Nos plaies ont eu pouvoir de se rouvrir cent fois,
Ainsi l’a loti la Vie :
Chaque fois bien au-dessus des plaies hongroises
Des abcès plus enflammés ont surgi
Et nous n’avons personne, nous sommes dans la poussière des gangrenés.
Pleurer nos propres pleurs jusqu’à leur fin de pleurs,
Des pleurs plus tapageurs
Jamais jusqu’aujourd’hui ne nous l’ont permis :
Contre nous surenchérit un madré,
Un inclément usurier : le destin d’autrui.
Quand une braise de nos combats ose sa flamme,
Des mondes tous feux dehors s’embrasent,
Jamais ne se pourra que jusqu’à la justice
Notre droit nous fasse parvenir :
Elle est Cendrillon, la souffrance hongroise.
N’importe, encore une fois :
Haut les cœurs
En faveur de notre saignant cœur,
De notre souffrance, de notre crève-cœur,
De notre pauvre foi souffre-douleur,
Oui, quand bien même l’Univers serait tornade.
Notre combat, c’est contre l’Enfer hongrois,
Tout enjeu, pour cette joute-là nous le jouons,
C’est contre ce portail-là que nous ferraillons,
Pour ce combat-là, corps et âme, nous existons,
C’est là que nous perdrons ou triompherons : notre destin est là.
André Ady