la majorité de la classe politique appel à voter « oui » (cf référendum 2005).
La deuxième raison est qu’il faut bien se rendre compte que le temps politique ne coïncide plus avec le temps économique, et particulièrement avec la course furieuse et désordonnée des marchés financiers.
Une réponse adaptée… à une époque différente.
Le retrait de cette décision de consultation populaire peut-être perçu comme un déni de démocratie mais à mon sens le vrai déni réside dans la réaction tout-à-fait disproportionnée des marchés le lendemain de l’annonce de cette consultation. La désapprobation manifeste, le rejet de la décision populaire avant même sa formulation caractérisent de manière évidente le mépris dans lequel les « financiers » des marchés tiennent les institutions démocratiques du vieux continent. La dictature serait-elle préférable, à leurs yeux, à la démocratie dès lors que l’on quitte les Etats-Unis ? Si la question est bien entendue rhétorique, le problème grecque met en évidence le point noir de la construction européenne. Le talon d’Achille qui fait que l’édifice manque de s’effondrer dès qu’une carte s’enrhume : la gouvernance politique.
« N'en doutons pas, n'en doutons jamais : il y a un principe bon qui a voulu l'ordre, la lumière et l'homme ; il y a un principe mauvais qui a voulu le chaos, les ténèbres et la femme » disait le philosophe grec Pythagore. Quelque atroce que puisse nous sembler cette citation, comment ne pas l'appliquer au cas de la Madone frontistes.
Entre Ève et Lilith.
On ne peut a priori pas douter de la sincérité de la dirigeante d'extrême droite lorsque celle-ci explique vouloir « nettoyer » le blason de son parti et celui-ci par la même occasion. Marine Le Pen n'a pas pour but ou pour idée les débordements fascistes, racistes et inopportuns dont son père et ses amis avaient le secret. Femme relativement moderne, elle entend donner un second souffle à la contestation nationaliste qu'incarne depuis le début des années 80 son parti et multiplie les initiatives afin de démontrer tant sa bonne foi que sa compétence à diriger, celle qui apparaît pour l'instant que la troisième machine électoraliste de France en vue de l'élection présidentielle. Éviction de partisans coupables d'avoir émis des idéaux nazis ou négationnistes, exclusion des skinheads et refonte du programme économique en vue de l'élection ont été les différents travaux auxquelles elle s'est astreinte depuis son élection. Nous ne développerons pas ici la crédibilité et les insuffisances de ce dernier.
En effet, Marine Le Pen, si elle est la présidente du Front National, en est surtout la figure progressiste et consensuelle qui permet de cacher dans l'ombre les véritables positions politiques, historiques et économiques du parti. Soyons honnêtes avec nous-même, le Front National n'a pas changé du tout au tout par la simple élection de Marine Le Pen à sa tête et le simple fait de croire à cette métamorphose miraculeuse démontre bien de l'excellence du plan de communication et de désinformation qui a été opérée, de main de maître, autour de cette nomination.
Racist class heroe.
Aujourd'hui, Marine Le Pen caracole en troisième place des intentions de vote avec plus de 19 % de ces intentions, soit un score supérieur à celui qu'ils avaient permis à son père de parvenir au second tour de la présidentielles 2002 en éliminant le candidat socialiste Lionel Jospin. Un second 21 avril est-il possible en 2012 ? Rien ne permet de l'écarter.
En effet, Marine Le Pen est dans une position idéale pour parvenir à son objectif, attendre le second tour de la présidentielle, du fait de l'impopularité croissante de Nicolas Sarkozy, impopularité qui ne saurait être qu'aggravée par les mesures d'austérité obligatoires que va prendre le gouvernement, et de l'improbabilité de la position du candidat de gauche le plus entre guillemets crédible : François Hollande.
Ce dernier déjà atteint par un manque évident et crucial du plus élémentaire début de charisme voit de surcroît se multiplier les candidatures dans son camp dont la dernière en date est celle de celui qui a permis la défaite de la gauche en 2002 : Jean-Pierre Chevènement.
Marine Le Pen apparaît donc comme disposer d'une possibilité raisonnable de parvenir au second l'élection présidentielle, ce qui en ferait l'égérie de tout un penchant de la société fortement antieuropéen, protectionniste et nationaliste, dans le mauvais sens du terme, et animé par une haine tenace de l'étranger et des institutions. La faiblesse de notre système économique, la crise que nous traversons et qui entraîne une crise politique et sociale, l'impopularité croissante de nos élites et la volonté que nous avons, peut-être, de les sanctionner, nous amèneront-elles à une situation qui 10 ans auparavant avait jeté dans les rues des milliers d'étudiants et de citoyens inquiets pour l'avenir de notre démocratie ?Dans une période troublée, par une crise économique qui fait rejaillir la vieille opposition entre les travailleurs et les « élites, » rejaillit conjointement l'idée d'une lutte des classes. C'est cette notion historique des sciences économiques et sociales que nous nous proposons d'étudier ici.
Une notion naissant de l'économie.
Karl Marx, philosophe, économiste et précurseur de la sociologie allemande, développe dans l'analyse de sa pensée la notion de « lutte des classes. »
Marx étudie la division traditionnelle des sociétés et aboutit à la conclusion que celles-ci sont toujours divisées en différentes classes. Il va poursuivre son étude en se focalisant sur la période contemporaine à son étude : la révolution industrielle. Pour lui, celle-ci s'est mise en place grâce à la division du travail prônée par Adam Smith. C'est donc grâce à celle-ci, et donc dans les circuits économiques, et qu'il va définir la notion de classe sociale. Selon lui une classe est l'ensemble des travailleurs qui font le même travail, ou des travaux qui se rapprochent les uns des autres : les classes sociales prennent donc leur source dans le processus économique.
Une notion faisant apparaître de nouvelles conditions d'oppression.
Ayant défini la notion de classe sociale et ayant put en retrouver l'existence dans les différentes périodes de l'humanité, Marx va dès lors développer la notion centrale de sa pensée sociologique : « la lutte des classes. » Mettant en évidence, l'existence, à son époque, de deux super classes sociales, dans lesquelles peuvent se refondre les autres groupes sociaux - les bourgeois, propriétaires des moyens de production et nouvelle classe dominante, et les prolétaires, propriétaires de leur seule force de travail et classe social la plus nombreuse - antagonistes, c'est-à-dire en lutte permanente, il va s'attacher à expliquer les raisons de cet antagonisme. On a vu que les classes se définissaient dans le processus productif et que la classe dirigeante, les bourgeois, était propriétaire des moyens de production. On comprend donc sur quel fondement va se baser la lutte des classes : le propriétaire bourgeois va exploiter ses employés prolétaires en faisant en sorte de réaliser une plus-value, ou surtravail, c'est-à-dire de forcer les salariés à travailler douze heures pour n'être payés que pour huit heures de production, par exemple. Cette plus-value peut prendre d'autres formes mais aboutit invariablement à une augmentation de la production et à une stagnation voire une baisse du salaire de l'ouvrier, c'est ce que Marx a appelé l'exploitation.
Une notion appelant de nouvelles formes de lutte.
Cette exploitation va être peu à peu comprise par les exploités qui vont ainsi prendre conscience de la similitude de leurs conditions de vie et de travail et vont alors pouvoir dépasser le niveau de la classe en soi, c'est-à-dire le moment où on se voit pareil mais où on n'agit pas encore ensemble, pour atteindre le niveau de la classe pour soi, c'est-à-dire le moment où l'on sait qu'on est pareil et où on va se battre ensemble pour que ces conditions changent réellement. Arrivé à ce niveau, les salariés vont s'organiser pour secouer, avec d'autant plus de force et de raisons, le joug pesant sur eux que celui-ci leur a été imposé lors de la mise en place de l'organisation du travail et de la production, « la forme la plus raffinée d'exploitation » selon Marx. La lutte des classes a donc pour but « la transformation révolutionnaire de la société » et l'accession de la société au paradis : le communisme, ou dictature du prolétariat.
Berlusconi est avant tout un entrepreneur génial ayant réussi dans le domaine du bâtiment puis dans celui de la promotion immobilière à se forger un empire qui lui permit ensuite de s'arroger une part importante du marché médiatique italien tout en cultivant un goût particulier pour la culture. Du début des années 60 jusqu'à la fin des années 80, son nom reste attaché aux pages économiques et culturelles des médias italiens et espagnols bien qu'il lançait également des programmes en France (France 5) et s'occupait avec amour et diligence de ses chers rossoneri.
Ce n'est qu'au début des années 90, que le magnat italien se lance en politique car refusant « de vivre dans un pays non libéral, gouverné par des forces immatures et des hommes liés à un passé politiquement et économiquement désastreux. » C'est le début d'une ascension politique dont tous se souviennent.
L'histoire d'un self-made-man.
Le tournant de la carrière de Berlusconi s'effectue lors des élections des 27 et 28 mars 1994 durant lesquelles, massivement soutenu par les classes moyennes, sa coalition politique de droite (le pôle des libertés - Pôle du bon gouvernement) remporte les élections et le propulse président du conseil italien. Ce premier mandat à la tête de l'État est marqué par les tensions qui apparaissent rapidement entre les pouvoirs exécutifs et judiciaires. Mais les affaires s'accumulent autour de Berlusconi qui est entendu le 13 décembre 1994 au palais de justice de Milan pour corruption. Poussé vers la sortie, du fait du retrait de la ligue du Nord, Berlusconi démissionne le 17 janvier 1995 et après avoir envisagé l'arrêt de sa carrière politique il devient le chef de l'opposition au gouvernement de Romano Prodi après les élections de 1996.
Mais le renouveau est proche, dès 1999 Berlusconi remportent plusieurs batailles judiciaires et lors des élections générales de 2001, il remporte une large victoire politique qui lui permet de redevenir président du conseil dès le 11 juin 2001. Son deuxième gouvernement s'est poursuivi jusqu'au 23 avril 2005, ce qui en fait le plus long gouvernement italien de l'après-guerre, et ce malgré des crises mineures et constantes : pas moins de 19 modifications auront lieu dans la composition du gouvernement, avec des changements relatifs à des postes-clés (Affaires étrangères, l'Économie, vice-présidence du Conseil, l'Intérieur ou des Réformes).
Une nouvelle fois battue lors des élections de 2006, Berlusconi refuse de reconnaître celle-ci, lance plusieurs accusations de fraude et d'irrégularités et ne reconnaîtra la victoire de la gauche qu'après la proclamation officielle des résultats. Néanmoins, il Cavaliere revient au pouvoir dès 2008 à la tête d'une coalition de droite et déclare, le 13 mai 2008, qu'avec « l'aide de Dieu et d'un peu de chance », l'Itaie peut se « relever ». Un an après son retour au pouvoir, et en pleine crise économique, sa popularité atteint un niveau jusque-là inégalé. Silvio Berlusconi s'implique personnellement en faveur du relogement de milliers de victimes du tremblement de terre à l'Aquila. Finalement désavoué par l'ensemble des dirigeants européens, poussé vers la sortie par les marchés financiers ayant atteint un seuil d'impopularité rarement atteint par un dirigeant européen, Silvio Berlusconi, comme annoncé, remet sa démission officielle au président Giorgio Napolitano, au Quirinal (siège officiel de la présidence italienne) et préside pour la dernière fois le conseil des ministres italien le 12 novembre 2011.
Une longévité politique qui reste pour beaucoup un mystère
Souvent raillé pour ses manières frustes et sa conduite difficilement compréhensible pour l'un des principaux hommes d'État de l'union européenne, Berlusconi a connu une longévité politique qui reste pour beaucoup un mystère. Selon Pierre Musso, auteur de référence autour du personnage, celle-ci résulte la combinaison de trois facteurs essentiels.
En premier lieu, Berlusconi a bénéficié de la maîtrise du premier parti politique italien, combinée à une alliance très forte de toutes les droites par opposition aux divisions de la gauche et a su instaurer une bipolarisation, puis une bi-personnalisation de la vie politique italienne.
Dans un deuxième temps, il a su symboliquement faire passer un message clair à la société consistante en la recherche d'un État entreprise se référant à l'efficacité, à la culture du « faire » et du travail, combinées aux valeurs et à l'éthique catholique, dominante en Italie (famille, travail, questions morales).
Enfin, il est techniquement dominé l'ensemble de ses adversaires politiques en conquérant et en exerçant le pouvoir selon des méthodes de marketing (sondage, suivi de l'opinion…) et de la néo-télévision (talk show, téléréalité).
Il y a enfin toujours su jouer de sa personnalité et de son image, par l'utilisation de traits d'humour ou de maladresses considérées parfois comme de véritables guerres diplomatiques, voire par des propos insultants, ou diffamant, à l'égard de certaines catégories sociales ou politiques.
Nous sommes à présent à l'une des heures les plus solennelles de la justice. Les morts ont parlé. Les témoins ont été appelés. Les souvenirs des personnes blessées ont été ravivés, ceux des personnes épris de justice également. Nous avons entendu la voix des accusateurs, laissez-nous à présent entendre celle de ceux qui entendent défendre cet homme. Qu'ils viennent tous aujourd'hui, qu'ils forment un cortège protecteur à cet homme. Car malgré tous les faits qui puissent lui être reproché nul ne saurait trouver de justifications morales permettant de mettre à mort un homme. L’importance de l’instant dépasse le simple cas qui se présente à nous. Et ici l’heure est celle de s’élever devant cette peine infamante.
Le poids de la sentence.
Si malgré tout ce qui a pu être dit, si malgré le sentiment de la vérité qui nous éprend, si la justice devait suivre les réquisitions impitoyables de l'accusation, si c'est la mort qui doit être prononcée contre cet homme. Nous l'y conduirons. Mais nous vous le disons, où que vous vous trouviez, à cet instant, que vous soyez à l'autre bout du monde, vous serez tous présents. Vous serez tous présents, Messieurs les magistrats, vêtus de vos longues robes de sang. Vous serez tous présents. Et vous verrez, au fond de vos âmes bouleversées comment meurt un homme que vous aurez condamné. Et le grand visage blême de l'agneau sacrifié ne vous quittera plus... Et je l'évoque, ce tragique, cet inhumain spectacle du plus petit, du plus faible et du plus humble des hommes lié à la colonne du martyr, je ne l'évoque que pour vous faire peser tout le poids de votre sentence.
Nous l'attendons, en sachant, que tout nous a déjà été arraché : l'honneur et la liberté ! Arrachez ! Mais il reste malgré tout quelque chose qui nous importe, quelque chose que sans un pli, sans une tâche, cet homme détient malgré tout : l'innocence !
Que cette sentence est une signification politique, il n’en est point permis de douter. Que cette signification aggrave encore la honte dans laquelle se trouve celui qui la prononce et celui qui l’exécute, on ne peut également l’ignorer quelques soit la bonne foi ou la morale de ceux-ci. En effet, cette peine hideuse et éculée est partout où règnent liberté et démocratie abolie et proscrite. Elle ne survie que dès lors que subsiste avec elle la terreur, la dictature et la bestialité des mœurs politiques et sociales. Sont-ce là les idéaux et les caractères qu’entend défendre les institutions américaines ? On ne saurait en être plus loin. Ne peut-on dès lors à bon droit s’étonner de la situation présente dans laquelle le pays qui se permet de se nommer lui-même la nation de la liberté, laisse perdurer la peine la plus atroce et la plus négative des libertés et des droits les plus fondamentaux de l’homme ? Dans les pays de liberté, la loi commune est l’abolition, c’est la peine de mort qui est l’exception et il est donc temps que cette extravagance américaine cesse.
Un rêve entre vos mains.
Il ne convient pas d'espérer dans la clémence d'un autre. Si la clémence est dans la justice, elle doit d'abord être dans vos consciences. Songez. Songez seulement à la figure que vous donneriez de votre pays à travers le monde, une figure d'une telle horreur que l'on ne saurait plus l'appeler le pays de la liberté, et songez que le peuple excédé se frapperait la poitrine. Mais, je le sais, de telles paroles sont vaines, superflues. Les cris de haine, le débordement des passions, les outrages sans mesure ont expiré au seuil de votre prétoire et elle est enfin venue l'heure de la souveraine justice. Nous l'attendons, sûr de tous les sacrifices consentis. Nous l'attendons avec la sérénité des justes. Nous l'attendons comme le signe de la réparation. Nous l'attendons aussi avec tous les souvenirs de notre longue histoire, de ses fastes et de ses misères, de ses longues agonies et de ses lentes résurrections.
Oui, en cette minute même, tous ces souvenirs se lèvent irrésistiblement en nous, comme ils doivent se lever en vous-même et forment l'image éternelle de la patrie des libertés. O patrie, victorieuse et au bord des abîmes. Quand cessera-t-il de couler ce sang plus précieux depuis que nous savons qu'il n'y a plus que des frères pour le répandre ? Quand cessera-t-elle, la discorde de la nation ? Quand la paix, la paix civile, étendant son long manteau de velours, évitera-t-elle à notre terre sacrée de se meurtrir encore ? Quand ?
Quand verrons-nous ce jour, où notre nation s’élèvera pour vivre véritablement son credo : « nous tenons pour vérité évidente que tous les hommes ont été créés égaux » ? Quand verrons-nous ce jour, où dans chacun de nos Etats, tous pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité ? Quand verrons-nous se transformer en une oasis de liberté et de justice mêmes les Etats où de l'injustice et l'oppression crée une chaleur étouffante ? Quand verrons-nous cette nation où nos enfants ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau mais sur la valeur de leur caractère et sur les faits qu'ils accomplissent ? Quand verrons-nous s'accomplir le rêve que faisait hier le pasteur des opprimés ?
Quand entreras-tu par les portes sacrées de l'histoire, quand entreras-tu dans la carrière obscure où reposent les restes de l'infamie, de l'injustice et de la haine ? Quand entreras-tu ? Quand te verrons-nous ? Quand verrons-nous la justice balayer les derniers soubresauts de terreur et de barbarie ? Quand aurons-nous le courage d'abolir une peine qui humilie celui qui la prononce, ceux au nom desquelles elle est prononcée et ceux qui l'exécutent ? Quand verrons-nous un homme s'élever avec courage et détermination parmi nos représentants et énoncés d'une voix forte les mots que nos coeurs attendent : « demain vous voterez l'abolition de la peine de mort » ?
La justice ne peut être elle même sans la grandeur.
Nous voulons croire en cette issue et faisons le rêve que la flamme sacrée de la justice ne s'éteigne pas. Il n'y a pas de survie pour la justice, pas de survie pour tout ce que la justice a porté et pour tout ce pourquoi elle a combattu, pas de survie pour l’héritage de notre Histoire selon lequel l’humanité progresse pas à pas vers son objectif, si nous ne gardons pas cela à l'esprit. Nous considérons notre mission ici, devant vous, avec sérénité et espoir et sommes certains que la cause que nous défendons ne souffrira pas de vous.
Il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas ou qui prétendent ne pas comprendre quelle est la grande différence entre la justice et l'injustice. Toute ma vie, je me suis fais une certaine idée de celle-ci. Le sentiment me l'inspire autant que la raison et j'ai d'instinct l'impression qu'elle n'est faîtes que pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires. A mon sens, la justice ne peut être elle même sans la grandeur. Mais la grandeur n'est pas pour moi possible tant que la mort sera une arme légale qu'elle aura à souffrir. Notre justice éprouve donc encore beaucoup de difficultés et n'est pas parfaite. Il nous incombe donc de la transformer. Cela ne se fera pas sans heurts, sans pleurs et sans grincements de dents. Je sais que certains demanderons vengeance, sang et mort mais nous ne devrons leur offrir qu'une condamnation mesurée même si cela ne doit leur susciter que de la peine, de la souffrance et des larmes.
Mais tant que cela n'est pas, magistrats, écoutez-moi, entendez mon appel. Vous ne jugez qu'un homme mais par lui, vous portez dans vos mains le destin d'une nation.
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