Lorsque la cloche sonna, la porte de la salle de cours s’ouvrit à la volée et, dans les ténèbres obscures de cette mâtiné d’orage, un corps se dessina, apparaissant bientôt à contre jour, illuminé par un éclair tombant sur les bâtiment de l’autre côté de la cour sur laquelle donnait les fenêtres du couloir.
« Yo, Shin-kun.
_Senkami-san ? Que se passe-t-il ?
_Tu es reçut et on commence la deuxième partie de l’entraînement, avec un deuxième professeur. »
Une ombre se détacha dans son dos et un étudiant de terminal se tint dans l’embrasure de la porte, de taille moyenne, cheveux châtain clair, yeux noisette et veste d’uniforme noire classique et sobre.
« Maître ?
_Tu pourrais peut-être commencé à m’appeler par mon prénom, Shin, non ?
_Si, bien sur, Charles.
_Appel-moi Chaps.
_Oui, Chaps. »
Charles – Chaps – Enscure, classé dans les dix meilleurs combattants du lycée au classement élargi – dans lequel Hans était au neuvième rang et Ronan au onzième – était l’ancien instructeur de Shin au club et sa cotte de popularité exprimait assez bien toute l’attention que la masse grouillante des élèves lui portait. Shin les suivit sur les toits pour entamer son nouvel entraînement. Pierce, Phoebe et Roman leur emboîtèrent le pas, suivit de Kate et d’Aspidistra, au moment de sortir, cette dernière remarqua que James n’avait pas bougé de sa place.
« Il ne viendra pas, » lui dit Kate, « il essaye d’écrire une nouvelle, il voulait être au calme. »
Aspidistra acquiesça puis elles accélérèrent pour rattraper les autres.
James fixait son stylo et sa feuille. Sur celle-ci, de sa longue et fine écriture, des lignes étaient inscrites à l’encre noire : les premières de sa nouvelle. Il les relut silencieusement et, dans son esprit, en lettres de feux, les mots se gravaient à mesure qu’il en endurait le sens :
« Neuf heures, le soleil inonde ma chambre, je suis seul, toujours seul je ne veux pas me lever - pour faire quoi ? rien - alors autant le faire couché.
Neuf heure et demie, je ne suis qu'une coquille vide qui lutte misérablement dans un océan de pleurs et de malheur : la vie.
Dix heure, mon téléphone sonne, je ne veux pas décrocher, je veux qu'on me laisse tranquille, je veux recommencer mon existence, je décroche néanmoins; c'est Loup. Il me propose de venir à la fête qu'il organise dans deux jours, mercredi. Il ajoute qu'il a invité également Boris, Ivan et Chaps, sa soeur Florence a prié Nadjejda et Violaine. Nadjejda, en russe c'est l'espérance, en amour ça veut dire absence, souffrance, supplice, silence, patience, persévérance, elle veut devenir nonne au grand désespoir du lycée dont elle est l'un des plus bel ornement, l'un des plus courtisé; aussi, mais même Loup n'a pas pu la faire renaître à un monde que l'attente de l'amour, dont elle diserte d'ailleurs, lui cache. Violaine, mon coeur se serre : nous allons encore, comme toujours, nous « accrocher » l'un à l'autre. Il suffit de nous placer dans la même pièce pour obtenir un dialogue assez ressemblant à celui que doivent tenir le diable - moi - et le bon Dieu - elle - lorsqu'il se rencontre. Et pourtant...
Dix heure et demie, tiré de mes pensées vagabondes par un appel aussi important et essentiel que naturel, je me lève : rien ne résiste à l'appel du ventre. »
Il manquait quelque chose. Le personnage restait flou, invisible à l’œil du lecteur, et cette absence rendait le début inintéressant et long, il devait modifier cette impression dans les lignes suivantes. Il leva les yeux puis les arrêta sur deux élèves de la classe. « Bien, » pensa-t-il, « les choses sérieuses allaient pouvoir commencer. » Tel un serpent sa main fendit l’air, attrapa son stylo puis en fit courir la plume sur le papier :