Lorsque Licmael se réveilla, ses cheveux avaient rétrécit et son corps avait « dégonflé », il se releva, tourna la tête pour inspecter la chambre où il se trouvait puis décida de se lever. A ce moment-là, une chose lui parut bizarre : pourquoi était-il nu et pourquoi quelqu’un s’accrochait-il à lui ? Se préparant à dégager manu mili tari l’intrus qui avait du, lui semblait-il, avoir lâchement profiter de son inconscience pour abuser de sa « pureté corporelle », il se rendit compte qu’il s’agissait de Violaine. Le cri qui parcourut le château resta longtemps gravé dans les anales de celui-ci…
Dix petites minutes plus tard, Licmael dévalait les escaliers faisant valdinguer toutes personnes qui eu l’outrecuidance d’essayer de l’arrêter. Il parvint afin, traînant un majordome qui avait eu la gentillesse de bien vouloir le guider, devant une grande porte noire qui donner sur la salle d’audience. Sur celle-ci une tête de lion avait été gravée, le voyant déboulé tel un ouragan sur un pauvre vaisseau perdu dans les flots obscurs, elle leva un œil et commença ce qui aurait du être une phrase dramatique :
« _ Avant de passer, à la question tu devras répondre, si réponse incorrecte, repartir tu devras !... » Mais Licmael ne ralentit même pas la cadence tout en prenant sa baguette il la pointa sur la porte et hurla :
« _ Ouvre-toi !
_ Non !
_ Alors dégage… Lindorn ! » La porte vola en arrière comme si elle était aussi légère qu’une plume, dans un fracas retentissant long et terrible comme le cri d’agonie d’une âme déchirée elle retomba intact. Il l’enjamba brusquement et bondit dans la salle assommant au passage le chambellan qui voulut lui demander, très professionnellement, son nom… C’est alors que trois hommes portant chacun une armure de plates complètes en écailles de dragons rouges et une épée au pommeau d’or relevé de diamants l’arrêtèrent en pointant sur lui leur lame, ils ne lui laissaient qu’une solution : les envoyer valser ailleurs…
« _ Debilitare ! » Ils se figèrent en un instant et tombèrent au sol dans un bruit sourd et métallique, il continua en courrant traversant la salle sans un regard pour les courtisans qui s’écartaient indignés sur son passage. Arrivant face à l’Empereur, il se tourna vers les trois mages et les compagnons qui étaient assis à sa droite et cria :
« _ Qu’est-ce qu’elle fout ici ? Vous délirez ou quoi ? Laissez-là en dehors de tout cela sinon je vous flingue, compris ? On dois se marier dans… On est quel jour ?
_ Le vingt-cinq, pourquoi ? demanda Chaps avec un sourire entendu adressé aux autres.
_ Le vingt-cinq ! aboya-t-il. Mon mariage est le vingt…vingt-huit ! Alors vous allez nous réexpédiez illico presto dans le monde réel et ensuite vous allez nous laissez pénares, comprendes !
_ Alors là c’est toi qui va nous écouter, commença Loup.
_ C’est assez difficile à dire mais… continua Ivan
_ Vous n’avez plus de famille dans le monde réel tous vos parents sont morts… enchaîna Boris.
_ On pense que c’est un coup du Monarque Maudit, poursuivit Bartolomeo.
_ Donc on a fait venir nos familles et Violaine, avança Chaps.
_ Et on pensait faire votre mariage ici, acheva Vlad, mais tu as légèrement plombé l’ambiance…
_ C’est une blague, articula-t-il péniblement, vous vous payez ma tête…
_ Non, chéri, » dit une voix caressante derrière lui, il se retourna pour se retrouver face à face avec Violaine, se laissant allez doucement il l’a prit dans ces bras et l’embrassa… Quelqu’un s’éclaircit bruyamment la gorge derrière eux, Licmael sentit son teint viré au rouge carrosserie et se retourna, cachant involontairement Violaine dans son dos, afin de savoir qui voulait leur « parler »…
Un homme d’une stature imposante lui faisait face, il arborait une tunique d’un blanc pur sur une armure d’or, sa voix n’était cependant pas aussi belle que son équipement : « Vous êtes face à l’Empereur, alors essayer de lui montrer du respect et un minimum d’attention ! » Cette déclaration eut l’effet d’une douche froide pour Licmael, sa température corporelle revenant à des niveaux habituels sa couleur redevint également normale. Fermant les yeux une seconde il rassembla tout ce que son esprit avait gardé comme informations concernant les bonnes manières et un langage châtié, puis prit la parole, s’adressant à l’Empereur, sur ton calme : « Empereur, moi, Licmael, couramment appelé Le Semiel, et mes compagnons avons été amenés ici pour des raisons qui ne nous sont pas connues et les causes pour lesquelles nous devrions, d’après ce que nous avons cru comprendre, nous battre sont encore trop obscures pour que nous puissions les entendre complément. Ainsi donc voilà ce que nous avons décidé : nous accepterons de combattre lorsque l’on nous aura instruit de ce que nous devons savoir pour nous y entendre dans cette affaire. Maintenant et en attendant que vous nous dépêchiez les personnes habilitées à nous apprendre ces choses-là, nous nous retirons afin de prendre repos. » Et tournant les talons, il sortit immédiatement suivit par les autres, arrivant à la porte, il s’arrêta et levant sa baguette murmura : « Reficere. » La lourde porte se redressa et se replaça contre le mur, elle brilla légèrement et la tête de lion s’étira puis lui lança un clin d’œil avant de faire pivoter la porte. Au passage de l’embrassure ils entendirent un mot de remerciement et Chaps ne put s’empêcher de répondre : « De rien. »
Sortant du palais, ils décidèrent de descendre dans la première auberge tranquille qu’ils trouveraient. Aucun d’entre eux n’étaient pleinement satisfait de sa décision mais nul n’osait dire tout haut ce qu’ils pensaient tout bas : la vision de sa puissance les avaient enclins à la plus grande prudence le concernant. Loup et Bartolomeo qui seuls étaient célibataires – entendu du fait que Vlad était trop imprévisible dans ces cas-là et que Chaps avait autre chose à faire – allèrent chercher Deriam, puis l’on descendit dans les ruelles sombres et étroites de la vielle ville. L’Auberge des troubadours, où ils élurent domicile, leur apparut, nichée dans une petite rue qui filait en pente douce vers une petite place lumineuse, fraîche et agréable, tout à fait propice à la retraite qu’ils comptaient prendre. Alors que Vlad et Loup cherchaient Franck et Hans en ville, que Boris et Ivan inspectaient rapidement les alentours et que Violaine et Florence s’enquéraient du coût de l’hébergement, Chaps et Licmael s’occupèrent d’installer au mieux Deriam encore souffrante, tandis que Nadjejda et Bartolomeo arrangèrent la chambre de ce dernier pour qu’il puisse prononcer l’office du soir. Vers sept heure, ils dînèrent puis entendirent l’office avant de se coucher sans avoir néanmoins organisé des tours de veille au chevet de Deriam.
Au matin, ils partirent afin de s’entraîner dans les plaines au devant de la ville. Descendant vers les portes, ils décidèrent de la visiter pendant l’après-midi. Ils passèrent la matinée à essayer de maîtriser leurs nouveaux dons, tentant d’en découvrir les limites les plus lointaines et écoutant attentivement les conseils de Licmael. De fait à midi, lorsqu’ils remontèrent vers l’auberge, une foule de badauds les encadra, mêlant des regards curieux et méfiants. Parvenant à l’auberge, le regard de Loup s’arrêta sur une jeune femme, brune et fine, qui descendait la rue un lourd panier à la main. Jetant un clin d’œil aux autres, il s’avança vers elle puis après de courtes présentations il prit le panier et se laissa guider par elle. Ils continuèrent encore un peu avant de prendre une rue perpendiculaire.
« _ Il n’a pas perdu son temps, remarqua Vlad.
_ Je crois que Camille va être bientôt remplacée, dit Boris.
_ Cette femme me fait une impression bizarre, indiqua Licmael.
_ C’est-à-dire ? s’enquit Chaps.
_ Une aura magique émane d’elle, il vaudrait mieux la surveiller, répondit-il.
_ Tu veux qu’on les suive ? questionna Vlad.
_ Si ça te fait plaisir. »
Et Vlad se glissa à leur poursuite accompagner par Chaps. Bartolomeo, Boris, Ivan et Licmael se regardèrent puis entrèrent dans l’auberge. Ivan monta voir comment se porter Deriam. Une porte claqua et il cria :
« _ Licmael, on a un problème. »