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Titre du blog : Littérature assassine...
Auteur : LazloSprand
Date de création : 23-11-2008
 
posté le 14-06-2009 à 00:03:18

1 octobre...(3)

Lorsque la cloche sonna, la porte de la salle de cours s’ouvrit à la volée et, dans les ténèbres obscures de cette mâtiné d’orage, un corps se dessina, apparaissant bientôt à contre jour, illuminé par un éclair tombant sur les bâtiment de l’autre côté de la cour sur laquelle donnait les fenêtres du couloir.

« Yo, Shin-kun. 

_Senkami-san ? Que se passe-t-il ? 

_Tu es reçut et on commence la deuxième partie de l’entraînement, avec un deuxième professeur. »

Une ombre se détacha dans son dos et un étudiant de terminal se tint dans l’embrasure de la porte, de taille moyenne, cheveux châtain clair, yeux noisette et veste d’uniforme noire classique et sobre.

« Maître ? 

_Tu pourrais peut-être commencé à m’appeler par mon prénom, Shin, non ? 

_Si, bien sur, Charles. 

_Appel-moi Chaps. 

_Oui, Chaps. »

Charles – Chaps – Enscure, classé dans les dix meilleurs combattants du lycée au classement élargi – dans lequel Hans était au neuvième rang et Ronan au onzième – était l’ancien instructeur de Shin au club et sa cotte de popularité exprimait assez bien toute l’attention que la masse grouillante des élèves lui portait. Shin les suivit sur les toits pour entamer son nouvel entraînement. Pierce, Phoebe et Roman leur emboîtèrent le pas, suivit de Kate et d’Aspidistra, au moment de sortir, cette dernière remarqua que James n’avait pas bougé de sa place.

« Il ne viendra pas, » lui dit Kate, « il essaye d’écrire une nouvelle, il voulait être au calme. »

Aspidistra acquiesça puis elles accélérèrent pour rattraper les autres.

James fixait son stylo et sa feuille. Sur celle-ci, de sa longue et fine écriture, des lignes étaient inscrites à l’encre noire : les premières de sa nouvelle. Il les relut silencieusement et, dans son esprit, en lettres de feux, les mots se gravaient à mesure qu’il en endurait le sens :

« Neuf heures, le soleil inonde ma chambre, je suis seul, toujours seul je ne veux pas me lever - pour faire quoi ? rien - alors autant le faire couché.

Neuf heure et demie, je ne suis qu'une coquille vide qui lutte misérablement dans un océan de pleurs et de malheur : la vie.

Dix heure, mon téléphone sonne, je ne veux pas décrocher, je veux qu'on me laisse tranquille, je veux recommencer mon existence, je décroche néanmoins; c'est Loup. Il me propose de venir à la fête qu'il organise dans deux jours, mercredi. Il ajoute qu'il a invité également Boris, Ivan et Chaps, sa soeur Florence a prié Nadjejda et Violaine. Nadjejda, en russe c'est l'espérance, en amour ça veut dire absence, souffrance, supplice, silence, patience, persévérance, elle veut devenir nonne au grand désespoir du lycée dont elle est l'un des plus bel ornement, l'un des plus courtisé; aussi, mais même Loup n'a pas pu la faire renaître à un monde que l'attente de l'amour, dont elle diserte d'ailleurs, lui cache. Violaine, mon coeur se serre : nous allons encore, comme toujours, nous « accrocher » l'un à l'autre. Il suffit de nous placer dans la même pièce pour obtenir un dialogue assez ressemblant à celui que doivent tenir le diable - moi - et le bon Dieu - elle - lorsqu'il se rencontre. Et pourtant...

Dix heure et demie, tiré de mes pensées vagabondes par un appel aussi important et essentiel que naturel, je me lève : rien ne résiste à l'appel du ventre. »

            Il manquait quelque chose. Le personnage restait flou, invisible à l’œil du lecteur, et cette absence rendait le début inintéressant et long, il devait modifier cette impression dans les lignes suivantes. Il leva les yeux puis les arrêta sur deux élèves de la classe. « Bien, » pensa-t-il, « les choses sérieuses allaient pouvoir commencer. » Tel un serpent sa main fendit l’air, attrapa son stylo puis en fit courir la plume sur le papier :

« Onze heure, je m'assois à ma table, mon stylo est devant moi posé sur un cahier A5 vert. Je dois pour un vague concours au lycée -je dis « vague » car je n'ai pas tout à fait compris comment ils allaient nous départager - écrire une nouvelle. Dans d'autres circonstances et si le sujet m'avait davantage inspiré, ceci n'aurait été qu'un détail insignifiant à côté de mes oraux blancs de français de la rentrée. Mais si les oraux semblent se présenter sous un angle plus que rassurant, le concours, lui... - je tiens cependant à signaler le fait que je ne cherche pas la victoire, je préfère la laisser à un élève de S, de L ou même d'ES comme moi, tant que je n'ai pas à en souffrir les palmes, les félicitations et les réprimandes de mon ancienne professeur de français qui n'a jamais pu me supporter - je reconnais que ce sentiment était réciproque. Pour en revenir au concours, le principal blocage qui s'opère en moi est le thème abordé : la rencontre, j'y arriverai malgré tout, du moins j'ose l'espérer. Déjà, dans mon esprit, je le rencontre, je l'imagine, mon héros : grand, maigre, un crâne étroit, des pommettes saillantes, sensuel, vaniteux, hautain, presque violent, il n'éprouve que peu de compassion et de pitié et pour ainsi dire pas de scrupules et de remords; tiens mais c'est Vlad. Lui aussi pense, il rêve couché sur son lit à son personnage, il le voit de taille moyenne, trapu, les cheveux noirs tirant sur le châtain, des sourcils protubérants la barbe naissante, les yeux noisette, le nez "cyranesque", caractérisé par un humour minable, par une incapacité proverbiale à chanter juste, un sens de l`honneur développé, une faculté à se remettre en cause qui tient de la psychorigidité et les aptitudes nécessaires pour passer auprès des personnes de son lycée pour un catholique pratiquant, un républicain libéral, un scout "facho", un hérétique, un hippy, un nazi, un communiste, un social-démocrate centriste, un royaliste, un anarchiste, un étranger, un "salaud de français", un vichyste, un gaulliste et enfin un futur professeur d'histoire à tendance anti-clérical et politicien à ses heures : bref tout moi... »