Cette peinture a appartenu à Georges Clemenceau, avant d'entrer
dans les collections du musée Carnavalet. Votée le 26 août 1789, écrite
dans une très belle langue et placée sous les auspices de l'Être
suprême, la Déclaration proclame que tous les hommes naissent libres et
égaux en droits, que les distinctions sociales ne peuvent être fondées
que sur le mérite, que la sécurité et la propriété sont sacrées. Elle
affirme aussi la liberté religieuse et celle des opinions (donc de la
presse). Elle pose les bases d'une réforme du système judiciaire, et
affirme l'obligation pour l'État d'assurer l'application des lois et la
défense de la chose publique, au besoin par la force.
L'objectif est
d'instaurer un État de droit, fondé sur la souveraineté de la Nation,
exprimée par ses représentants, et sur le respect absolu de la loi. Cela
dit, la proclamation n'est pas sans ambiguïtés ni lacunes :
sacralisation d'une propriété mal définie ; sauvegarde de l'ordre
public, qui laisse au riche la possibilité d'exploiter le pauvre ;
silence concernant les femmes ou les esclaves des colonies.
Le texte
s'inscrit sur deux registres, dont la forme évoque celles des Tables de
la Loi rapportées par Moïse du mont Sinaï. Il est acompagné de figures
allégoriques personnifiant la France et la Renommée, et de symboles
comme le faisceau (unité), le bonnet "phrygien" (liberté), le serpent se
mordant la queue (éternité), la guirlande de laurier (gloire), les
chaînes brisées (victoire sur le despotisme) ; l'ensemble étant placé
sous l'œil du Dieu créateur, rayonnant d'un triangle à la fois biblique
et maçonnique.
Auteur de la notice : Philippe de Carbonnières