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Titre du blog : Littérature assassine...
Auteur : LazloSprand
Date de création : 23-11-2008
 
posté le 28-05-2009 à 23:15:12

7 septembre...

Aspidistra passa la porte de la classe en se disant qu’elle devait en parler à Shin plutôt que de garder cela pour elle.

« Je suis désolé, dit Aspidistra en baissant la tête devant Shin.

_Pardon ?

_J’ai appris pour…. »

Pierce passa et lui donna une petite claque sur la tête.

« Idiote, Shin, le directeur veut te voir.

_D’accord, merci Pierce. »

Il sortit.

« Idiote, ne lui parle pas de ça, tu ne feras que l’énerver. Ca serait dommage vu qu’il t’aime bien. »

Aspidistra songea : « La première étape semble être bien entamée, il faudrait que je commence à passer à la phase suivante. Feignons l’innocence pour l’instant… »

« Pardon ?

_Cette nuit, il rêvait de toi : je l’ai entendu dire « Aspidistra, Aspidistra » jusqu’à m’en donner des insomnies.

_Tu te moques de moi, ça se voit sur ton visage. Et d’abord il n’habite pas chez vous.

_Non, cependant hier il a dîné et dormi à la maison, lui expliqua Pierce.

_Si Pierce est comme ça, c’est parce que Shin t’aime bien : il ne supporte pas d’avoir moins de succès que lui dans cette matière. Ca dure depuis leur plus jeune âge, murmura-t-elle à l’oreille d’Aspidistra, et ce qui énerve le plus de Pierce c’est que Shin n’essaie jamais de séduire les autres il le fait naturellement une fois intégré.

_Je comprends.

_Non, tu ne comprends pas : si tu comprenais ce qu’elle vient de te dire tu lui sauterais au cou, tu l’embrasserais fougueusement et tu lui demandes de sortir avec toi… »

Un coup de poing rageur mit fin à ses délires d’agent matrimonial en l’envoyant compter les étoiles de l’autre côté de la salle. Shin venait de revenir.

« Que ça soit très claire je ne sortirais avec personne ni cette année, ni jamais. »

Il partit.

« Yes, ça va devenir intéressant, s’enthousiasma Pierce tout en se massant la joue.

_Ce que tu peux être gamin quand même, répliqua Phoebe.

_Ne me gronde pas, c’est plus fort que moi. »

Ils se retournèrent mais Aspidistra s’était déjà enfuie.

« Vraiment très intéressante, cette fille. »

            Les cours de l’après-midi n’eurent pas lieu, celle-ci étant consacrée aux rencontres des nouveaux élèves avec les différents clubs du lycée. Pierce força Shin à venir eu club de soccer.  Pierce expliqua à Shin que le club comptait deux équipes : celles des secondes, dont il était le goal et le capitaine, et celle de 1ère/Terminales. Le système de jeu de ces derniers se basait sur un modèle très défensif – 6 défenseurs, 3 milieux, 1 attaquant – axant ses chances offensives sur la réussite de son seul attaquant de pointe Marco. Le capitaine de l’équipe était le libéro Lothar. Shin et Pierce observèrent leur jeu pendant qu’ils faisaient un match contre l’équipe des remplaçants composés uniquement  d’élèves de 1ère.  Pierce lui parla un peu des élèves, titulaires et remplaçants, et des objectifs du club.

« Nous voulons nous qualifier pour le Tournois National mais pour ça nous devrons battre l’équipe du lycée Mac Mulligan.

_Qu’est-ce qu’ils ont de spécial ?

_Ils ont atteint 16 fois d’affilée le Tournois National en remportant les Tournois municipaux et régionaux, ils recrutent en cours d’année les meilleurs joueurs de la régions pour aligner l’équipe la plus polyvalente possible.

_Vous jouez avec quel système de jeu ?

_3-3-4, avec deux défenseurs volants et deux ailiers offensifs. Tu veux faire un match ?

_Pourquoi pas, à la limite je suis là pour ça, non ? »

             Pierce lui présenta les autres membres de l’équipe : Franck, le libéro, Paolo et Tony, les arrières latéraux, les frères Bobby, milieux centres, Diego et Johann, ailiers et enfin Chris et Brian, avants-centres. Pierce demanda à Shin de jouer numéro 10 puis il s’arrangea avec Lothar pour jouer un match équipe A contre équipe B.

            Le match débuta par le coup d’envoi donné par les titulaires. Les deux équipes passèrent les cinq premières minutes à s’observer et à prendre leurs marques.

La première action fut un centre du numéro 9 adverse qui centra dans la surface de Pierce. Le numéro 10 se projeta devant Paolo chargé de le surveiller. En même temps, il devina la trajectoire du ballon qui décrivit un léger arc de cercle. Le ballon, frappé avec précision, n’était plus qu’à quelques mètres, il s’éleva dans les airs et dévia le centre. Mais Pierce avait parfaitement compris son intention et arrêta le ballon juste sur la tête de son adversaire.

Le match s’éternisa. Lorsque sur une intervention lumineuse de leur capitaine les titulaires lancèrent une contre attaque foudroyante, le numéro 10 passa la balle à Marco, à six mètres des buts de Pierce. Il était dos au but et s’apprêta à pivoter pour tirer en se retournant. Les joueurs retirent leur souffle… Marco a pivoté, il allait tenter sa chance… Pierce avait étendu ses jambes et ses bras au maximum, cherchant à occuper le plus d’espace possible à la manière d’un gardien de handball. Lentement le ballon quitta le pied de Marco, s’éleva vers les buts mais il heurta la main gauche de Pierce et rebondit sur le côté. Franck le récupéra et le passa à Paolo qui remonta le  terrain balle au pied, fit une une-deux avec Diego puis centra, Brian la reprit du plat du pied. Le gardien la dévia en corner.

Le score était toujours bloqué à 0-0 et il ne restait plus que cinq minutes à jouer. Le corner fut tiré par Paolo et repoussé du poing par le gardien. Posté sur la ligne des dix-huit mètres, Shin vit le ballon arriver droit sur lui, comme une passe du destin. C’était l’occasion à ne pas manquer. Il s’appliqua à respecter le conseil que tous ses entraîneurs lui ont donné des centaines de fois :

« Soit spontané pour réussir ! »

Il recula légèrement pour ajuster son tir. Frappé avec force, le ballon décrivit une courbe parfaite et le gardien l’entendu siffler dans ses oreilles. Il avait marqué, il avait gagné 1-0. Lothar lui serra la main et lui demanda :

« Tu t’es inscrit au club ? 

_Non. 

_Tu devrais. »

            A seize heures trente, les activités des clubs cessèrent. Shin et Pierce retrouvèrent Aspidistra et Phoebe aux portes du lycée. Ils rentrèrent ensembles. Shin les avertit qu’il devait faire quelques emplettes avant de rentrer et les abandonna à l’angle de Victory Avenue et de Reggan Street. Pierce décréta qu’ils devaient raccompagner Aspidistra, ce que Phoebe approuva et ils partirent donc vers Church Avenue.

« Je voulais te dire que nous étions sérieux tout à l’heure à propos de Shin, commença Pierce.

_Il a vraiment beaucoup d’affection pour toi, reconnu Phoebe.

_Mais je reconnais qu’il ne fera jamais le premier pas.

_Pourquoi ? » s’enquit Aspidistra. « Ce doit avoir un rapport avec sa mère adoptive. » Cette pensée lui traversa l’esprit sans qu’elle en laissa rien paraître.

« Il n’a pas encore trouvé au fond de lui la force pour surmonter la perte de Georgina.

_Et puis il est idiot… Mais il y a plus grave… » Le visage des jumeaux se fermèrent et s’assombrirent.

« Il est atteint de deux « problèmes » génétiques quasi-inconnus, les mots semblaient douloureux pour Pierce. Son groupe sanguin est unique au monde – en tous cas d’après les médecins – c’est le groupe S, comme Shin. Ce groupe est inconnu des scientifique mais d’après quelques tests ils sont arrivés à deux conclusions : un, il ne peut pas donner son sang et deux, il ne peut pas en recevoir. Mais le plus grave, c’est son instabilité génétique : son ADN n’est pas stable. Il peut avoir des transformations génétiques foudroyantes : avant il avait les cheveux blond, presque blanc, en un mois ils sont devenus noir de jais. La dernière mutation génétique qu’il a connue a frappé au niveau des yeux, en une semaine ils ont pris leur couleur actuelle.

_C’est pour ça qu’il ne veut pas se marier, il ne veut pas que ses enfants soient comme lui : anormaux selon ses propres termes, poursuivit Phoebe.

_Pourquoi  vous me dîtes tout ça ?

_Pour que tu puisses l’aider. Chacun de nous a eu sa façon à lui de réagir face à la mort de Georgina et d’extérioriser ses sentiments, Pierce par le rire et le sport, moi par la danse et Shin par la violence.

_On est arrivé. »

Ils l’embrassèrent et s’en furent. Aspidistra les regarda disparaître dans les profondeurs de la ville. Une larme coula sur sa joue, elle pensait à lui plus par compassion que par devoir pour une fois…

Il y eut un soir, il y eut un matin…