VEF Blog

Titre du blog : Littérature assassine...
Auteur : LazloSprand
Date de création : 23-11-2008
 
posté le 21-03-2009 à 21:46:49

Premières armes...(1)

Licmael et l’Ombre se faisaient face. Le temps semblait figé, le vent même s’était tu, il glissait silencieusement dans les cheveux de chacun. A dix pas d’eux, les mages et les compagnons avaient enjoint l’Empereur à un repli stratégique, ils se disputaient à présent le droit de combattre l’Ombre si Licmael ne parvenait pas à la vaincre, les mages les dévisageaient incrédules et se disaient en eux-mêmes : «  Assurément, voilà quelque chose d’incroyable : ces hommes-là rient et s’amusent devant la mort alors que nous qui connaissons et le péril et les moyens de le combattre tremblons et recherchons un échappatoire… » Loup se leva, étira ses muscles du cou et des bras, échauffa ses jambes, puis se retourna : « J’irai en second, » dit-il. Personne ne répondit. Chaps tira un jeu de cartes et commença une partie avec Ivan, Vlad et Valentino qui se « résigna »  à faire le quatrième, Bartolomeo prit son évangile et se plongea dans l’étude du 13ième chapitre de St Mathieu, Adual fit apparaître une guitare pour Boris puis avec Zaléie, il se reconcentra sur le combat…

            Aucun des deux n’avait bougé, ils se fixaient si intensément que même leurs yeux semblaient figés.

« _ Je crois qu’ils attendent la musique de fond, dit Chaps.

_ Tais-toi et joue, répondit Ivan. »

            Vlad tira son harmonica et commença l’air d’Il était une fois dans l’Ouest. Il joua trois ou quatre minutes puis se tus. Lorsque la dernière note tomba, Licmael s’élança en avant, lame nue, et frappa son adversaire d’une botte détournée de bas en haut attaquant de front vers la tête, l’Ombre para le coup de son épée… Elle enchaîna les coups à une vitesse impressionnante, Licmael avait les plus grandes difficultés pour parer les coups, il recula, esquiva, encaissa les attaques mais ils résistait, il parvint à frapper l’Ombre au ventre d’un coup de pied qui la laissa interdite quelques instants. Profitant de ceci, Licmael lui porta une botte fatale. Voyant que la garde de son ennemie était baissée, il frappa d’un revers de sa lame à la gorge de l’Ombre.  

« _ Il se débrouille bien en définitive, dit Chaps en relevant la tête.

_ Ouais, répondit Vlad tout en regardant les cartes de Chaps, ils vont peut-être continuer encore longtemps on devrait parier réellement.

_ Non, trancha Ivan en jonglant avec ses pièces.

_ Comment pouvez-vous savoir si cela se passe bien si vous ne regardez pas ? demanda Valentino qui profitait de chaque instants pour jeter un coup d’œil au combat.

_ Tais-toi et joue, » ordonna Ivan d’une voix qui n’admettait aucune objection.

            L’Ombre laissa sa tête glisser en arrière, l’acier froid caressa sa chair, coupa sa peau en une fine ouverture au niveau de la jugulaire mais celle-ci n’était pas profonde et elle n’en fut pas gênée.

« _ Dommage, c’était bien tenté, dit Vlad.

_ Tais-toi et joue, » coupa Ivan.

            Licmael et l’Ombre se fixèrent encore. Ils remirent leur épée au fourreau et tirèrent leur baguette. Simultanément, ils les levèrent :

« _ Dejicere ! cria l’Ombre.

_ Obtundere ! » tonna Licmael.

            Les deux sorts se rencontrèrent dans une gerbe d’énergie, celui de l’Ombre prit le dessus mais Licmael l’esquiva.

« _ Frangere ! hurla-t-elle.

_ Parma, » fit-il instinctivement.

            Son bouclier dévia le maléfice.

« _ Nebula, » murmura-t-il. Une brume magique les enveloppa.

« _ Te cacherais-tu, petit frère ? Aurais-tu peur ? dit-elle.

_ Seul un fou serait confiant lorsque la mort rôde dans la brume, répondit une voix à peine audible.

_ Licmael, dissipe ce brouillard immédiatement, rugirent en cœur Ivan, Chaps – qui ne pouvaient plus jouer – Vlad – qui ne pouvait plus tricher – et Bartolomeo – pas pour les mêmes raisons.

_ Mais vous êtes fous, dit Zaléie, c’est une idée remarquable.

_ Je dirais même…, commença Adual.

_ On en a rien à faire, à cause de ça on ne voit plus les cartes et on ne restera pas ici pendant des heures à ce tourner les pouces, répliqua Ivan.

_ Et puis déjà que les voies du Seigneur sont impénétrables alors si en plus vous m’enlevez la lumière, expliqua Bartolomeo.

_ Bon, je vais voir ce que je peux faire. » C’était Zaléie qui avait parlé, il prit une pierre, la plaça devant lui puis murmura : «  Mutare…Lucerna…Lucis. » La pierre se métamorphosa en lampe puis un petit jet de lumière l’alluma, Zaléie la posa au milieu des joueurs.

« _ Voilà, ça vous convient ?

_ Il manque un petit quelque chose, trois fois rien, pensa tout haut Valentino, il fixa sa baguette sur la lampe : Levites. » La lampe s’éleva dans les airs et se stabilisa à une trentaine de centimètres au-dessus du sol. «  Voilà qui devrait être parfait, marmonna-t-il en se rendant compte qu’il n’avait qu’une paire de deux, on reprend ? » Et ils se remirent au jeu, Boris et Bartolomeo les avaient rejoint pour profiter de leur lumière. Zaléie et Adual arrêtèrent leur regard sur la brume, aucun bruit, aucune lumière et aucune émotion ne filtrait le mur qui s’élevait face à eux. Loup, à quelques mètres de là, assis en tailleur, semblait se concentrer intensément.

« _ Nul homme n’est égal dans sa marche vers le combat, dit Adual.

_ Et pourtant rien n’est plus long ou oppressant, » commenta Zaléie.

            A cet instant, Loup se releva, se retourna, fit quelques pas vers eux, s’avança jusqu’à Vlad, puis se rassit à côté de lui, prit ses cartes et lui tendit un livre. Vlad tourna et retourna l’objet, l’ouvrit, fit un clin d’œil à Loup puis s’écarta quelque peu.

« _ Qu’est-ce que c’est ? demanda Valentino.

_ Un livret d’amour romantique à l’usage des adultes de plus de 18 ans, dit Loup.

_ Vlad, ces manuscrits impies te perdront, indiqua Bartolomeo.

_ Et tu me sauveras à l’heure dite, » acheva Vlad.

            Soudain un cri retentit dans le brouillard : « _ Discutere ! » La brume se dissipa peu à peu mais ce qui émergea ne correspondait pas aux attentes des compagnons.

L’Ombre se tenait bien droite au-dessus du corps apparemment brisé de Licmael. Elle avait sa baguette pointée vers lui et il semblait qu’ils étaient entrain de ce parler.

« _ Tu as perdu, Licmael.

_ Il semblerait.

_ Tu souffres ?

_ Non, je me marre comme au premier jour, ça ne se voit pas ? »

            L’Ombre posa le pied sur le ventre de Licmael.

« _ Tu devrais apprendre le respect, petit frère ! » Elle appuya violemment et il cracha une gerbe de sang. Elle tira quelque chose d’une poche intérieure.

« _ Avant de mourir, père me donna ceci et me dit de te le transmettre quand je te reverrais, c’est une bague, met-là.  Licmael passa la bague à son doigt. Y a-t-il un effet particulier ? » questionna-t-elle. Il avait ressentit une vague impression de chaleur mais il répondit : « Non, pourquoi ?

_Pour rien, je pensais que notre père l’aurait peut-être investie d’une puissance particulière. »