L'extraordinaire popularité du nouveau président du conseil italien tranche avec l'impopularité croissante de ses collègues européens. Est-ce un effet secondaire du renouveau de la Juve, de l'élimination, prochaine, de Manchester City par Naples ?
La dictature de l'économie.
Ce qui rassure les Italiens, c'est le côté sérieux, pondéré et efficace du nouveau président du conseil. Aux antipodes du bunga bunga de Berlusconi, l'austère économiste fait figure de patriarche éclairé et rigoureux dans une société italienne fortement marquée par les valeurs traditionnelles du catholicisme romain : travail, famille... et abstinence.
Cette rupture rigoureuse qu'entend marquer l'ancien commissaire européen est d'autant plus facile à mettre en oeuvre qu'il bénéficie du soutien de l'ensemble de la classe politique et pour l'instant, une écrasante majorité de la population qui le surnomme encore, chaleureusement et affectueusement, « super-Mario. » La question qui demeure est donc celle de savoir si super-Mario est bien le plombier qui sauvera le système italien.
Bloqué dans le nouveau Mario Cart financier.
Le premier problème qui se pose nouveau président du conseil mais paradoxalement pas celui du système bancaire mais celui de monter son gouvernement. Deux options s'offrent à lui ou monter un gouvernement de spécialistes ultra rigoureux mais quasiment apolitique ou sur les partis existants, monter un gouvernement d'union nationale mais courir le risque de subir les retombées d'une inquiétude des marchés concernant les qualifications de ses collaborateurs.
Soyons néanmoins réalistes, le problème majeur qu'il aura à résoudre est avant tout celui du manque de confiance des marchés par rapport à l'économie et à la capacité de l'État italien à se redresser et à restructurer sa dette. Tout est ici question de vitesse et de précision. L'idée étant bien entendu de trouver un terrain d'entente avec Nicolas Sarkozy et Mme Merckle qui tiennent les cordons de la bourse qui est censée venir en aide aux pays européens en difficulté via le fonds européen de secours.
Des choix courageux mais un avenir incertain.
En présentant un gouvernement composé entièrement de techniciens et ne comprenant aucun parlementaire, en assurant lui-même, par intérim, le poste de ministre de l'économie et des finances, en donnant à des postes-clés (développement économique, croissance, affaires étrangères, intérieur, défense et justice) des personnalités intègres, respectées et influentes, Mario Monti a définitivement franchi le Rubicon par rapport à la classe politique. Dès lors, la majorité dont ils bénéficient n'est soutenue en fait par aucune formation en particulier.
La popularité de Mario Monti fait qu'il bénéficie d'un état de grâce prolongée notamment du fait qu'il soit présenté comme l'anti-Berlusconi pour les raisons que nous avons développées. Cet état de grâce ne saurait cependant perdurer si les conditions économiques venaient à ne pas s'améliorer. Le blason italien doit être redoré, l'Italie doit connaître une période marquée par « de la croissance et de l'équité » selon les propres termes du président du conseil. L'avenir de l'État italien, s'il n'est cependant pas totalement sombre, demeure préoccupant et comme le disait encore super Mario lors d'une conférence de presse tenue au palais présidentiel du Quirinal : « nous pouvons vaincre le défi du rachat [...] Nous le devons à nos enfants, nous devons leur donner un futur concret de dignité et d'espoir. » L'Italie attend, l'Europe avec elle, un exploit de super Mario au moins aussi beau que dans super Mario Bros.