Les premières années des Rolling Stones sont marquées par la forte personnalité et l’influence de Brian Jones qui, jusqu’à sa mort en 1969, apporte au groupe son génie hors normes et le résultat de ses nombreuses expérimentations musicales et sonores. Les Rolling Stones rivalisent par ailleurs avec les Beatles pendant les années soixante et jusqu’à la séparation de ces derniers en 1970. Les deux groupes s’opposent musicalement : le « couple » de coauteurs qui écrit désormais toutes les chansons des Rolling Stones (Jagger / Richards) privilégiant la partie rythmique de leurs compositions tandis que John Lennon et Paul McCartney font la part belle aux mélodies. Les Rolling Stones se démarquent également des Beatles en adoptant une « attitude » faite de révolte, de facéties (notamment sur scène) et de provocations diverses, parfois mal reçues par le public.
C'est à la fin des années soixante que les Rolling Stones atteignent leur apogée — populaire et artistique — avec des albums comme Beggars Banquet (1968), Let It Bleed (1969), Sticky Fingers (1971) et Exile on Main Street (1972), caractéristiques d’un style et d’un son qui leur sont devenus propres. Profondément influencée par le blues de Chicago — les Rolling Stones reprennent des titres d’artistes tels que Muddy Waters (le nom du groupe vient de l’une de ses chansons), Willie Dixon, Howlin’ Wolf, etc. —, leur musique repose d’une part sur la voix et le charisme de Mick Jagger et d’autre part sur le jeu de guitare de Keith Richards, articulé autour de riffs et d’accords en open tuning de sol (les six cordes d’une guitare correspondent le plus souvent à six notes — mi, la, ré, sol, si et mi — qui changent lorsque l’instrument est accordé en open tuning — ré, sol, ré, sol, si, sol —).
Le guitariste Mick Taylor (qui a notamment joué au sein des Heartbreakers de John Mayall, à l’instar d’Eric Clapton et de Peter Green, fondateur des Fleetwood Mac) remplace Brian Jones en 1969. Malgré un talent et une virtuosité exceptionnels mis au service de la guitare rythmique de Keith Richards et une complémentarité sans équivalent depuis (les concerts du début des années soixante-dix sont unanimement considérés par les fans et les critiques comme les meilleurs et les plus aboutis musicalement de toute la carrière des Rolling Stones), son tempérament réservé l’incite à quitter le groupe en 1974, la mainmise de Mick Jagger et de Keith Richards sur la destinée de la formation cantonnant Mick Taylor à un rôle de faire-valoir qu’il juge inacceptable pour un musicien de son niveau. Ronnie Wood (ami de Keith Richards et bassiste de Jeff Beck, Rod Stewart et des Faces) intègre alors les Rolling Stones et apporte une énergie nouvelle dont le groupe profite pour explorer des styles — reggae et funk notamment — jusque-là inédits dans la musique des Rolling Stones. La fin des années soixante-dix est toutefois marquée par une inspiration déclinante et une relative traversée du désert. L’album Tattoo You (1981), alternant morceaux de rock énergiques comprenant les traditionnels riffs de Keith Richards, particulièrement efficaces sur un titre comme « Start Me Up », devenu l’un des standards du groupe sur scène, et ballades plus lentes permettant au chanteur Mick Jagger de se mettre en valeur, est celui du retour aux « valeurs » sur lesquelles s’est fondé le succès des Rolling Stones.
Mick Jagger et Keith Richards entament parallèlement, dans les années quatre-vingt, des carrières solo aux fortunes diverses, puisque seul le guitariste des Rolling Stones parvient à former un groupe cohérent (les X-Pensive Winos), toujours en activité. En 1993, après une nouvelle gigantesque tournée mondiale (dont témoigne l’album Flashpoint, 1991), Bill Wyman, bassiste et membre fondateur des Rolling Stones, quitte officiellement le groupe (Daryl Jones, ami de Charlie Watts et notamment bassiste de Sting et Miles Davis, le remplace depuis lors). L’album Voodoo Lounge (1994) permet cependant aux Glimmer Twins, entité sous laquelle se « cachent » les producteurs Mick Jagger et Keith Richards, de revenir sur le devant de la scène musicale, puis de surprendre leurs fans en privilégiant exceptionnellement les petites salles de concert (l’Olympia à Paris, le Paradiso d’Amsterdam ou encore l’Hammersmith Odeon de Londres, autant de lieux qui ont vu les débuts des Rolling Stones) au détriment des grands stades. L’immense tournée qui a suivi l’album Bridges to Babylon, paru en 1997 et pour lequel Mick Jagger et Keith Richards ont fait appel, pour quelques titres, à des musiciens issus d’horizons différents du blues ou du rock dit « traditionnel » tel que l’incarnent désormais les Rolling Stones, a de nouveau battu tous les records d’affluence et de recettes, à l’inverse des enregistrements studio qui figurent rarement parmi les meilleures ventes. Ces concerts ont par ailleurs été l’occasion pour le groupe d’innover en utilisant de nouvelles technologies telles qu’Internet ; les internautes ont en effet pu voter en direct pour l’une des très nombreuses chansons du répertoire des Rolling Stones afin que celle-ci soit interprétée sur scène.