L’époque moderne (1573-1868)
La période d’Azuchi-Momoyama (1573-1603)
Tokugawa Ieyasu Tokugawa Ieyasu, représenté ici au centre prend le titre de shogun (chef de guerre), trois ans après s'être rendu maître du Japon. Ayant su nouer des alliances et vaincre les chefs de clans qui s'opposaient à lui, il met un terme aux guerres féodales qui empêchaient d'unifier le Japon. Il ouvre ainsi l'ère à une nouvelle organisation shogunale marquée par une paix durable et la remise en ordre du royaume.
Débuts de l'unification du Japon par Oda Nobunaga Au xvie siècle, alors que le Japon est déchiré par les guerres de daimyos, le seigneur Oda Nobunaga, de la province d'Owari, soumet progressivement les territoires du centre de l'île. Aidé dans son entreprise par le chef de guerre Tokugawa Ieyasu, Oda Nobunaga unifie la moitié des provinces japonaises ; son lieutenant Toyotomi Hideyoshi achève l'unification après sa mort.
La période d’Azuchi-Momoyama, période de transition entre le shogunat des Ashikaga et celui des Tokugawa, marque la réunification progressive du Japon, qui a lieu en trois étapes. Oda Nobunaga, daimyo de la région de Nagoya, parvient à chasser de la capitale le dernier shogun Ashikaga. Il installe alors son quartier général à Azuchi, d’où il tente d’unifier le pays, s’emparant de plus de la moitié des plaines de l’est du pays et parvenant à briser la résistance des monastères.
Lorsque d’Oda Nobunaga est trahi et contraint au suicide par la traîtrise de l’un de ses vassaux, c’est Toyotomi Hideyoshi, son plus fidèle lieutenant et l’un de ses meilleurs soldats, qui lui succède. Ce dernier se fait construire un château à Osaka, obtient de la cour d’importantes charges — exceptée celle de shogun, n’étant pas un descendant Minamoto — et engage dès 1586 d’importantes réformes politiques et économiques destinées à asseoir son pouvoir. En 1595, avec l’aide d’un puissant vassal, Tokugawa Ieyasu, il parvient à unifier l’ensemble du territoire japonais, y compris Shikoku, Kyushu et les plaines du Nord-Est. Sa santé mentale décline cependant et, dès 1592, il entreprend de lancer ses troupes à la conquête de Cathay. La tentative est renouvelée en 1597, mais Toyotomi Hideyoshi meurt en 1598 au cours de la seconde campagne, ne laissant derrière lui qu’un fils de cinq ans.
Les vassaux d’Hideyoshi rompent rapidement le serment d’allégeance qui les lie à son jeune fils et commencent à se quereller au sujet de la succession ; néanmoins, Tokugawa Ieyasu écrase les prétendants en 1600 à la bataille de Sekigahara. Contrairement à son prédécesseur, le nouveau maître du Japon a songé à s’inventer une généalogie fictive lui permettant de s’établir une ascendance Minamoto ; aussi la Cour peut-elle lui octroyer la charge de shogun en 1603, fondant ainsi le shogunat des Tokugawa, et ouvrant une période de stabilité politique qui dure jusqu’à la fin du 19e siècle, la période d’Edo.
La période d’Edo (1603-1868)
Une nouvelle organisation politique et sociale
Désireux de ne pas reproduire les erreurs de ses prédécesseurs et d’assurer sans trop de difficultés sa succession, Ieyasu abdique dès 1605 en faveur de son fils, puis se débarrasse en 1615 des derniers descendants d’Hideyoshi en s’emparant de la forteresse d’Osaka. Il installe son gouvernement militaire, ou bakufu, à Edo (actuelle Tokyo) — qui devient, en peu de temps, la plus grande et la plus riche des villes de Nippon —, puis entreprend un grand nombre de réformes politiques, sociales et fiscales destinées à assurer au gouvernement shogunal le contrôle absolu de la population. Lorsque Ieyasu meurt en 1616, il laisse une œuvre considérable et destinée à durer : Nippon, unifié, possède désormais un gouvernement stable.
Le personnage central de ce gouvernement est le shogun, de loin le plus puissant et le plus riche de tous les daimyos. Il dispose en permanence d’une armée de 80 000 hommes et contrôle directement les grandes villes et les ports, ainsi que tous les grands axes routiers et les mines. Le shogun gouverne seul, avec l’aide d’un conseil composé de ministres d’État (rochu) et d’un conseil d’intendants (wakashidori). Il est également assisté par les préfets d’Edo, les intendants des finances, les commissaires aux affaires religieuses et de nombreux inspecteurs. Au début de la période d’Edo, il y a environ 270 daimyo, qui se répartissent en trois catégories : les shinban daimyo, collatéraux et enfants de Tokugawa Ieyasu, les fudai daimyo, vassaux fidèles ralliés avant 1600, et les tozama daimyo, vassaux ralliés ou vaincus après 1600, souvent puissants et dangereux.
La société de la période d’Edo est divisée en catégories sociales, entre lesquelles la mobilité est en principe bloquée. On distingue ainsi les guerriers, les paysans, les artisans et les commerçants, puis, dans un autre registre, les nobles de cour, les moines bouddhistes et les desservants shinto et, enfin, en dehors de la société, les parias (eta et hinin). Le shogunat édicte, entre 1615 et 1635, un grand nombre de décrets destinés à fixer la population et à limiter au maximum la mobilité sociale. Chaque daimyo conserve dans son fief l’autorité suprême, mais doit faire serment d’allégeance aux Tokugawa, laisser sa famille en otage à Edo, et venir personnellement rendre ses devoirs au shogun une fois tous les deux ans.
La fermeture du pays
Une autre conséquence de la domination des Tokugawa est la fermeture de Nippon à toute influence extérieure. Tous les étrangers sont bientôt expulsés, tandis que seuls les hommes d’Estalie et ceux de l’Empire, cantonnés dans l’île artificielle de Deshima (dans le port de Nagasaki), conservent le droit de commercer avec le pays une fois par an.
Au cours des deux siècles suivants, les formes de la féodalité japonaise demeurent inchangées. Le Bushido, code des guerriers féodaux, devient le modèle de conduite des guerriers, qu’ils soient daimyo, samouraï ou ryôshi. Du fait de la paix durable, qui laisse inactifs un très grand nombre de guerriers, pour la plupart instruits, la culture Edo — qui, contrairement aux apparences, n’a jamais été ni complètement fermée aux influences extérieures, ni vraiment repliée sur elle-même — est particulièrement dynamique sur le plan culturel. Le développement rapide des écoles et de l’instruction permet l’apparition, aux côtés des classiques études chinoises, des « études nationales » (kokugaku), ainsi que des « études impériales » (rangaku). Le théâtre kabuki, l’art de Honnami Koetsu et l’école picturale Ukiyo-e, ainsi que les romans de Ihara Saikaku et la poésie de Basho, datent de cette période. Le néo-confucianisme devient l’idéologie officielle du gouvernement dès le quatrième shogun, qui cherche à pacifier les lois du pays et surtout à combattre la crise économique et financière naissante — qui ne cesse d’ailleurs de s’aggraver tout au long de la période d’Edo.
L’ère Meiji (1868 à nos jours)
L’unification définitive du pays
Les forces provenant des fiefs de Satsuma, de Choshu et de Tosa, qui constituent désormais l’armée impériale, défont les dernières troupes des shoguns en 1868. La plupart des fiefs restent en dehors du conflit, attendant son issue. Cette guerre, dite Boshin, se termine rapidement par la capitulation des forces shogunales à Edo. Le jeune empereur Mutsuhito choisit le nom de Meiji (« gouvernement éclairé ») pour désigner son règne. Ce nom devient également son nom posthume d’empereur. Autour de lui, évoluent Okubo Toshimichi, Saigo Takamori et Kido Takayoshi, guerriers issus des clans Choshu et Satsuma, qui parviennent à monopoliser les postes ministériels et sont les artisans des réformes. La capitale impériale est transférée à Edo, rebaptisée Tokyo (« capitale de l’Est »). En 1869, les seigneurs des grands clans de Choshu, Hizen, Satsuma et Tosa remettent leurs fiefs entre les mains de l’empereur ; la renonciation des autres clans suit bientôt et, en 1871, un décret impérial proclame un état fédéral sous la gouvernance de l’empereur. La réalité du pouvoir est entre les mains des samouraï des clans Satsuma et Choshu. Issus des rangs inférieurs de la caste des samouraïs, ces hommes jeunes — ils ont tous entre 27 et 41 ans en 1868 — fournissent l’essentiel des cadres de l’Empire jusqu’à nos jours.
Une société nouvelle
En à peine trente ans, s’appuyant sur une élite intellectuelle ouverte sur l’Occident et aussi bien formée aux sciences venues d’Occident qu’aux disciplines traditionnelles, Nippon redevient une puissance.
En 1876, la caste des samouraïs perd par décret son droit de port des deux sabres, ils sont canonnés dans l’administration policière, l’armée – en tant qu’instructeur et combattants d’élite – et en tant qu’expert dans le maniement du sabre affecté à un dojo. Ce n’est cependant pas sans un long et tragique affrontement entre l’armée impériale et les samouraïs ; ceux-ci sont finalement vaincus à Satsuma en 1877. Saigo Takamori, qui a pris la tête de la rébellion après avoir soutenu la restauration de Meiji, se donne la mort. Cette mutation brutale, imposée par les classes supérieures — l’oligarchie des clans Choshu et Satsuma —, n’est pas le résultat d’une exigence politique populaire. Les paysans, malgré la possibilité qui leur est donnée de posséder les terres (1868), continuent à supporter la plus grande partie du fardeau des impôts et les révoltes agraires et ouvrières se poursuivent.
Une politique extérieure agressive
Dès 1879, Nippon a pris possession des îles Ryukyu, sous protectorat depuis 1609. La conquête du Koryo est l’étape suivante de son expansion. La guerre sino-japonaise (1894-1895) voit triompher l’armée japonaise. Aux termes du traité de Shimonoseki (1895), Cathay cède au Japon Formose (Taïwan), Penghu, et lui verse une indemnité financière considérable. Le traité accorde également au Japon la péninsule de Liaodong (sud de la Mandchourie).
Depuis les attaques du Chaos se sont faites de plus en plus puissante – un paroxysme est atteint en 1945 (destruction d’Hiroshima et de Nagasaki) – avant de décroître. Cependant les nouvelles vagues d’assaut sont de plus en plus rapprochées et violentes et Nippon ne tient que grâce à la ferme détermination de ses soldats.
Commentaires
Quand je te disais qu'un historique aiderait à mieux comprendre l'armée, je ne pensais pas que tu allais te montrer aussi prolixe! j'ai même du mal à croire que tu l'as fait tout seul! bravo pour ce remarquable effort et bon courage pour la suite.
Vlad