VEF Blog

Titre du blog : Littérature assassine...
Auteur : LazloSprand
Date de création : 23-11-2008
 
posté le 28-05-2009 à 22:26:35

5 septembre...(1)

           James et Kate bavardaient tranquillement assis à leurs places. Aspidistra entra en coup de vent et se dirigea directement vers eux.

« J’ai appris une ou deux choses intéressantes sur le nouveau, dit-elle.

_ Hum, » grommela James visiblement déçut de cette arrivée « inopportune. »

« Je peux avoir ces quelques informations ? demanda Kate en faisant la moue.

_ Voilà, tu connais le club Ya-chi-ru ? interrogea Aspidistra.

_ Bien sur, rétorqua Pierce, c’est le club qui a pour but avoué de combattre les gangs… et il en fait parti ?

_ Plus ou moins.

_ Ca expliquerait son intervention d’hier soir et en partie son attitude quelque peu froide envers nous.

_ Pourquoi ? interrogea Kate.

_ Pour un membre du Ya-chi-ru, les voleurs des gangs ne sont que des monstres et ceux qui les tolèrent ou ne font rien pour les arrêter ne sont pas plus dignes de pardon ou de pitié qu’eux, expliqua James. Est-ce que tu as une idée de son rang dans le club ?

_ La dernière fois que j’ai entendu parlé du club, c’est parce qu’un élève avait, en un peu moins de trois ans, atteint le statut de maître : depuis je crois qu’il continu à gravir les échelons mais il y a un an il aurait été exclu.

_ Il se pourrait que ce soit lui ?

_ Oui, d’après mes souvenirs les caractéristiques physiques concordent.

_ Excusez moi, mais à quoi correspondent les statuts de maîtres et d’élèves au juste ? s’enquit Kate.

_ Lorsque quelqu’un rejoint le club, il devient un élève attaché à un maître ayant fait ses preuves, commenta James. Lorsqu’il a atteint le niveau d’une ceinture noire – ou équivalent – en Judo, Karaté, Aïkido, Ju jutsu et en Kendo, l’élève est intronisé maître, ces derniers se classent au sein du club en fonction de leur force – un peu comme les capitaine au lycée – les quarante premiers reçoivent un rang et une tenue de combat appropriée. Au cours de leur enseignement, les élèves ont utilisé pour s’entraîner le shinai<!--[endif]--> mais les maîtres ont leur propre arme avec ses caractéristiques propres… »

            L’arrivée de Hans Van Halem<!--[if !supportFootnotes]--> mit fin à leur discussion. Sa veste blanche en coton flottait sur son uniforme de velours noir, une ceinture de cuir ceignait ses vêtements à sa taille. A celle-ci pendait une épée d’escrime. Il était le plus jeune de tous les capitaines de la chambre, seulement âgé de quinze ans et faisait partie de leur classe, et peut-être celui qui essayait réellement le plus de faire son travail sérieusement. Il avait atteint sa position grâce à ses connaissances dans les anciennes techniques de duel. Son autorité était parfois remise en question par certains élèves de terminale mais sa popularité était fermement ancrée parmi ceux de seconde à tel point que leur appui lui était souvent précieux. Il se dirigea directement vers eux l’air à la fois distrait et furieux comme s’il avait perdu quelque chose de très précieux voir même de vital. Ses sourcils légèrement froncés furent la première chose qui les frappa.

« _ Où est-il ? demanda-t-il sans ambages.

_ Qui ? s’interrogea James.

_ Le nouveau à moitié bon pour l’asile qui fait partie de notre classe, répondit Hans.

_ Il est pour l’instant introuvable, répliqua James sur le ton de la confidence.

_ Trouvez-le ! cria le capitaine.

_ Pourquoi ? Tu as envie de l’affronter ? Hansounet. » Hans se retourna, Roman se tenait dans l’encadrement de la porte de la classe – ils étaient plus ou moins en froid depuis une sombre histoire de devoir de maths et d’exposer de français. Les deux élèves se jaugèrent du regard.

« Pour toi c’est Capitaine Van Halem, minable. Et sache que je ne tiens pas à l’affronter mais à lui donner une leçon…

_ Hum, hum… » Shin les regardait, accoudé contre le mur du couloir, il portait le même uniforme que la veille mais ses cheveux étaient cette fois maintenu en arrière par un bandana. Lentement, il s’avança vers sa place, posa son sac sur le bureau et pivota pour leur faire face.

« Je n’ai aucune raison de me battre contre des lâches comme vous, incapables de protéger les faibles qui ont besoins des forts. Le jour où vous serez capable de ne pas lutter pour vous-même mais pour ceux qui en ont besoin, alors peut-être que vous vaudrez la peine d’un combat.

_ Je te trouve bien arrogant pour un nouveau, répondit Hans. Et pour tout dire je ne pense pas que tu sois si fort que cela. Tu inspires la peur à des froussards parce que tu sais être effrayant. C’est cela, tu es un bon acteur, mais rien de plus. Et si tu refuses le combat, c’est que tu es, toi aussi, un lâche.

_ Je n’ai pas à justifier d’une conduite honorable, » trancha Shin glacial et légèrement condescendant. Il tira un livre et se détourna pour lire avec un mépris certain et calculé envers son interlocuteur.

« Il est toujours comme ça, Hans, expliqua Pierce qui venait d’entrer avec Phoebe, il ne changera pas : son arrogance n’a d’égale que sa force et la dureté de son code d’honneur.

_ Un code d’honneur ? s’enquit Roman.

_ Fondé sur les quatre accords toltèques… commença Pierce.

_ Il y a encore des gens pour respecter ce genre de principes ? coupa James étonné.

_ Il est très samouraï dans le fond, convint Phoebe.

_ C’est quoi les quatre accords toltèques ? l’interrogèrent conjointement Aspidistra, Kate, Roman et Hans du plus profond de leur inculture.

_ Alors pour les incultes les quatre accords sont : que votre parole soit impeccable, ne réagissez à rien de façon personnelle, ne faites aucune supposition, faites de votre mieux, exposa James.

_ Vraiment bizarre ce type, » grommela Roman en regagnant sa place.

            Les cours s’enchaînèrent sans entrain ce matin-là. A dix heures, durant la récréation, Shin trouva sur son bureau la lettre symbolique de défi que lui envoyait Hans en réponse à la provocation matinale. A midi, il monta sur les toits et commença à se préparer. Lorsque les quatre se présentèrent afin d’arbitrer le duel, ils attendirent Hans sur le palier puis se mirent en quête de Shin. Ils le trouvèrent méditant sur la splendeur du soleil dans son apogée quotidienne. Sa tenue était simple et fonctionnelle : des vêtements en toile renforcés à certains endroits par des morceaux de cuir, une ceinture tressée noire lui ceignait la taille. Pierce et Phoebe mangeaient dans un coin.

« Tu es prêt ? questionna Hans.

_ Oui, » souffla-t-il sans les regarder.

            Hans tira son épée d’entraînement et se mit en garde. Shin l’ignora, ses yeux semblaient perdus dans l’immensité de l’horizon.

« Tu t’es déjà battu j’imagine ? » demanda-t-il plantant son regard de sang dans les yeux bleu acier de Hans.

La peur n’était pas comparable au sentiment qui envahit ce dernier, un frisson parcourut tout son corps et il comprit qu’il ne pourrait pas l’emporter face à lui. « C’est ça le regard de quelqu’un qui a vu la mort en face. » Cette idée le traversa alors qu’il luttait pour garder son calme.

« Oui, pourquoi ? rétorqua Hans en faisant son possible pour ne pas lâcher sa position.

_ Quelle a été ta réaction à la fin de tes combats ? As-tu jamais ressenti des remords ? Ou ne connais-tu pas la peur de celui qui donne la mort ? Sais-tu comment tu réagirais si tu devais le faire ?

_ Je… je ne sais pas… je ne me suis jamais… posé la question… » Son esprit réfléchissait à toute vitesse. « Bouge, bouge, s’il t’attaque maintenant, tu es vaincu. Bouge ! » Mais semblait paralysé. « C’est la différence entre toi et moi : voilà pourquoi je n’ai pas besoin de me battre contre toi, parce que dans le fond j’ai déjà gagné. » Il pivota sur ses talons et s’avança vers la sortie. « Lorsque tu auras trouvé la réponse à cette question au fond de ton cœur, alors je t’affronterai. » Il disparut dans l’escalier après avoir récupéré ses affaires.

Hans se retourna et fixa Pierce et Phoebe. Il tremblait encore légèrement. « Il est toujours comme ça ? » Elle opina du chef et posa son regard sur le ciel. Pierce soupira et s’appuya contre le mur comme pour dormir.

Aspidistra se tourna vers les autres. « Il est bien plus fort que nous ne le pensions. » Elle marqua une pause. « Il a vaincu un Capitaine avec ses seules paroles et son regard. » Hans grogna.

« Tu étais paralysé, il t’aurait envoyé à terre d’un coup de poing s’il l’avait voulu, lui fit remarquer Roman.

_ Il ne se bat pas comme nous, tout simplement, » reconnu James en se massant les yeux. «  Mais sa méthode est bien plus efficace… et moins dangereuse. »