Et vert le peuplier dans la fenêtre ouverte
Mais le monde d'hiver, l'aperçois-tu qui vient ?
La neige sur la cime au loin donne l'alerte.
Encore l'été brûlant brûle mon jeune cœur
Mais si la sève en lui monte et le renouvelle
Déjà des fils d'argent dans mes cheveux révèlent
Que les froids de l'hiver vont montrer leur vigueur.
Car s'effeuillent les fleurs et s'enfuit notre vie
Viens donc, ô mon aimée, te blottir sur mon sein.
Toi qui tout contre moi mets ta tête chérie
N'iras tu pencher sur ma tombe demain ?
Si je meurs le premier, de ces deux que nous sommes
Mettras tu , dans les pleurs, un linceul sur mon corps ?
Si un autre t'aimait, se pourrait-il alors
Que tu quittes mon nom pour le nom de cet homme ?
Si ce voile de veuve, un jour tu le jetais,
Comme un drapeau de deuil, laisse-le sur ma tombe.
Je viendrai le chercher, du noir où tout se tait
Au cours de cette nuit où notre amour succombe,
Pour essuyer les pleurs versés sur notre amour
Sur toi facilement oublieuse et parjure,
Pour panser de mon cœur l'horrible déchirure-
T'aimant même là-bas, même alors et toujours.
Szeptember Végén
Traduction de Guillevic