Un court silence suivit cette déclaration, tous eurent l’impression qu’un ange passait au-dessus d’eux puis Valentino prit enfin la parole :
« _ Bon on va commencer par le début… ça sera plus facile pour vous et pour moi – surtout pour moi d’ailleurs…
_ Comment ça ‘surtout pour moi’ : vous connaissez l’histoire ou pas ? demanda Chaps.
_ Oui, mais comme tous ce qui touche de près ou de loin aux Zelaznyns cette histoire mêle désespoir, trahison et puissance : il faut que vous compreniez que l’une des règles élémentaires des Zelaznyns leur interdit d’abandonner un combat : la victoire ou la mort tel était leur devise. Celle-ci a très fortement influencé la destiné de Zoran, il a commencé par vaincre tous les guerriers qui se présentaient devant l’Empereur ou nous…
_ Une minute, vous avez dit que Zoran était auprès de l’Empereur, comment cela se fait-il ? demanda Licmael, glacial.
_ Oui, il fut élevé auprès de lui et nous fûmes ses instructeurs, lâcha-t-il dans un souffle, avant de se reprendre, ça fait vraiment pas bien dans un c.v. mais c’est la vérité : nous lui avons appris à se battre. Et nous l’avons regretté… amèrement. Lorsqu’il eut dix-sept ans, il commença à défier tous ceux qui se présentaient à la cour, laissant passer les adversaires qui s’étaient honorablement battus, tuant les autres. Au bout d’un an, l’Empereur lui ordonna d’arrêter ses exactions et l’envoya en ambassades dans le Sud où le Roi manifestait quelques belliqueuses volontés, Zoran partit avec une escorte de dix hommes, dans le Sud il provoqua le monarque régnant en duel, le tua et prit son trône, seul un garde revint les yeux crevés, les oreilles coupées, accroché à la selle de son cheval – ses jambes et ses bras ayant été tranchés – sa langue arrachée pendait, négligemment accrochée – avec les oreilles – à la corde qui soutenait les têtes de ses compagnons et de l’ancien prince ainsi qu’un parchemin explicatif. Et il n’avait fait ça que pour le plaisir…
_ J’aimerai posé une question, coupa Vlad.
_ Faîtes.
_ Et bien voilà : dans un état pareil cet homme était totalement inutile alors pourquoi s’embêter à vous le renvoyer et qu’est que ce dernier à bien pu vous apprendre ?
_ Et bien d’abord nous avons du faire acte de chirurgie : nous lui avons ‘recoller’ la langue et les oreilles – grâce à quelques sorts très efficaces – puis nous lui avons greffé des jambes et des bras magiques par contre on a rien pu faire pour les yeux. » Les compagnons les dévisagèrent bizarrement. Valentino fit la moue puis reprit :
« _ Nous ne sommes pas des dieux quand même… Sérieusement, nous apprîmes grâce à lui que Zoran avait trahis ses anciens idéaux et qu’il s’était définitivement tourné vers les puissances de la ruine. Depuis ce jour, Zoran – si c’est encore lui – se fait appelait le Monarque Maudit et il a mené deux grandes guerres contre les peuples du Nord. Mais aujourd’hui il a prit une avance considérable sur nous : ses armées ont été renforcées par des créatures mutantes envoyées par les sombres dieux mais plus que tout c’est sa garde personnelle composée exclusivement des sorciers les plus puissants et les plus sanguinaires qui soient qui le rend redoutable. Aucun de nos propres mages ne peut lutter contre des adversaires comme eux – comme Deriam par exemple – c’est pour les vaincre que nous avons besoins de vous…
_ Donc en gros, vos armées sont moins nombreuses, moins bien équipées, moins puissantes et vous voulez que nous vous assurions la victoire, commenta Licmael, dites-moi : croyez-vous aux miracles ?
_ Pourquoi ?
_ Parce que c’est la seule solution qui vous reste… Mais bon – il embrassa du regard les compagnons – on doit bien pouvoir vous donner un coup de main.
_ Merci, lui répondit Zaléie en hochant la tête.
_ Bon, alors on reprendre de bonne habitude, comme à la Légion, alors Lieutenant Barrière et Sous-Lieutenant Lestine vous allez inspecter toutes les troupes présentes et vérifiez particulièrement leurs capacités à agir de concert – Loup et Boris acquiescèrent puis sortirent, Licmael se tourna vers Ivan et Bartolomeo – Sous-Lieutenant Ouliopov et vous Aumônier général Santiani vous allez jeter un coup d’œil aux équipements des hommes – armuries, magasins, etc.… Quand à vous deux, Caporaux Smith et Van Derbrat vous avez carte blanche : ramenez-moi un rapport détaillé sur le moral, la motivation et la confiance des troupes envers leurs hiérarchies, plus vous aurez d’informations et mieux se sera. Maintenant : rompez, si vous cherchez je serai dans une bibliothèque. »
Cinq paires de talons claquèrent de manière très militaire et ils s’évanouirent dans la cité. Licmael se retourna vers les trois mages qui lui indiquèrent l’emplacement de la bibliothèque la plus proche avant de convenir que de toutes façons on n’avait pas besoins de Valentino à palais et qu’il pouvait donc l’accompagner afin de répondre à ces éventuelles questions.
Loup frappa trois coups à la solide porte de la caserne principale, le garde ouvrit le judas pour lâcher une agressive demande d’intention. Boris lui répondit, poliment, qu’ils venaient pour une inspection des troupes : le rire du soldat se figea dans sa gorge lorsqu’il jeta un coup d’œil à leurs armes…