« Notre affaire, dans ce monde, n’est pas de connaître toutes choses, mais celles qui regardent la conduite de notre vie. Si donc nous pouvons trouver les règles par lesquelles une créature raisonnable, telle que l’homme, considéré dans l’état où il se trouve dans ce monde, peut et doit conduire ses sentiments et les actions qui en dépendent ; si, dis-je, nous pouvons en venir là, nous ne devons pas nous inquiéter de ce qu’il y a plusieurs autres choses qui échappent à notre connaissance. »
Locke, Essai...
« La morale, qui est fondée sur le concept de l’homme, en tant qu’être libre, s’obligeant pour cela même, par sa raison, à des lois inconditionnées, n’a besoin ni de l’idée d’un Etre différent, supérieur à lui pour qu’il connaisse son devoir, ni d’un autre mobile que la loi-même, pour qu’il l’observe. »
Kant, La religion..., Préface de la 1ère édition.
« Ainsi, pour bien agir, il n’est pas besoin en morale d’un but ; la loi qui comprend d’une manière générale la condition formelle de l’usage de la liberté lui suffit. »
Kant, La religion..., Préface de la 1ère édition.
« Faire son devoir, ce n’est pas autre chose que faire ce qui rentre dans l’ordre moral ordinaire, cela ne mérite donc point d’être admiré. Cette admiration indique bien plutôt une discordance entre notre sentiment et le devoir comme si c’était quelque chose d’extraordinaire et de méritoire que de lui obéir. »
Kant, La religion..., Première partie.
« Agis toujours d’après une maxime telle que tu puisses également vouloir qu’elle devienne une loi universelle. »
Kant, Fondements...
« Agis de telle sorte que tu traites toujours l’humanité, aussi bien dans ta propre personne qu’en celle d’autrui, non pas comme un simple moyen, mais toujours aussi comme une fin. »
Kant, Fondements...
« Est violente toute action où l’on agit comme si l’on était seul à agir : comme si le reste de l’univers n’était là que pour recevoir l’action ; est violente, par conséquent, toute action que nous subissons sans en être en tous points les collaborateurs. »
Lévinas, Difficile liberté, p 18.
« Tout être raisonnable, comme fin en soi, doit pouvoir se considérer, en ce qui concerne toutes les lois auxquelles il peut être soumis, tout aussi bien comme législateur universel, puisque c’est la destination de ses maximes à servir de législation universelle qui le désigne comme fin en soi. »
Kant, Fondements...
« Le concept de l’obligation ne doit pas être cherché dans la nature de l’homme, ni dans les circonstances où il est placé en ce monde, mais a priori dans les seuls concepts de la raison pure ; et que tout autre prescription qui se fonde sur des principes de la simple expérience, fût-elle à certains égards une prescription universelle, du moment que pour la moindre part, peut-être seulement par un mobile, elle s’appuie sur des raisons empiriques, si elle peut être appelée une règle pratique, ne peut jamais être dite une loi morale. »
Kant, Fondements..., Préface, p 78.
« Dans l’hétéronomie, ce n’est pas alors la volonté qui se donne à elle-même la loi, c’est l’objet qui la lui donne par son rapport à elle. »
Kant, Fondements..., p 170.
« Ce que peut la vertu d’un homme ne doit pas se mesurer par ses efforts mais par son ordinaire. »
Pascal.
« Ce que j’appelle civilisation, c’est ce qui va de soi dans nos vertus. »
Alain.
« Dans le cas des vertus, il ne suffit pas pour qu’elles existent que l’homme agisse en juste et en tempérant ; il faut que l’agent sache comment il agit ; ensuite que son acte provienne d’un choix réfléchi en vue de cet acte lui-même ; en troisième lieu, qu’il accomplisse son acte avec une volonté ferme et immuable. »
Aristote, Ethique à Nicomaque, Livre 2, Chap 4.
« La vertu est donc une disposition acquise volontaire, consistant par rapport à nous, dans la mesure, définie par la raison conformément à la conduite d’un homme réfléchi. Elle tient la juste moyenne entre deux extrémités fâcheuses, l’une par excès, l’autre par défaut. »
Aristote, Ethique à Nicomaque, Livre 2, Chap 4.
« La nature de tout acte, c’est-à-dire, d’un être selon ce qu’il y a en lui de perfection, est qu’il se communique lui-même dans toute la mesure de son pouvoir. »
Saint Thomas, De potentia, quest.2, art 1.
« Le summum de bien qu’on puisse faire à un être, et qui l’élève au-dessus de tout ce que vous y pouvez faire, c’est de le rendre libre. »
Kierkegaard, Journal, VII A 181.
« Ce qui ne se fait pas par Amour et pour l’Amour finit invariablement par se faire contre l’Amour. »
G. Marcel, Les hommes contre l’humain, p 58.
« Il existe un chemin repérable qui conduit de chez les avorteurs, que fréquente la clientèle de Sartre, aux camps de mort où des tortionnaires s’acharnent sur un peuple sans défense. »
G. Marcel, Les hommes contre l’humain, p 58.
« Toute la moralité de nos actions est dans le jugement que nous en portons nous-mêmes. »
Rousseau, Emile, IV, p 373.
« L’être actif obéit ; l’être passif commande. »
Rousseau, Emile, IV, p 372.
« Je suis actif quand j’écoute la raison ; passif quand mes passions m’entraînent. »
Rousseau, Emile, IV, p 362.
« Nul n’est excepté du premier devoir de l’homme ; nul n’a droit de se fier au jugement d’autrui. »
Rousseau, Emile, IV.
« Accuser les autres de ses malheurs est le fait d’un ignorant ; s’en prendre à soi-même est d’un homme qui commence à s’instruire ; n’en accuser ni un autre ni soi-même est d’un homme parfaitement instruit. »
Epictète, Manuel, V.
« Ne demande pas que ce qui arrive arrive comme tu veux. Mais veuille que les choses arrivent comme elles arrivent et tu seras heureux. »
Epictète, Manuel, VIII.
« Ne te préoccupe pas de ce qu’il (ton frère) fait, mais de ce que tu dois faire pour que ta volonté soit dans un état conforme à la nature. »
Epictète, Manuel, XXX.
« Il faut étudier ce qui est naturel non dans les êtres dépravés, mais dans ceux qui se comportent conformément à la nature. »
Aristote, Politique, 1.
« Anytos et Mélitos peuvent me tuer, mais non me nuire. »
Platon, Apologie de Socrate.
« Ce n’est pas la pauvreté qui chez nous est tenue pour honteuse, c’est de ne rien faire pour en sortir. »
Périclès.
« Il faut savoir blâmer et c’est là un devoir rigoureux. »
A. France, Le Crime de S. Bonnard, p 232.
« Il faut être trop bon pour l’être assez. »
Marivaux, Le jeu de l’amour..., I.
« Il faut agir comme si Dieu et l’âme existaient. »
Renan.
« Nos vertus ne sont le plus souvent que des vices déguisés. »
La Rochefoucauld.
« Je n’ai jamais adopté la philosophie des heureux du siècle ; elle n’est pas faite pour moi ; j’en cherchais une plus appropriée à mon cœur, plus consolante dans l’adversité, plus encourageante pour la vertu. »
Rousseau, Rousseau juge de Jean-Jacques.
« Retire donc ton aversion de tout ce qui ne dépend point de nous, et reporte-la, dans ce qui dépend de nous, sur tout ce qui est contraire à la nature. »
Epictète, Manuel, II, 2.
« La morale est plus proprement sentie que jugée. »
Hume, Traité de la nature humaine.
« Lactance avait dit que les hommes sont si délicats qu’ils se plaignent du moindre mal, comme s’il absorbait tous les biens dont ils ont joui. »
Leibniz, Essais de Théodicée, p 272.
« C’est une tentative au plus haut point condamnable que de vouloir tirer de ce qui se fait les lois de ce que je dois faire, ou de vouloir les y réduire. »
Kant.
« Les maux sans douleur sont les pires des maux. Mieux vaut une blessure avec douleur qu’une gangrène sans douleur, parce que là est la corruption. »
Saint Augustin, De natura boni, XX.
« L’intérêt parle toutes sortes de langues, et joue toutes sortes de personnages, même celui du désintéressé. »
La Rochefoucauld, Maximes, 39.
« L’esprit métaphysique proprement dit n’a jamais pu aboutir en morale à aucune autre théorie effective que le désastreux système de l’égoïsme, si usité aujourd’hui. »
A. Comte.
« Toutes les libérations successives ne mènent pas à une énergie nouvelle des valeurs, mais plutôt à une indifférenciation de la valeur. »
J. Baudrillard.
« L’éducation de la vie déprave les hommes légers et perfectionne ceux qui réfléchissent. »
Madame de Staël.
« Il faut agir en homme de pensée et penser en homme d’action. »
Bergson.
« Le propre de la sincérité c’est de m’obliger à être moi-même, c’est-à-dire à devenir moi-même ce que je suis. Elle est une recherche de ma propre essence, qui commence à s’adultérer dès que j’emprunte au dehors les motifs qui me font agir. »
L. Lavelle, L’erreur de Narcisse, p 54-56.
« La morale la plus virile ne connaît que des préceptes positifs : elle commande ce qu’il faut faire, elle n’a plus besoin de rien défendre. »
Louis Lavelle, Le mal et la souffrance, p 30.
« Le mal est le scandale du monde. Il est pour nous le problème majeur ; c’est lui qui fait pour nous du monde un problème. »
Louis Lavelle, Le mal et la souffrance, p 31.
« Il est impossible d’imaginer un monde où ne régnerait que le bien et d’où le mal serait banni. Car, pour une conscience qui n’aurait pas l’expérience du mal, il n’y aurait rien non plus qui méritât le nom de bien. »
Louis Lavelle, Le mal et la souffrance, p 32-33.
« Le bien appelle le mal comme la condition de son être même. »
Louis Lavelle, Le mal et la souffrance, p 34.
« Il n’y a peut-être pas de mal dans le monde qui soit sans rapport avec la douleur ; mais le mal ne réside point en elle, il est l’attitude de la volonté à son égard. »
Louis Lavelle, Le mal et la souffrance, p 39.
« Regardons l’innocence d’un enfant ; c’est une innocence négative, c’est celle de la nature. Il n’a point encore commencé à diriger sa vie ; c’est sa vie qui le dirige... car l’enfant est aussi très près de la terre et il n’a pas eu le temps de s’élever beaucoup au-dessus d’elle. »
Louis Lavelle, Le mal et la souffrance, p 61-62.
« Nous demandons à pouvoir faire le mal ; il n’y a pour nous de bien possible qu’à ce prix. »
Louis Lavelle, Le mal et la souffrance, p 65.
« La nature est rendue mauvaise ou perverse par l’esprit qui s’y assujettit et entreprend de la servir. »
Louis Lavelle, Le mal et la souffrance, p 70.
« Le bien est invisible, il ne peut pas être saisi comme un objet, et il se découvre mystérieusement à celui qui le veut, mais non point à celui qui le regarde. »
Louis Lavelle, Le mal et la souffrance, p 73.
« Toute activité d’imitation ... ruine l’âme qu’elle croit édifier. »
Louis Lavelle, Le mal et la souffrance, p 196.
« Comment peut-tu compter aux fils la faute de leur père ? »
Euripide, Médée.
« Nul n’est bon volontairement. »
E. Lévinas, Autrement qu’être, p 13.
« Si Dieu n’existe pas, alors tout est permis ».
Dostoïevski, Les frères Karamazov (Yvan).
« Nul n’est bon volontairement. »
E. Lévinas, Autrement qu’être..., p 13.
« La vertu convertit tout en bon et le vice tout en mal. »
Boileau, Lettre à M. de Monchesnai sur la comédie (1707).
« De quoi les esprits mal faits ne peuvent-ils point faire un mauvais usage ? »
Huet, Traité de l’origine des romans, 1670.
« La responsabilité seule des actes fait pour chacun leur importance, et leur apparence n’est rien. »
Gide, Paludes, p 80.
« Dans ce monde, il faut être un peu trop bon pour l’être assez. »
Marivaux, Le jeu de l’amour..., I, 2.
« L’homme supérieur est celui qui remplit son devoir. »
Ionesco, Rhinocéros.
« Les lois humaines statuent sur le bien ; la religion sur le meilleur. »
Montesquieu, L’esprit des lois, XXVI, 2.
« Ce que le XVIIème siècle avait fait pour les sciences de la nature, le XVIIIème siècle l’achève pour les sciences morales. Tout le vaste domaine des sciences est désormais soumis à l’esprit profane. »
B. Groethhuysen, Montesquieu, p 60.
« La modestie est le désir d’être loué deux fois. »
La Rochefoucauld.
« Chaque permission que nous nous octroyons est peut-être une limitation supplémentaire que nous nous imposons sans nous en douter : une chaîne. Là est la justification métaphysique de l’ascétisme. »
Gabriel Marcel, Avoir et être, pp 26-27.
« L’éthique ouverte s’inscrit en faux contre la manie du commun dénominateur qui enrôle tous les êtres sous le même uniforme, subsume tous les individus dans le même genre, fait de toute expérience spécifique le cas particulier d’une même loi. »
V. Jankélévitch, H. Bergson.