Un homme en complet gris, cheveux poivre et sel sérieusement taillé en arrière et petite moustache de phoque ridicule obscurcissant ses traits, attendait à la porte du lycée en tirant sur sa pipe comme une bourrique sénile attendant le retour d’un bateau ayant fait naufrage depuis longtemps. Lorsque les élèves commencèrent à sortir il s’avança vers Shin en tendant la main avec un sourire aussi faux que celle-ci était molle, glissante et vicieuse.
« Shin, mon garçon, il faudrait que nous parlions, cette lettre vraiment, on doit pouvoir s’arranger…
_Rien, monsieur, ne me fera changer d’avis, ma route est droite et claire car elle est éclairée à la lumière de la loi et de la justice et rien n’est supérieur à la loi si ce n’est l’Eternel. »
Shin se détourna, en ignorant la main tendue, après ses paroles glacées, l’air sombre et les sourcils froncés. Le vieux monsieur resta planté là sans trop savoir ce qu’il devait faire. Pierce le salua de la main puis rattrapa Aspidistra qui lui faisait signe.
« Eh bien dis-moi, les relations ne sont pas au beau fixe, loin s’en faut, entre eux, commenta Pierce.
_C’est qui ce type ? le questionna Aspidistra.
_Monsieur Pajol, chef de district des Scouts Américains de la région.
_Quel est le motif de litige ?
_Shin était chef de patrouille l’an dernier dans une troupe mais à la suite de différents problèmes il a envoyé une lettre de démission au national ainsi qu’à un certains nombre de personnes annexes.
_Ca n’a pas plu ?
_Oh non, Shin était assez bien vu somme toute par sa hiérarchie parce qu’il était motivé, son départ a jeté un sacré froid, et je ne parle pas de la lettre…
_Je pourrais la lire ?
_Si ça t’amuse… Shin attend, je dois passer chez toi ! »
Il y eut un soir, il y eut un matin…