Un court silence suivit cette déclaration, tous eurent l’impression qu’un ange passait au-dessus d’eux puis Valentino prit enfin la parole :
« _ Bon on va commencer par le début… ça sera plus facile pour vous et pour moi – surtout pour moi d’ailleurs…
_ Comment ça ‘surtout pour moi’ : vous connaissez l’histoire ou pas ? demanda Chaps.
_ Oui, mais comme tous ce qui touche de près ou de loin aux Zelaznyns cette histoire mêle désespoir, trahison et puissance : il faut que vous compreniez que l’une des règles élémentaires des Zelaznyns leur interdit d’abandonner un combat : la victoire ou la mort tel était leur devise. Celle-ci a très fortement influencé la destiné de Zoran, il a commencé par vaincre tous les guerriers qui se présentaient devant l’Empereur ou nous…
_ Une minute, vous avez dit que Zoran était auprès de l’Empereur, comment cela se fait-il ? demanda Licmael, glacial.
_ Oui, il fut élevé auprès de lui et nous fûmes ses instructeurs, lâcha-t-il dans un souffle, avant de se reprendre, ça fait vraiment pas bien dans un c.v. mais c’est la vérité : nous lui avons appris à se battre. Et nous l’avons regretté… amèrement. Lorsqu’il eut dix-sept ans, il commença à défier tous ceux qui se présentaient à la cour, laissant passer les adversaires qui s’étaient honorablement battus, tuant les autres. Au bout d’un an, l’Empereur lui ordonna d’arrêter ses exactions et l’envoya en ambassades dans le Sud où le Roi manifestait quelques belliqueuses volontés, Zoran partit avec une escorte de dix hommes, dans le Sud il provoqua le monarque régnant en duel, le tua et prit son trône, seul un garde revint les yeux crevés, les oreilles coupées, accroché à la selle de son cheval – ses jambes et ses bras ayant été tranchés – sa langue arrachée pendait, négligemment accrochée – avec les oreilles – à la corde qui soutenait les têtes de ses compagnons et de l’ancien prince ainsi qu’un parchemin explicatif. Et il n’avait fait ça que pour le plaisir…
_ J’aimerai posé une question, coupa Vlad.
_ Faîtes.
_ Et bien voilà : dans un état pareil cet homme était totalement inutile alors pourquoi s’embêter à vous le renvoyer et qu’est que ce dernier à bien pu vous apprendre ?
_ Et bien d’abord nous avons du faire acte de chirurgie : nous lui avons ‘recoller’ la langue et les oreilles – grâce à quelques sorts très efficaces – puis nous lui avons greffé des jambes et des bras magiques par contre on a rien pu faire pour les yeux. » Les compagnons les dévisagèrent bizarrement. Valentino fit la moue puis reprit :
« _ Nous ne sommes pas des dieux quand même… Sérieusement, nous apprîmes grâce à lui que Zoran avait trahis ses anciens idéaux et qu’il s’était définitivement tourné vers les puissances de la ruine. Depuis ce jour, Zoran – si c’est encore lui – se fait appelait le Monarque Maudit et il a mené deux grandes guerres contre les peuples du Nord. Mais aujourd’hui il a prit une avance considérable sur nous : ses armées ont été renforcées par des créatures mutantes envoyées par les sombres dieux mais plus que tout c’est sa garde personnelle composée exclusivement des sorciers les plus puissants et les plus sanguinaires qui soient qui le rend redoutable. Aucun de nos propres mages ne peut lutter contre des adversaires comme eux – comme Deriam par exemple – c’est pour les vaincre que nous avons besoins de vous…
_ Donc en gros, vos armées sont moins nombreuses, moins bien équipées, moins puissantes et vous voulez que nous vous assurions la victoire, commenta Licmael, dites-moi : croyez-vous aux miracles ?
_ Pourquoi ?
_ Parce que c’est la seule solution qui vous reste… Mais bon – il embrassa du regard les compagnons – on doit bien pouvoir vous donner un coup de main.
_ Merci, lui répondit Zaléie en hochant la tête.
_ Bon, alors on reprendre de bonne habitude, comme à la Légion, alors Lieutenant Barrière et Sous-Lieutenant Lestine vous allez inspecter toutes les troupes présentes et vérifiez particulièrement leurs capacités à agir de concert – Loup et Boris acquiescèrent puis sortirent, Licmael se tourna vers Ivan et Bartolomeo – Sous-Lieutenant Ouliopov et vous Aumônier général Santiani vous allez jeter un coup d’œil aux équipements des hommes – armuries, magasins, etc.… Quand à vous deux, Caporaux Smith et Van Derbrat vous avez carte blanche : ramenez-moi un rapport détaillé sur le moral, la motivation et la confiance des troupes envers leurs hiérarchies, plus vous aurez d’informations et mieux se sera. Maintenant : rompez, si vous cherchez je serai dans une bibliothèque. »
Cinq paires de talons claquèrent de manière très militaire et ils s’évanouirent dans la cité. Licmael se retourna vers les trois mages qui lui indiquèrent l’emplacement de la bibliothèque la plus proche avant de convenir que de toutes façons on n’avait pas besoins de Valentino à palais et qu’il pouvait donc l’accompagner afin de répondre à ces éventuelles questions.
Loup frappa trois coups à la solide porte de la caserne principale, le garde ouvrit le judas pour lâcher une agressive demande d’intention. Boris lui répondit, poliment, qu’ils venaient pour une inspection des troupes : le rire du soldat se figea dans sa gorge lorsqu’il jeta un coup d’œil à leurs armes…Sortant, Adual envoya des serviteurs chercher Deriam, puis lorsque ceux-ci furent revenus ils descendirent à l’auberge.
Dans la salle de celle-ci, ils retrouvèrent leurs compagnons, Deriam fut installée à l’étage puis la discussion s’engagea.
« _ Comment ça c’est passé au palais, demanda Chaps.
_ Je vous raconterai après, répondit Licmael. Zaléie, tu as dit à l’Empereur que nous avions le droit de savoir, d’une manière assez énigmatique, alors dis nous : que devons-nous savoir ?
Zaléie souffla avant de répondre : Nous ne vous avons pas exactement dit la vérité. » Un sentiment de colère traversa chacun des compagnons mais ils ne dirent rien.
« _ L’histoire est plus complexe que ce qu’il n’y paraît : seule une partie du peuple Zelaznyn partit dans le monde terrestre quelques familles restèrent en ce monde mais elles s’imposèrent une règle stricte de mariage : pas de sang-mêlé ! Cette loi mena à un essoufflement rapide de ces familles ce qui aboutit à une situation délicate il y a une cinquantaine d’années : un seule membre des familles avait moins de soixante ans : Mariana, la grand-mère de Licmael. Tu confirmes ?
_ Oui mais je ne l’ai pas connu.
_ Je sais, elle avait à l’époque un peu plus de vingt ans lorsqu’une vague de maladies, d’accidents et de morts frappa les Zelaznyns : en un peu moins de trois mois elle se retrouva seule, unique et ultime héritière des Zelaznyns de ce monde.
_ J’imagine quelle est devenue une sang-mêlée si elle a eu une descendance, non ? demanda Bartolomeo.
_ Oui mais pas au sens où vous l’entendez. Elle mourut en mettant au monde ses trois enfants : Ydfroog, Zoran – dont nous pensons qu’il est devenu le Monarque Maudit qui règne sur le Sud – et Yelp-Marek, qui se serait soit exilé soit serait mort dans le monde terrestre.
_ Avec qui a-t-elle eu ces enfants ? questionna Vlad.
_ C’est ici que ça se complique : elle ne les a pas eu avec un homme normal…
_ Qu’entendez-vous par ‘pas un homme normal’, interrogea Licmael, qui était le père ?
_ Un damné rejeté de enfers et qui n’avait pas sa place au ‘paradis’ : un démon… »
Silence. Licmael se leva tel une ombre et sortit sans bruit. Personne ne le retint. Adual attendit qu’il ait fermé la porte avant de demander :
« _ C’était quoi le ‘clan du dragon’ ? » Les compagnons se regardèrent puis Loup prit la parole :
« _ Cela remonte au temps où nous étions en seconde au lycée : ce lycée avait une vieille tradition pour les arts martiaux. Tous les ans, en plus des différents tournois inter-club ou intra-club, il y avait deux tournois où chaque club mais également chaque clan – équipe plus ou moins importante comprenant des élèves faisant partis de différents clubs ou qui étaient inscrits hors du lycée – sachant que certains clans étaient affiliés à d’autres plus importants. Tous ces tournois et compétitions permettaient – complétés par une pratique plus ou moins légale et encadré de duel – d’établir un classement des élèves du lycée, lequel classement permettait à l’administration de se reposer sur les élèves figurant dans le top-10 ou dans le top-5 pour régler certains problèmes de racket ou d’indiscipline. Notre histoire commence alors que le clan dominant du lycée était le clan du Yatagan : le clan de la sœur de Licmael, Deriam – elle était alors en première – et était classée numéro 1 au classement du lycée. Deux jours après la rentrée de septembre un membre du clan est vaincu et son arme est laissée devant le bureau des surveillant avec un mot explicatif et pour signature une carte sur laquelle était dessinée un dragon noir. Puisque personne ne connaissait le nom du vainqueur : il n’avait donné à son adversaire qu’un nom de totem : Dragon. L’incident serait passé inaperçu si le mystérieux Dragon n’avait récidivé le lendemain puis les jours suivants. Ainsi au bout d’un mois il avait atteint la vingt-sixième place du classement – chose déjà assez peu ordinaire. Dans le même temps, cinq autres secondes entrèrent dans le top-50 sans trop de bruits – toutes les rumeurs circulants autour de deux personnes : le fameux Dragon et cet élève de seconde qui se disait être le frère de la numéro 1, Licmael. Trois semaines plus tard, le Dragon avait atteint la onzième place et les cinq secondes se partageaient les places entre la trentième et la vingt-sixième, ces cinq secondes s’appelaient : Chaps Smith, Vianney Vlad Van Derbrat, Ivan Ouliopov, Boris Lestine et Loup Barrière. Cependant, les attaques du Dragon contre le clan du Yatagan s’arrêtèrent brusquement : ces nouvelles cibles étaient à présent les cinq secondes. En une semaine chacun d’entre eux furent vaincu. Le lundi suivant un nouveaux clan fut formé : le clan du Dragon, composé des cinq secondes ainsi que de leur ‘chef’ – le mot semblait difficile à prononcer pour Loup – le Dragon : Licmael, le futur Semiel. L’avis de proclamation fit l’effet d’une bombe et la suite des événements allait donner raison à l’effervescence ‘populaire’ – précisa Loup avec un air narquois. En effet au premier Tournois Majeur de l’année, en décembre, le clan du Yatagan rencontra en final le clan du Dragon et ce dernier l’emporta à la suite d’un combat titanesque entre Deriam et Licmael – qui portait alors comme signe de son statut un ensemble noir et une veste blanche sans bouton frappée dans le dos d’un dragon noir identique à celui des cartes-signatures qu’il donnait à ses ennemis vaincus auparavant : voilà l’histoire du clan du Dragon qui remporta – chose unique il me semble – six Tournois Majeur d’affilé, en autant de participations.
_ Merci, je comprend pourquoi Licmael a cité ce titre lorsqu’il a répondu à Zélante Brownwen, le Commandant de la Garde de l’Empereur, répondit Adual, levant la tête lorsque le Semiel entra, son teint était cireux, ses yeux semblaient vides comme si son regard était tourné sur lui-même, bien maintenant que nous sommes à nouveau tous présent nous allons pouvoir vous expliquer pourquoi nous sommes entrés en guerre contre les forces du Monarque Maudit… »Loup, Jenny, Vlad et Chaps courraient dans les ruelles étroites enfin il s débouchèrent dans la voie menant à l’auberge, ils s’engouffrèrent dans celle-ci tels une tornade, renversant au passage Bartolomeo qui partait à leur recherche. Les regards interrogateurs des clients glissèrent sur eux comme la pluie sur la roche alors qu’ils montaient à l’étage pour retrouver les autres. Soudain Jenny s’arrêta comme si elle réalisait le cours que prenaient les événements, acerbe elle lança à Loup :
« _ On peut savoir ce que vous compter faire de moi ?
_ Te torturer jusqu’à ce que de ton corps brisé et suppliant un murmure dénonciateur nous apprenne pour qui tu travail et ensuite peut-être songerons nous à mettre fin à tes souffrances, lui souffla Vlad et le ton de sa voix lui glaça le sang jusqu’aux plus profonds recoins de son corps : elle savait que si on lui en laissait l’occasion il était tout à fait capable de mettre sa menace à exécution.
_ Vlad arrête de dire des bêtises, coupa Loup, aucun mal ne te sera fait tant que tu accepteras de collaborer avec nous et que tu nous donnes le nom et les raisons du commanditaire de cette entreprise.
_ Et si je refuse ?
_ Alors c’est Vlad et Chaps qui s’occuperont de toi, et je t’assure que tu le regretteras… » Jenny jeta un coup d’œil au quatre hommes face à elle, avec un peu de chance elle pourrait les étourdir ou leur lancer un sort de confusion assez puissant pour lui laisser le temps de s’échapper. Elle baissa la tête et murmura :
« _ Je vois que je n’ai pas le choix. » Leurs visages s’adoucirent pensant qu’elle allait leur donner les informations qu’ils voulaient. Elle leva la main gauche : « Confusio. » Elle crut qu’elle avait gagner alors que sa main s’entourait d’une lueur ocre mais Chaps tira sa baguette d’une vitesse qui la surprit : « Discutere. » Une lumière bleutée recouvrit le bras de Jenny et elle sentit sa magie se dissiper alors que son bras s’engourdissait. Déjà Vlad avait bondit derrière elle glissant une longue dague effilée sur sa gorge – et en profitant pour placer une main désintéresser sur sa poitrine.
« _ Vlad lâche la, dit Loup d’une voix qui n’admettait aucune réplique.
_ Mais elle nous a attaquer et elle a cherché à s’enfuir…
_ Oui, mais j’ai toujours aimé les femmes de caractère, » répliqua-t-il s’avançant avant de poser sur ses lèvres un baiser…
Le silence glacé qui suivit ses propos fit comprendre à Licmael que son auditoire était mûr, littéralement pendu à ses lèvres, pour l’ultime estocade :
« _ Alors sire, quelle est ta réponse ? » Il comprit alors qu’il avait été un peu vite : un des gardes engoncé dans une rutilante armure de plates plaquées or, s’avança vers lui, restant cependant à une distance respectable, tirant son épée et la pointant sur lui, les derniers mots l’avaient fait revenir sur terre – Licmael se mordit la lèvre supérieure pour sa précipitation – et à présent il se retrouvait dans une position délicate. Le chevalier le défiait avec tout le courage de la folie, au bout d’un long moment de doute où il parut sur le point de reculer il cracha au visage du Semiel et jeta :
« _ Les serviteurs des puissances du Chaos et de la Mort ne peuvent être admis dans les domaines des Dieux de la Justice et de la Lumière. Moi, Zélante Brownwen, Commandant de la Garde Impériale, Grand Maître du Saint Ordre des Templiers de la Lumières, Comte de Munach et de la Welthastie, Prince-Electeur de l’Empire, Père du Royaume, Commandant en chef des armées impériales du Sud et Général de la Légion Fantôme, je ne permettrais point cela ! » Licmael regarda interloqué le paladin : comment un homme possédant autant de titres prestigieux – sinon il n’en ferait pas étalage – pouvait-il être un ivrogne qui empestait à ce point le mauvais vin de table et la bière ? Se ressaisissant il contint une remarque désobligeante et répliqua, glacial :
« _ Qui désignez-vous par les termes de serviteurs des puissances du Chaos et de la Mort, Brownwen ?
_ La sorcière insidieuse qui a intenté à la vie de l’Empereur mais également le lâche qui l’a laissée en vie et ses compagnons qui l’ont laissé agir ! Le sang de Licmael ne fit qu’en tour sous l’insulte.
_ L’insulte vous va bien, ivrogne insouciant, où étiez-vous, lors du combat ?
_ Ivrogne ? Qui êtes-vous pour oser m’outrager ainsi ?
_ Licmael le Semiel, ancien chef du clan du Dragon, ancien Capitaine de la Légion Etrangère française et, apparemment, Maître des Arcannes, vainqueur de l’Ombre du Sud, champion en titre du tournoi international de Magie de Nanton, et frère – de sang – de Deriam, l’Ombre, la sorcière du Sud.
_ Le frère de l’Ombre ?!? Le frère de cette hérétique traîtresse, et vous osez vous présenter de l’Empereur, c’est un scandale ! Saisissez-vous de lui ! » Une poignée de chevalier s’avança menaçant, quelques envoûteurs le fixèrent préparant mentalement leurs incantations, néanmoins les autres, jetant des regards à droite et à gauche afin de trouver dans le regard de leurs compagnons un peu de courage, restèrent sur place comme figer par quelques sortilèges. Brownwen leva son épée en criant :
« _ Chargez ! » Licmael leva la main et souffla : « Vires. » Son avant-bras s’illumina d’une clarté bleutée, une force surhumaine l’investit, attrapant Brownwen à la gorge il le rejeta en arrière à quelques mètres. Les sorciers réagirent instantanément formant un cercle autour de lui préparant le maléfice le puissant qu’ils pouvaient invoquer. Licmael leva les bras joignant les mains il incanta également : « Par la beauté de la lune céleste, par l’incandescence du soleil majestueux et par la lueur des étoiles brillant au firmament des cieux, puissances divines accordaient la juste protection que mérite votre héraut : Armatura Lindorn ! » Un souffle magique l’entoura et ses opposants furent projetés à quelques mètres alors que la puissante barrière apparaissait.
« _ Vos pitoyables enchantements ne peuvent plus rien contre moi. Reculez-vous et laissez moi parler avec votre monarque, leur dit-il.
_ Jamais, lui répondit-on, aucun sort ne te protégera contre cela – levant une baguette en bois d’if son interlocuteur cria – Occidere ! » Un éclair rouge fila sur Licmael mais sa barrière tint bon et le sort fut dévié sur un des murs, un silence glacial dans lequel se mêlait autant la peur et l’incompréhension suivit l’événement. Lentement, il s’avança vers l’Empereur les sorciers s’écartant sur son passage, derrière lui la porte pivota pour laisser entrer quelqu’un et une voix s’éleva :
« _ Licmael arrête, s’il te plaît, la force ne sert à rien !
_ Zaléie, n’est-ce pas ? répondit-il sans se retourner. Intercède auprès d’eux pour qu’ils accèdent à mes demandes sinon je prendrais ce qui me revient par cette force que tu ne veux pas que j’utilise, choisit mais fait le vite…
_ Tu veux qu’on te rende ta sœur, hum, et qu’on t’explique une fois pour toute pourquoi tu es ici, n’est-il pas ?
_ Exacte.
_ Sire, je vous conseille d’y accéder : ils ont droit de savoir.
_ Si tu le crois, qu’il en soit ainsi, mais qu’il arrête d’user de sa magie contre notre volonté, cela est agaçant.
_ Cela ne sera plus, Empereur. » Puis saluant ils sortirent Licmael sur leurs talons.« _ Licmael, on a un problème. »
A cet appel son sang ne fit qu’un tour, il releva la tête, ferma les yeux et murmura pour lui-même : « Je vais tous les tuer. » Il se retourna, s’arrêta à l’embrasure de la porte et dit : « Je règle ça seul. » Les autres se regardèrent puis Ivan lui indiqua : « Le palais. » Licmael répondit : « Je sais. »
Il se jeta à l’extérieur de l’auberge et courut jusqu’au palais dispersant sur son passage tous ceux qui s’y trouvaient.
Au même moment, Loup eu un étrange pressentiment, Jenny lui pressait étrangement le bras, il était sur d’être observé, non pas par Vlad et Chaps – ça il était habitué – mais par quelqu’un d’autre et il avait du mal à le supporter.
Vlad regarda Chaps, ses sens ne le trompaient que rarement et il en était certain : ils étaient en danger !
Violaine, Florence et Nadjejda entrèrent dans la salle de l’auberge, Boris, Ivan et Bartolomeo les accueillirent par des mines déconfites, non seulement Licmael était monté seul à l’attaque du château mais en plus Frank avait emmené Hans pour lui apprendre quelques clés nécessaire pour devenir un homme et ce sans prévenir qui que se soit. Leur situation, loin d’être désespérée, était néanmoins peu enviable, et le savon qui leur fut administré fut qu’en à lui d’une rare fatalité : leur femme n’étaient pas seulement ceci mais également de véritable experts en arts martiaux – ce qui rendait les scènes de ménage un peu compliquées….
Licmael arriva au palais en moins de cinq minutes, il s’arrêta devant sa porte d’or et d’acier, ses cheveux longs flottaient autour de lui tels les éclairs d’un orage autour d’une montagne, ses yeux brillaient de fureur et de rage, il plia son bras et lui donna un coup de poing : elle vola en éclats et tomba en poussière…
Loup fut frappé par derrière au niveau de la nuque, il chancela un instant puis s’écroula en avant, il eu le temps de tourner la tête pour voir Jenny lui lancer un sourire assassin…
Vlad pivota pour esquiver l’attaque de son adversaire, déviant la lame de son ennemi Chaps profita de la surprise de celui-ci pour tirer sa baguette alors qu’un corps inerte venait assommer son opposant direct. Il lança un clin d’œil à Vlad qui sortait également sa baguette.
« _ Ensemble, lui dit-il, Vlad hocha la tête tout en se tournant vers le groupe de brigands qui s’approchait.
_ Parma, murmura Chaps.
_ Caedere, » rugit Vlad. Le premier bandit fut éjecté par le sort de bouclier de Chaps, alors que deux de ses compères s’écroulaient frappés par le sortilège de Vlad. Les trois autres hésitèrent : quatre des leurs gisaient à terre et leurs adversaires ne semblaient absolument pas près à se rendre, prenant leurs jambes à leur cou ils prirent courageusement la fuite…
Violaine finissait d’assommer Bartolomeo, Florence Boris et Nadjejda Ivan, quand Hans et Frank entrèrent dans l’auberge, un rapide coup d’œil à la situation permit à ce dernier de comprendre qu’il ne serait sûrement pas le bienvenu cependant alors qu’il commencer à reculer Violaine et Florence l’attrapèrent par le col tandis que Nadjejda entraînait Hans à l’étage…
Licmael entra dans le palais, marchant sur les décombres encore fumant des murs qui entouraient la porte. Deux gardes essayèrent de l’intercepter alors qu’il traversait la cour mais d’un geste de la main il fit apparaître de cordes qui les ligotèrent. Parvenant à la porte qui fermer le couloir menant à la salle d’audience, il jeta un regard en arrière : les dégâts étaient somme toute minimes en comparaison de ce dont il était capable mais le fait que seulement deux gardes se soient interposés prouvait une chose : on l’attendait…
Loup fit consciemment le mort : il en apprendrait bien plus ainsi que s’il se relevait pour les affronter maintenant. Jenny et son agresseur étaient entrain de discuter au dessus de sa dépouille :
« _ Je te dis que je préfère le tuer tout de suite, il peut être dangereux et de toutes façons ses amis payeront la rançon qu’il soit mort ou vif.
_ Non, répondit Jenny, j’en ai encore besoin vivant.
_ Et qu’est qui te fais croire que je vais t’obéir ?
_ Nous sommes associer, non ? rappela Jenny.
_ Un accord tient tant que les deux parties ont besoins l’une de l’autre, et je n’ai plus besoin de toi, » répliqua l’homme avant de claquer des mains, d’autres voleurs les entourèrent et l’un d’entre eux s’approcha menaçant de Jenny…
Chaps se plaqua contre le coin du mur, fit un signe de main à Vlad qui rampa jusqu’à un amas de tonneaux et de coffres, il pointa du doigt une bande de bandits qui entourait une jeune demoiselle et un homme étendu au sol : Jenny et Loup étaient en difficulté.
« _ Prêt ? » demanda Chaps. Vlad balança doucement la tête de haut en bas, il glissa sa main dans sa poche puis en tira une boulle noire qu’il envoya à Chaps qui l’attrapa au vol, il en prit une seconde et ils se fixèrent enfin d’un même geste ils jetèrent leurs armes vers les voleurs…
Licmael arriva à la porte de la salle d’audience, la tête de lion l’aperçut et lui demanda :
« _ Veux-tu entrer ?
_ Oui, tu me laisses passer ou je te détruis encore une fois ?
_ Laisse moi réfléchir, une seconde…, Licmael leva sa baguette, passe. » La porte pivota et il eu l’impression de s’enfoncer dans la gueule du loup…
Le brigands leva son poing pour frapper Jenny mais Loup le prit de vitesse : pointant sa baguette qu’il gardait jusque là dans un plis de sa cape, il jeta son maléfice et l’homme tomba à genoux tout en poussant un râle de douleur. Profitant de la confusion, Loup se releva attrapa Jenny par le bras et, alors que des explosions venaient jeter un peu plus de chaos parmi les voleurs, il murmura : « Ilter. » Dans une faible brume argentée, leur forme corporelle s’évanouir avant de réapparaître…
Les « grenades » fumigènes artisanales de Vlad et de Chaps avaient donc porté leurs fruits permettant la fuite de Loup. Cependant les deux compères furent surpris de le voir reprendre forme juste devant eux très calme et digne, comme à son habitude, au bras d’une jeune demoiselle un peu plus décontenancée, les apercevant il leur adressa un hochement de tête en signe de remerciement avant de souffler à l’oreille de Vlad :
« _ Désolé, je ne maîtrise pas encore suffisamment la téléportation pour aller beaucoup plus loin.
_ Pff, amateur va, » lui répondit se dernier. Chaps et lui s’agrippèrent à leurs vêtements puis d’une même voix crièrent : « Ilter ! » Et ils disparurent…
Lorsque Licmael entra il se rendit compte que son impression était juste : une vingtaine de gardes et une bonne quinzaine de sorciers entouraient l’Empereur, il remarqua néanmoins qu’aucun des trois mages blancs n’étaient là. Serrant les points il s’avança jusqu’au centre de la pièce puis leva la main pour marquer un bref salut pour le monarque ensuite il planta ses yeux dans les siens et lui dit calme mais ferme :
« _ Empereur, je me présente devant toi pour réclamer justice, sache cependant que si celle-ci m’était refusée je n’hésiterait à la rendre moi-même… Il marqua une pose autant théâtrale qu’argumentative – il avait apprit en suivant les cours d’IEP que les silences pouvaient être plus pertinents que les meilleurs arguments – et observa avec satisfaction que ses paroles avaient eu l’effet voulut. Néanmoins, sire je suis prêt à te laisser une dernière chance de prouver ton sens du droit : libère ma sœur que tes gardes ont enlevés et laissent nous tranquille. Si tu veux que nous soutenions tes troupes dans la guerre qui semble se dessiner tu devras accéder à deux conditions : premièrement tu libèrera Deriam, et deuxièmement tu nous enverra tes trois conseillers afin que nous puissions comprendre les tenants et les aboutissants de ce conflits et que nous puissions prendre notre décision. » Il n’était pas certains d’être dans les meilleurs conditions possibles pour négocier et exiger quelque chose mais les anciens capitaines de la Légion n’étaient pas vraiment connus pour leur sens de la diplomatie – et lui non plus d’ailleurs…Lorsque Licmael se réveilla, ses cheveux avaient rétrécit et son corps avait « dégonflé », il se releva, tourna la tête pour inspecter la chambre où il se trouvait puis décida de se lever. A ce moment-là, une chose lui parut bizarre : pourquoi était-il nu et pourquoi quelqu’un s’accrochait-il à lui ? Se préparant à dégager manu mili tari l’intrus qui avait du, lui semblait-il, avoir lâchement profiter de son inconscience pour abuser de sa « pureté corporelle », il se rendit compte qu’il s’agissait de Violaine. Le cri qui parcourut le château resta longtemps gravé dans les anales de celui-ci…
Dix petites minutes plus tard, Licmael dévalait les escaliers faisant valdinguer toutes personnes qui eu l’outrecuidance d’essayer de l’arrêter. Il parvint afin, traînant un majordome qui avait eu la gentillesse de bien vouloir le guider, devant une grande porte noire qui donner sur la salle d’audience. Sur celle-ci une tête de lion avait été gravée, le voyant déboulé tel un ouragan sur un pauvre vaisseau perdu dans les flots obscurs, elle leva un œil et commença ce qui aurait du être une phrase dramatique :
« _ Avant de passer, à la question tu devras répondre, si réponse incorrecte, repartir tu devras !... » Mais Licmael ne ralentit même pas la cadence tout en prenant sa baguette il la pointa sur la porte et hurla :
« _ Ouvre-toi !
_ Non !
_ Alors dégage… Lindorn ! » La porte vola en arrière comme si elle était aussi légère qu’une plume, dans un fracas retentissant long et terrible comme le cri d’agonie d’une âme déchirée elle retomba intact. Il l’enjamba brusquement et bondit dans la salle assommant au passage le chambellan qui voulut lui demander, très professionnellement, son nom… C’est alors que trois hommes portant chacun une armure de plates complètes en écailles de dragons rouges et une épée au pommeau d’or relevé de diamants l’arrêtèrent en pointant sur lui leur lame, ils ne lui laissaient qu’une solution : les envoyer valser ailleurs…
« _ Debilitare ! » Ils se figèrent en un instant et tombèrent au sol dans un bruit sourd et métallique, il continua en courrant traversant la salle sans un regard pour les courtisans qui s’écartaient indignés sur son passage. Arrivant face à l’Empereur, il se tourna vers les trois mages et les compagnons qui étaient assis à sa droite et cria :
« _ Qu’est-ce qu’elle fout ici ? Vous délirez ou quoi ? Laissez-là en dehors de tout cela sinon je vous flingue, compris ? On dois se marier dans… On est quel jour ?
_ Le vingt-cinq, pourquoi ? demanda Chaps avec un sourire entendu adressé aux autres.
_ Le vingt-cinq ! aboya-t-il. Mon mariage est le vingt…vingt-huit ! Alors vous allez nous réexpédiez illico presto dans le monde réel et ensuite vous allez nous laissez pénares, comprendes !
_ Alors là c’est toi qui va nous écouter, commença Loup.
_ C’est assez difficile à dire mais… continua Ivan
_ Vous n’avez plus de famille dans le monde réel tous vos parents sont morts… enchaîna Boris.
_ On pense que c’est un coup du Monarque Maudit, poursuivit Bartolomeo.
_ Donc on a fait venir nos familles et Violaine, avança Chaps.
_ Et on pensait faire votre mariage ici, acheva Vlad, mais tu as légèrement plombé l’ambiance…
_ C’est une blague, articula-t-il péniblement, vous vous payez ma tête…
_ Non, chéri, » dit une voix caressante derrière lui, il se retourna pour se retrouver face à face avec Violaine, se laissant allez doucement il l’a prit dans ces bras et l’embrassa… Quelqu’un s’éclaircit bruyamment la gorge derrière eux, Licmael sentit son teint viré au rouge carrosserie et se retourna, cachant involontairement Violaine dans son dos, afin de savoir qui voulait leur « parler »…
Un homme d’une stature imposante lui faisait face, il arborait une tunique d’un blanc pur sur une armure d’or, sa voix n’était cependant pas aussi belle que son équipement : « Vous êtes face à l’Empereur, alors essayer de lui montrer du respect et un minimum d’attention ! » Cette déclaration eut l’effet d’une douche froide pour Licmael, sa température corporelle revenant à des niveaux habituels sa couleur redevint également normale. Fermant les yeux une seconde il rassembla tout ce que son esprit avait gardé comme informations concernant les bonnes manières et un langage châtié, puis prit la parole, s’adressant à l’Empereur, sur ton calme : « Empereur, moi, Licmael, couramment appelé Le Semiel, et mes compagnons avons été amenés ici pour des raisons qui ne nous sont pas connues et les causes pour lesquelles nous devrions, d’après ce que nous avons cru comprendre, nous battre sont encore trop obscures pour que nous puissions les entendre complément. Ainsi donc voilà ce que nous avons décidé : nous accepterons de combattre lorsque l’on nous aura instruit de ce que nous devons savoir pour nous y entendre dans cette affaire. Maintenant et en attendant que vous nous dépêchiez les personnes habilitées à nous apprendre ces choses-là, nous nous retirons afin de prendre repos. » Et tournant les talons, il sortit immédiatement suivit par les autres, arrivant à la porte, il s’arrêta et levant sa baguette murmura : « Reficere. » La lourde porte se redressa et se replaça contre le mur, elle brilla légèrement et la tête de lion s’étira puis lui lança un clin d’œil avant de faire pivoter la porte. Au passage de l’embrassure ils entendirent un mot de remerciement et Chaps ne put s’empêcher de répondre : « De rien. »
Sortant du palais, ils décidèrent de descendre dans la première auberge tranquille qu’ils trouveraient. Aucun d’entre eux n’étaient pleinement satisfait de sa décision mais nul n’osait dire tout haut ce qu’ils pensaient tout bas : la vision de sa puissance les avaient enclins à la plus grande prudence le concernant. Loup et Bartolomeo qui seuls étaient célibataires – entendu du fait que Vlad était trop imprévisible dans ces cas-là et que Chaps avait autre chose à faire – allèrent chercher Deriam, puis l’on descendit dans les ruelles sombres et étroites de la vielle ville. L’Auberge des troubadours, où ils élurent domicile, leur apparut, nichée dans une petite rue qui filait en pente douce vers une petite place lumineuse, fraîche et agréable, tout à fait propice à la retraite qu’ils comptaient prendre. Alors que Vlad et Loup cherchaient Franck et Hans en ville, que Boris et Ivan inspectaient rapidement les alentours et que Violaine et Florence s’enquéraient du coût de l’hébergement, Chaps et Licmael s’occupèrent d’installer au mieux Deriam encore souffrante, tandis que Nadjejda et Bartolomeo arrangèrent la chambre de ce dernier pour qu’il puisse prononcer l’office du soir. Vers sept heure, ils dînèrent puis entendirent l’office avant de se coucher sans avoir néanmoins organisé des tours de veille au chevet de Deriam.
Au matin, ils partirent afin de s’entraîner dans les plaines au devant de la ville. Descendant vers les portes, ils décidèrent de la visiter pendant l’après-midi. Ils passèrent la matinée à essayer de maîtriser leurs nouveaux dons, tentant d’en découvrir les limites les plus lointaines et écoutant attentivement les conseils de Licmael. De fait à midi, lorsqu’ils remontèrent vers l’auberge, une foule de badauds les encadra, mêlant des regards curieux et méfiants. Parvenant à l’auberge, le regard de Loup s’arrêta sur une jeune femme, brune et fine, qui descendait la rue un lourd panier à la main. Jetant un clin d’œil aux autres, il s’avança vers elle puis après de courtes présentations il prit le panier et se laissa guider par elle. Ils continuèrent encore un peu avant de prendre une rue perpendiculaire.
« _ Il n’a pas perdu son temps, remarqua Vlad.
_ Je crois que Camille va être bientôt remplacée, dit Boris.
_ Cette femme me fait une impression bizarre, indiqua Licmael.
_ C’est-à-dire ? s’enquit Chaps.
_ Une aura magique émane d’elle, il vaudrait mieux la surveiller, répondit-il.
_ Tu veux qu’on les suive ? questionna Vlad.
_ Si ça te fait plaisir. »
Et Vlad se glissa à leur poursuite accompagner par Chaps. Bartolomeo, Boris, Ivan et Licmael se regardèrent puis entrèrent dans l’auberge. Ivan monta voir comment se porter Deriam. Une porte claqua et il cria :
« _ Licmael, on a un problème. »
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