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Titre du blog : Littérature assassine...
Auteur : LazloSprand
Date de création : 23-11-2008
 
posté le 14-09-2010 à 14:48:16

Début

Les éclats rougeoyants de l’agonie quotidienne des derniers feux du soleil couchant dessinaient sur le visage d’Angelina des motifs enjôleurs. La courte natte de ses cheveux couleur corbeau dansait doucement dans son dos alors que la frange noire et or qui ombrageait son front noyait ses yeux clairs et fiers dans une obscurité insondable. Une veste brune négligemment jetée sur ses épaules masquait sa taille fine, une sacoche portée en bandoulière dont la sangle rehaussait sa poitrine semblait être son seul souci à cette minute. Sa marche vive et déterminée laissait entrevoir par instant de longues et douces jambes exquises. Elle passa devant un petit restaurant de quartier accueillant : une douce mélodie s’élevait encore alors qu’elle s’éloignait.

Elle repensa à la soirée de la veille : avec des amis du lycée, elle était venue prendre un peu de bon temps dans ce petit estaminet. Un homme sans âge, aux longs cheveux blanc mais à l’allure jeune, jouait du piano ou un air de guitare pour créer une ambiance plus intimiste. Alors qu’ils attendaient leurs desserts, le musicien attaqua un morceau qui fit tiquer James, un de ses amis, lui-même pianiste et apprenti violoniste. Tandis qu’il appréciait, en connaisseur, le jeu tout en délicatesse et en volupté tranchant avec la fougue du morceau, elle lui demanda quelle composition était interprétée. Il sourit et se leva sans répondre dans un premier temps, invita sa voisine, Kate, à danser et passant derrière elle lui souffla la réponse à l’oreille. Les danses hongroises de Brahms…

Un bruit la tira de sa rêverie et elle se retourna, sa bouche figée dans une expression incertaine alors que ceux qui la suivaient s’évanouissaient dans l’ombre d’une ruelle… Les gangs. Elle prit peur. Les voyous n’étaient pas connus pour leur courtoisie ou leur patience. La plupart des mauvais garçons qui les composaient ne rêvaient même pas, pour la plus part, d’obtenir un jour un seul sourire d’une jeune fille du centre comme ils disaient eux-mêmes. Non, le problème était qu’en groupe le peu d’intelligence dont ils faisaient parfois usage semblait s’évanouir inexplicablement et leur esprit perverti leur soufflait alors des rêves inavouables et des fantasmes inaccessible. Sauf dans certains cas en certains lieux. Alors quelque jeunes filles se voyaient faire certaines propositions qu’on ne peut pas refuser… Elle reprit sa route vers l’appartement familial en essayant de paraître le plus pressée possible et en évitant un maximum les rues endormies dans une pénombre inquiétante. Elle devait dormir, la rentrée au lycée était prévue pour le lendemain et il faudrait qu’elle soit prête…

Quelqu’un s’approcha d’elle, se détachant d’un mur sombre, l’allure menaçante. Elle le regarda s’arrêter sur sa route puis remarqua qu’une autre personne la suivait à nouveau. Elle resta sur place un instant pour évaluer la situation puis recula précipitamment dans une petite artère sur sa droite. Ils étaient trois à présent. Elle se mit à courir vers la grande rue éclairée sur laquelle débouchait la venelle par où elle avait fuit. L’un des hommes la rattrapa et l’attrapa par le bras. Elle se débattit mais il la retourna violement puis la lâcha pour mieux pouvoir la frapper au visage. Le coup ne l’atteignit jamais : un quatrième homme stoppa le poing de l’agresseur en pleine course et riposta sans sommation envoyant l’agresseur à terre. Ses longs cheveux de neige dansaient autour de lui. Sans lui jeter un regard, il lui lança un étui de guitare puis remonta ses avant-bras et serra ses points pour se mettre en garde devant les autres larrons. Il ne souffla mot mais elle sut instinctivement ce qu’il voulait dire. Elle agrippa la poigné de l’étui à deux mains puis prit ses jambes à son cou et s’élança vers la grande rue. Lorsqu’elle l’atteignit, elle s’immobilisa en voyant une dizaine de motos se rassembler. Celui qui semblait être le chef la vit et fit signe au groupe de l’éviter puis ils allumèrent leur phare avant et firent gronder leur moteur en s’engouffrant dans la ruelle. Au passage, le chef s’arrêta à côté d’elle, lui donna une petite tape qui se voulait réconfortante sur l’épaule puis lui glissa quelques mots à l’oreille avant de repartir. Elle resta un moment interdite puis se ressaisit et fila à travers la ville largement éclairée par la fée électricité, la sacoche en bandoulière et l’encombrant étui en main.

Il y eut un soir, il y eut un matin…