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Titre du blog : Littérature assassine...
Auteur : LazloSprand
Date de création : 23-11-2008
 
posté le 13-06-2009 à 23:58:11

20 septembre...

           Jimmy ne vint pas assister aux cours ce matin-là, Hans manquait également à l’appel et il fut bientôt acter que l’un avait accompagné l’autre pour le tirage au sort du premier tour du tournoi municipal. Pierce n’était pas en cours lui non plus.

Il fallut attendre la récréation du matin pour qu’un événement intéressant se produise. Un élève de première entra dans la classe, de son œil droit – le gauche avait un cocard – il chercha quelqu’un puis s’avança jusqu’à se placer juste devant Shin.

« C’est toi Shin Itchie ? 

_Oui.

 _J’ai ça pour toi. »

Il déposa un petit paquet sur le bureau puis se retourna.

« Qui te l’a donné ? 

_Une fille. »

Shin le fixa.

« Elle t’a mit dans cette état ? »

L’étudiant eu un instant d’hésitation.

« Oui. »

Shin sourit imperceptiblement.

« Merci. »

L’autre sortit et Shin resta à inspecter le présent de Lué. Lentement il tendit la main, l’attrapa, le palpa, le fit tourner entre ses doigts puis l’ouvrit d’un geste sec. Le papier contenait une boite cubique rouge dont l’ouverture était scellée d’un cachet de cire. Shin le brisa machinalement et ouvrit la boîte. Elle contenait une bague en or frappée d’armoiries complexes représentant un ange armé de pied en cape luttant face à un animal qui rappelé vaguement un kraken. Shin la passa à son annulaire gauche. Une sensation glacée lui parcourut le bras, sa vision se troubla et il s’effondra sur sa table.

            Il se réveilla dans une pièce d’un blanc angélique, cligna des yeux plusieurs fois des yeux puis se massa le visage et se redressa sur son lit laissant le drap glisser le long de son buste. C’est alors qu’il se rendit compte de deux choses importantes qu’il avait négligées : premièrement il était nu, deuxièmement il n’était pas seul. Il pensait bénéficier de ses réflexes issus de ses entraînements quotidiens mais sa main ne réagit pas aussi rapidement que prévu. Son corps était lourd, son esprit lui-même ne répondait pas complètement à ses attentes. Il secoua pensivement la tête tout en remontant le linge puis la tourna vers l’infirmière qui rangeait ses affaires.

« Tu te réveilles ? 

_Oui. »

Sa voix était pâteuse, sa tête tremblait à chaque son et sa vision demeurait partiellement trouble.

« Un médecin va venir te voir. 

_Merci, miss. »

Il se recoucha prenant soin de garder les yeux ouverts. Les minutes qui suivirent lui parurent des siècles avant qu’un petit homme menu, portant une paire de lunette ronde, une blouse blanche élimée et une barbe poivre et sel contrastant avec sa calvitie totale, ne vienne le voir.

« J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. »

            Phoebe passa à l’hôpital en fin de matinée accompagnée d’Aspidistra et de Kate. Le médecin les informa que Shin était entrain de dormir mais que son état était bon et qu’il pourrait sortir dans la soirée. Cependant elles n’apprirent rien sur les causes de son évanouissement.

            Shin sortit effectivement dans la soirée mais il ne rentra pas directement chez lui. Il fit un détour par les docks, passa prendre un paquet de croquettes au poulet chez un épicier puis remonta jusqu’à la basilique St Michel. Il s’arrêta devant une veille bâtisse de brique rouge à quatre étages. Au rez-de-chaussée un appartement simple et pratique se devinait au travers des rideaux blancs. Il ouvrit la porte commune de la pension, passa dans un couloir aux murs verts, s’arrêta devant une porte en bois sombre, frappa, entra.

« Senkami-san ? J’ai besoins d’un coup de main. »

Phoebe terminait une tarte aux pommes, un plat qu’elle réussissait particulièrement pour le grand plaisir de Pierce et de leur père, ces derniers jouaient à la crapette sur la table de la cuisine. Abattant sa dernière carte, Pierce soupira longuement.

« J’aurais bien aimé être là quand il s’est évanoui, ça a du être intéressant. Tu sais ce qu’il a en définitive, Phoebe ?  

_Pas exactement, l’infirmière a parlé d’une forte dose d’un produit mélangeant les effets d’un psychotrope et d’un anesthésiant. 

_Comment on le lui a-t-on administré ? Il ne se l’ait quand même pas injecté lui-même ?

_Non, on ne le sait pas. 

_Shin est idiot mais pas à ce point. »

Ekichi reposa sa chope de bière.

« Je passerais chez lui après le dînez, laisse une part de tarte. »

            Shin était assis sur un vieux fauteuil, en face de lui, assis sur les marches de l’échelle permettant d’accéder au lit en mezzanine, un adolescent de seize printemps au plus tirait sur une vieille pipe en bois avec ce détachement si particulier des fumeurs d’opium de Saigon ou de Hongkong. Ses traits caractéristiques des Japonais du Kansai étaient burinés par les embruns et le temps passé dans l’eau salée. Son torse puissant, ses jambes solides et ses bras musclés trahissaient les durs travaux qui étaient siens, mais dans ses yeux, la flamme qui dansait était celle de la guerre, des batailles, du sang, de la souffrance, des larmes, de la haine, du courage et de cette peur si bien maîtrisée que les Anglais appel flegme, celle du guerrier…

« Tu veux un entraînement spécial ? 

_Oui. »