9h37, jour 4, la quête.
Ils étaient maintenant devant la lourde porte du château et l’étudiaient avec attention. Sans le savoir ils se préparaient pour un voyage au-delà de leur peur, de leur crainte la plus forte…un aller-retour en Hadès.
Ils entrèrent, ils se glissèrent, précautionneusement, pour être précis. L’un d’entre eux ne sembla être qu’une sombre ombre et indécise se mouvant dans l’obscurité protectrice. Je ressentais d’ici les pensées de son être : il était hautain et imbus de lui-même, c’était un homme froid et calculateur mais également fidèle et doué d’une fine intelligence. Venaient derrière lui deux êtres assez différents. Le premier était roux et imposant, il ne vivait que dans une recherche constante du plaisir et de la stabilité sentimentale. Le second était châtain et plus frêle, il avait comprit que la vie était souvent faite de compromis et de négociations, il était dénué de but précis hormis la découverte de l’équilibre des choses. A la suite marchait celui qui tiendrait le parfait rôle du héros américain : beau, suffisant, indiscipliné et bénéficiant – a contrario du personnage – d’une intelligence sensiblement supérieure à la moyenne. A ses côtés marchait un homme complexe dont l’esprit fait de méandres et de barrières pour la compréhension extérieure étaient autant d’obstacles à mon intrusion…Pour le dernier…déjà il ne m’aimait pas, ça fait plaisir…Je me retrouvais soudain marchant précautionneusement sur un chemin étroit bordé de deux gouffres, celui-ci se rétrécis peu à peu, il semblait sans fin…A gauche, je distinguais dans les brumes rougeoyantes le mot « égalité », à droite, dans une blanche lueur, « soumission », baissant les yeux je lus sur le chemin ces mots : « La Liberté, c’est la liberté de dire que deux et deux font quatre. Lorsque cela est accordé, le reste suit… » C’était en relevant les yeux que je le vis : un homme sans âge, une lampe dans la main droite, une épée dans la main gauche, me voyant il n’eut qu’une réaction : « Pourquoi ? » … Il faut toujours que je tombe sur les gars à problèmes…
Nous marchions silencieusement dans la bâtisse. Enfin nous arrivions à un escalier assez ancien…
« _Nous allons nous séparer : trois en haut, trois en bas et Bartolomeo garde l’escalier, compris ?
_Compris !! » Répondirent cinq voix à l’unisson.
« _Alors c’est parti ! Je m’occupe du dernier sous-sol… »
(Vlad) Je me glissai dans le couloir du premier étage. Tout semblait à sa place mais une odeur bizarre s’élevait des pièces : on pourrait s’attendre à une odeur de poussière, de vieillesse, d’oublie; là non, ou en tout cas, pas au point d’être oppressante comme je le craignais. Néanmoins quelque chose me rendis mal à l’aise comme si on m’observait, on me jugeait et je n’aimai pas ça…
(Chaps) Je poussai une porte, je regardai une dernière fois en arrière, je m’avançai, la pièce me paraissait tout à fait en ordre, je m’y risquai. Bizarre cette obscurité et cette gène, ce devait être une bibliothèque avant, elle devait être immense, recouvrant à peu près tout l’étage, et ce plafond qui semble constellé d’étoiles, dommage que les ténèbres ne permettaient pas une étude plus approfondie.
(Ivan) La porte trembla alors que je m’avançai dans son embrassure. Une forte odeur d’humidité et de renfermé s’éleva à mes narines. Où étais-je ? L’obscurité était totale, je tirai mon briquet et je l’actionnai, une flamme frêle et incertaine projeta une lumière malsaine sans la pièce… « Godness un ossuaire ! »
(Boris) Les larges battants s’entrouvrirent lorsque je m’approchai, je pénétrai intrigué dans la pièce. Elle ressemblait à un temple : des dizaines de cadavres jonchaient le sol, l’autel était couvert de sang, des runes étaient gravées aux murs mais leurs vues me donnèrent mal aux yeux…
(Loup) Une crypte, vaste, entretenue, obscure, froide et intrigante, des cercueils étaient disposés à intervalles réguliers le long des murs. Je vais y jeter un coup d’œil.
Couloir noir, une porte, l’ennui, c’était la nuit, idées noires, grincement et soudain…
10h18, (Tous) Un cri, déchirant, terrifiant, hallucinant, et très, très, très emmerdant car tout à fait reconnaissable : le système d’alarme.
(Vlad) Une forme blanche, laiteuse, légèrement incertaine flotta – réellement ! – vers moi ! – par réflexe je me jetai au sol. Une solution vite, réfléchit, une idée, une idée…
« _Euréka ! » Je sautai, restant quelques secondes en apesanteur dans les airs. Ma main s’agrippa aux rideaux, je tirai tout en me rappelant la gravité, je roulai sur le sol, le rideau dans les mains. Une vive lumière blanche m’ébloui, une femme d’une beauté extraordinaire m’apparut, elle cria puis se dissipa rapidement.
(Chaps) Deux yeux rouges m’observèrent un grognement sinistre s’éleva, ne pas réfléchir, courir ! Je me retournai et je courrai droit devant moi. Je zigzaguai entre les étagères, le grognement me poursuit. Je risquai un regard en arrière : un loup-garou !
« _Et merde, ça n’arrive qu’à moi des trucs pareils ! »
Je tirai mon pistolet, je plongeai derrière une table renversée, j’enclenchai le chargeur, je me tournai, le canon rebondit sur le bord de la table, se stabilisa dans les airs, je visai, la bête avança vite, 20 mètres, 10 mètres, 5 mètres, je tirai entre les deux yeux, le monstre vacilla, s’écroula. Ça sert les balles en argent…
(Ivan) « Alarme = problèmes,
Problèmes + ossuaire = euh…c’est de la science-fiction, tiens une lampe torche allumée,…calme-toi, il ne va rien t’arriver, tu vas réfléchir, bizarre cette lampe allumée et puis,…pourquoi cette main s’accroche à ma jambe. »
Je donnai un coup de pied dans le squelette qui se reconstitua sous mes pieds, petit regard en arrière : ils étaient déjà une dizaine, je courus vers la porte. Je l’ouvris et la claqua au nez – ou ce qu’il en restait – de la première « momie » qui s’approchait, je la fermais, vite une idée…une idée…hum hum hum une idée…à oui ! Avec cette latte de bois. Je l’utilisai pour bloquer la porte, je minais celle-ci – au cas où – et je reculais, j’aimais mes petits cadeaux. Un soupir et je pris mes jambes à mon cou en direction de l’escalier; j’y arrivai, Vlad et Chaps avaient déjà commencé à descendre, je les suivis.
(Boris) « _Bruit, pas cool…je m’en fous…tiens, ça bouge…alors les endormis on se réveille ? Pourquoi tu me regardes comme ça toi ?
_Aaaaaaaaah !!! (Ah ! positif)
_Oh ! le pauvre chou : il a faim ! Tiens déguste. »
Je lui décochai un uppercut, il s’effondra mollement : vraiment aucune endurance, pitoyable ! Je me plaindrais à l’agence de voyage ! Pourquoi ont-ils les yeux rouges et de la bave qui coule ? Sûrement parce qu’ils ne sont pas gentils, non ? J’eus un mouvement de recul progressif, ils commençaient à courir vers moi…Tiens les deux piliers sur les côtés, autant essayer, si ça marche. Une grenade à gauche, une grenade à droite, demi-tour droite gauche et on cour.
« Boum !!! » Bon, j’aurai légèrement abîmé le plafond.
(Loup) Je m’approchai du premier cercueil, il était vide, de même pour les quatre suivants. Cependant, alors que je m’approchai du dernier…
« _Loup ! »
Je me retournai instantanément, je connaissais cette voix, je la connaissais même très bien :
« _Camille ?!? Qu’est que tu fais ici ?
_Pourquoi m’as-tu quitté ?
_Pardon, mais c’est toi qui…
_Pourquoi m’as-tu abandonné ? Pourquoi cette lâcheté ? Alors que je t’aimais, que je t’aime…_Camille, je…je ne sais plus…c’est…c’est toi qui…qui un jour…es partie…m’as quitté…_Toi, c’est toi ! » Elle leva un bras vengeur, qui m’accusa, me condamna, m’écrasa et je m’effondrai peu à peu en pleurs, tout se vida autour de moi, le sol resta le seul point tangible…Elle s’approcha lentement, elle me prit la tête dans ses mains, elles étaient froides, creuses, elles me semblaient aussi vide que le reste de la pièce…Une idée jaillit dans mon esprit : ce n’était pas Camille… Je me glissai en arrière, les mains me lâchèrent, je roulai sur le côté, mes armes avaient été éparpillées dans la pièce mais je réussis à me saisir d’une épée. Je me relevai, l’épée à la main, prêt à me battre…Mon adversaire m’observa, il n’avait plus la douce apparence de Camille, mais lui aussi portait une épée…
« _Ainsi tu as réussi à vaincre ta peur ?
_Un gascon ne connaît jamais la peur !
_J’ai rarement connu un gascon coquet !
_Je ne sais ce que tu es mais je jure de te détruire, monstruosité ! »
Je levai mon épée en signe de défi, je sentais de nouvelles forces en moi. Nous tournâmes l’un autour de l’autre, puis nous chargions, simultanément, et la danse commença…Parades et attaques se multiplièrent, chacun tentant de prendre le dessus. Soudain je perdis l’équilibre et glissai en arrière, mon adversaire frappa mais je parvins à esquiver le coup, nous tombions tous deux au sol. Je repris alors l’avantage, ma lame décrit un arc mortel alors qu’il se relevait. J’étais couché, mort de fatigue. Je me redressai péniblement et me dirigeai vers les escaliers…
Sur la porte des vers étaient inscrits :
« Comme le juif errant et comme les apôtres,
« A qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau,
« Pour fuir ce rétiaire infâme ; il en est d’autres
« Qui savent le tuer sans quitter le berceau. » Comme quoi il n’y a pas que moi qui aime Baudelaire…Je poussai la porte et…
« _J’ai l’honneur, en cette période diurne de vous souhaiter par voie orale et déclarative à l’encontre de votre personne physique et isolée, que cette période vous soit profitable et agréable pour son déroulement et ses conséquences à court terme…
_Euh…oui, merci, vous de même…
_Vous n’avez pas compris ?
_Non…
_Dans votre langue simple et primitive : « Bonjour ».
_O n peut continuer dans ma langue simple et primitive.
_Si vous le désirez.
_Qui êtes-vous ?
_Votre destin et j’ai besoin de vous et de vos compagnons…
_Je vais les…
_Ils sont derrière la porte.
_Merci – j’ouvris la porte – entrez je déprime !
_Pourquoi ? me demanda Chaps.
_Je parle à un type qui répond à tous…
_Je comprend – ils entrent – salut machin !
_Bonjours, pressons je vous pris, il est tard, si je vous ai fait venir…
_Mais c’est moi qui…
_C ‘est moi qui est tout organisé…
_Pardon !
_Oui je voulais être sûr de vos capacités alors j’ai préparé une épreuve, un parcours initiatique sous la forme d’une quête…
_Mais pourquoi…
_J’ai besoin de vous : pour rétablir l’équilibre…
_Entre ?
_Le Bien et le Mal…
_Et comment ?
_Grâce à ceci ! »
Une puissante lueur nous éblouit et nous sombrâmes dans un sommeil lourd peuplé de rêves incohérents – nous nous voyions marchant sur des routes qui s’amenuisent peu à peu – et de douleurs atroces. Soudain le décor changea…
Une voix forte crie à nos esprits :
« _ Rendez-vous à Berheilden au plus vite ! »
Nous ne savions pas où cela pouvait bien être mais s’il fallait s’y rendre nous irions…