« Il s’agit de savoir si l’âme en elle-même est vide entièrement comme des tablettes, où l’on n’a encore rien écrit (tabula rasa) selon Aristote et l’auteur de l’Essai, et si tout ce qui y est tracé vient uniquement des sens et de l’expérience ? Ou si l’âme contient originairement les principes de plusieurs notions et doctrines, que les objets externes réveillent seulement dans les occasions, comme je le crois avec Platon et même avec l’École et avec tous ceux qui prennent dans cette signification le passage de Saint Paul (Rom. II, 15) où il marque que la loi de Dieu est écrite dans les cœurs ? »
Leibniz, Nouveaux essais...
« Toutes les vérités qu’on peut tirer des expériences innées primitives se peuvent encore appeler innées, parce que l’esprit les peut tirer de son propre fonds. »
Leibniz, Nouveaux essais...
« Les sens ne donnent jamais que des exemples, c’est-à-dire des vérités particulières et individuelles. Or tous les exemples qui confirment une vérité générale, de quelque nombre qu’ils soient, ne suffisent pas pour établir la nécessité universelle de cette même vérité : car il ne suit pas que ce qui est arrivé arrivera toujours de même. »
Leibniz, Nouveaux essais...
« Quelque nombre d’expériences particulières qu’on puisse avoir d’une vérité universelle, on ne saurait s’en assurer pour toujours par l’induction sans en connaître la nécessité par la raison. »
Leibniz, Nouveaux essais...
« Nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes. »
Kant.
« Les vérités nécessaires, telles qu’on les trouve dans les mathématiques pures et particulièrement dans l’arithmétique et la géométrie, doivent avoir des principes, dont la preuve ne dépende point des exemples, ni par conséquent du témoignage des sens, quoique sans les sens on ne serait jamais avisé d’y penser. »
Leibniz, Nouveaux essais...
« Tout ce que nous concevons vient du dehors par les sens, et se trace dans le vide de notre esprit, tanquam in tabula rasa. Mais une méditation plus profonde nous apprend que tout (même les perceptions et les passions) nous vient de notre fond, avec une pleine spontanéité. »
Leibniz, Essai de Théodicée, partie 3.
« Quand je dis que la rose est odorante, les deux termes expriment : l’un, que la rose est une réalité, l’autre que l’odeur est une réalité. On peut donc dire que les jugements portent sur des jugements résumés. »
J. Lagneau.
« Si donc on conçoit un jugement comme rigoureusement universel, tel par conséquent qu’on ne puisse croire à la possibilité d’aucune exception, c’est que ce jugement n’est point dérivé de l’expérience, mais valable absolument a priori."
Kant, Critique de la raison pure, GF p 59.
« En effet, la raison humaine, poussée par ses propres besoins, et sans que la simple vanité de savoir beaucoup y soit pour rien, s’élève irrésistiblement jusqu’à ces questions qui ne peuvent être résolues par aucun usage expérimental de la raison ni par aucun des principes qui en émanent. »
Kant, Critique de la raison pure, GF p 70.
« J’appelle transcendantale toute connaissance qui ne porte point en général sur les objets, mais sur notre manière de les connaître, en tant que cela est possible a priori. »
Kant, Critique de la raison pure, GF p 73.
« L’expérience est une connaissance de l’individuel, et l’art de l’universel. »
Aristote, Métaphysique, A.1, 981 a 15.
« L’induction s’élève des cas singuliers à l’universel. »
Aristote.
« La science manipule les choses et renonce à les habiter. »
Merleau-Ponty, L’œil et l’esprit, p 9.
« Le propre du sens commun est de dissimuler à lui-même ce résidu inconscient d’idolâtrie naturelle, de dogmatisme instinctif. »
L. Brunschvicg, Les âges de l’intelligence, p 130.
« On ne détruit que ce qu’on remplace. »
L. Brunschvicg, Les âges de l’intelligence, p 87.
« Savoir n’est rien, imaginer est tout. Rien n’existe que ce qu’on imagine. »
A. France, Le crime de S. Bonnard, p 100.
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. »
Rabelais, Pantagruel, VIII.
« Par intuition, j’entends, non point le témoignage instable des sens ni le jugement trompeur de l’imagination qui opère des comparaisons sans valeur, mais une représentation qui est le fait de l’intelligence pure et attentive, représentation si facile et si distincte qu’il ne subsiste aucun doute sur ce qu’on y comprend ; ou bien, ce qui revient au même, une représentation inaccessible au doute, représentation qui est le fait de l’intelligence pure et attentive, qui naît de la seule lumière de la raison. »
Descartes, Regulae..., III.
« Le premier (genre de choses) est de celles que nous pouvons trouver par la seule force de notre esprit, et par la conduite de notre raison. »
Descartes, Lettre, 17 octobre 1630.
« On ne saurait si bien concevoir une chose, et la rendre sienne, lorsqu’on l’apprend de quelque autre que lorsqu’on l’invente soi-même. »
Descartes, Discours de la méthode, VI.
« Par le mot de pensée, j’entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l’apercevions immédiatement par nous-mêmes. C’est pourquoi non seulement entendre, vouloir, imaginer, mais aussi sentir, est la même chose ici que penser. »
Descartes, Principes de la philosophie, I, § 9.
« La certitude n’est pas dans les sens, mais dans l’entendement seul lorsqu’il a des perceptions évidentes. »
Descartes, Lettre-préface aux Principes...
« Il devait être naturellement beaucoup plus difficile pour la raison d’entrer dans la voie sûre de la science, lorsqu’elle n’a plus seulement affaire à elle-même, mais aussi à des objets. »
Kant, Critique de la raison pure, p 38.
« La physique... doit chercher (et non imaginer) dans la nature, conformément aux idées que la raison même y transporte, ce qu’elle doit en apprendre et dont elle ne pourrait rien savoir par elle-même. »
Kant, Critique de la raison pure, p 40.
« Ce qui nous pousse nécessairement à sortir des limites de l’expérience et de tous les phénomènes, c’est l’inconditionné, que la raison exige nécessairement et à juste titre, dans les choses en soi, pour tout ce qui est conditionné, afin d’achever ainsi la série des conditions. »
Kant, Critique de la raison pure, p 43.
« Rien dans la connaissance a priori ne peut être attribué aux objets, que ce que le sujet pensant tire de lui-même. »
Kant, Critique de la raison pure, p 45.
« J’ai donc dû supprimer le savoir pour lui substituer la croyance. »
Kant, Critique de la raison pure, p 49.
La critique de la raison pure constitue « l’inappréciable avantage d’en finir une bonne fois avec toutes les objections dirigées contre la moralité et la religion, en suivant la méthode de Socrate, c’est-à-dire en démontrant clairement l’ignorance des adversaires. »
Kant, Critique de la raison pure, p 49.
« Dans le temps, aucune connaissance ne précède en nous l’expérience, et toutes commencent avec elle... Mais si toute notre connaissance commence avec l’expérience, il n’en résulte pas qu’elle dérive toute de l’expérience. »
Kant, Critique de la raison pure, p 57.
« Dès qu’on est hors du cercle de l’expérience, on est bien sûr de n’être pas contredit par elle. »
Kant, Critique de la raison pure, p 62.
« Je ne connais positivement qu’un entendement tel que le nôtre, assujetti à recevoir les objets de l’intuition sensible avant de les soumettre aux règles de l’unité de conscience. »
Delbos, La philosophie pratique de Kant, p 206.
« Les hommes de science savent bien que, si l’on creuse suffisamment n’importe quel sujet, il finit par refléter de proche en proche tout l’univers. »
Rémy Chauvin, Dieu des fourmis..., p 61.
« L’admiration est le partage des sots. »
Mme de Lambert.
« Humiliez-vous, raison impuissante ; taisez-vous, nature imbécile... Écoutez Dieu. »
Pascal, Pensées, n° 261.
« L’Absolu n’a fait que se déplacer ; la religion le loge au ciel, le scientisme libéral le met dans la raison humaine. »
J-P Sartre, L’idiot de la famille, Gallimard, I, p 643.
« La moitié de la connaissance est la question ; l’autre moitié la réponse. »
Abou Ostsman al-Makki.
« Moins on sait, plus on croit savoir ; plus on sait, plus sent-on son ignorance. »
Bayle.
« La peur est irrationnelle. La raison doit la vaincre. »
Ionesco, Rhinocéros, p 27.
« Knowledge is power. »
F. Bacon.
« Ceux qui savent quelque chose le savent bien, quand ils sont capables de rendre un autre aussi savant qu’eux. »
Platon, Premier Alcibiade, p 135.
« La raison ne peut trouver de l’intérêt dans aucun but fini particulier, mais seulement dans le but absolu. »
Hegel, La raison dans l’histoire, p 48.
« Le rationnel est ce qui existe de soi et pour soi, ce dont provient tout ce qui a une valeur. »
Hegel, La raison dans l’histoire, p 48.
« La nature a voulu que l’homme tire entièrement de lui-même tout ce qui dépasse l’agencement mécanique de son existence animale et qu’il ne participe à aucune autre félicité ou perfection que celle qu’il s’est créé lui-même, indépendamment de l’instinct, par sa propre raison. »
Kant, Idée d’une histoire…, prop. 3.
« Ce qui ne se classe pas ne saurait se penser. »
Xavier Darcos.