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Titre du blog : Littérature assassine...
Auteur : LazloSprand
Date de création : 23-11-2008
 
posté le 09-06-2009 à 23:26:42

15 septembre...

"Qui l’eu crut ? Cet asocial antipathique est un prodige qui semble capable de s’adapter quelque soit le sport auquel il s’essaye. »

Kate continua à lire son journal de qualité douteuse.

« Sa constitution musculaire le lui permet et sa capacité de copiste le rend de surcroît totalement imprévisible pour un joueur qui ne le connaît pas bien. Il ne lui manque réellement que peu de chose. »

Aspidistra finit de sortir ses affaires avant d’ajouter : 

« La modestie, l’ouverture sur les autres, l’intelligence et l’humour pour ne citer que les principaux problèmes à résoudre. 

_Tu es dure il fait son possible. Et je dirai qu’il est déjà plus chaleureux qu’au début de l’année, non ? »

Aspidistra se rembrunit.

« En partant d’un niveau   iceberg ce n’est pas vraiment difficile. »

Kate rit en pliant son journal.

« Et tu n’es pas assez folle pour fondre entre ses bras de givre ? »

Aspidistra devint plus rouge qu’une pivoine.

« Et j’ai tout à fait raison ! »

Pierce entra alors avec Phoebe. Celle-ci salua distraitement puis s’assit à sa place à côté de la fenêtre, l’air songeur. Aspidistra la montra d’un clin d’œil et d’un mouvement de tête à Pierce.

« Elle est dans les nuages depuis deux, trois jours, rien de grave. »

Kate le fixa puis jeta un regard à Phoebe.

« Amoureuse ? 

_Non, inquiète. 

_Pourquoi ? »

Pierce soupira.

« Depuis que notre oncle est mort, elle déprime un peu, surtout pour ce qui concerne Shin, c’est lui qui s’en occupait et ils vivaient ensembles. Mais depuis sa mort, Shin vit seul et ça lui fait peur. 

_Pourquoi ? 

_Shin n’est encore qu’un enfant quoi que l’on puisse croire, quelque soit sa maturité, son sérieux et sa capacité de réflexion ce n’est qu’un paravent pour cacher sa véritable nature : un timide introverti qui n’avance pas vers les autres parce que ceux-ci lui font peur. »

Aspidistra et Kate le regardèrent en chien de faïence.

« As-tu au moins une preuve ou un exemple à apporter à notre connaissance pour qu’on puisse imaginer cette éventualité ? »

Pierce s’établit sur une table délaissée dans une posture improbable qui n’était pas sans rappeler celle des vieux indiens au coin du feu dans l’opacité incertaine des longues soirées d’hiver dans les vastes plaines enneigées s’étendant au bord de la Cordillère des Andes.

« Par où commencer ? Le début de l’année quand il s’élevait dans sa tour d’ivoire ? Quand il refusait de venir au club de soccer parce qu’il ne se jugeait « pas assez bon » selon ses propres termes ? Quand il te ramène chez toi et qu’il est infoutu de comprendre que tu veux sortir avec lui ? Choisis, j’en ai d’autres en rayon. »

Ce fut au tour de Kate et d’Aspidistra de s’asseoir. La teinte pivoine de cette dernière évoluant dangereusement vers celle l’écrevisse bouillie, Kate décida de lui tendre une feuille de papier pour s’éventer avant de connaître le triste sort de l’animal susnommé.

« Ce n’est pas la peine et ne reparle plus de ce triste jour. Et puis descend de là, le professeur va bientôt rentrer. »

Pierce s’exécuta docilement puis au moment où il passait à côté d’Aspidistra, il se pencha et lui souffla à l’oreille : 

« Mais elle peut aussi bien être amoureuse, qui sait ? »

La journée se passa globalement comme on aurait pu le penser ou en tout cas dans les grandes lignes et si on oubliait scrupuleusement de noter les innombrables disputes « de ménage » entre Aspidistra et Shin, devenues en peu de temps une attraction si courue que l’on aurait pu croire à son immémorialité ; le nombre outrageant de compliments que reçurent Hans et Leila ; et le nombre tout aussi improbable, et que l’on eut tout d’abord pu penser ineffable, de petits billets doux que devait ouvrir et lire, machinalement et avec un détachement hors des limites humainement acceptables du sang-froid et de l’habitude, Jimmy au différentes récréations de jour.