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Titre du blog : Littérature assassine...
Auteur : LazloSprand
Date de création : 23-11-2008
 
posté le 14-06-2009 à 09:56:34

9 octobre...(2)

            Shin avait du mal à comprendre ce qui avait bien pu lui passer par la tête la veille au soir quand il avait raccompagné Aspidistra. Il se souvenait d’avoir rouler avec elle sur sa moto pendant un petit moment. Une étrange sensation se dégageait de ce souvenir : douce et amer à la fois, comme s’il avait voulut que cet instant ne s’arrêta jamais alors même qu’il était une souffrance. Mais il y avait quelque chose au de-là de celle-ci, il l’avait bien  comprit lorsque Aspidistra l’avait quitté. Il n’en restait pas moins qu’il ne voulait en aucun cas recommencer cette expérience de conduire une moto avec un poids mort constamment sur les épaules. « Attitude très dangereuse, soit dit en passant, » pensa-t-il tout en beurrant sa tartine de pain grillé.

« Je ne suis vraiment qu’un idiot. Je mettrai les choses au clair avec Aspidistra aujourd’hui. Je sens que ça va encore poser des problèmes. »

            Cette prédiction était on ne peut plus réaliste. Lorsque Shin s’assit à sa place à côté d’elle, elle fit d’abord mine de l’ignorer. « Bon, ça se présente mieux que je ne l’aurais cru, » pensa-t-il. Il tenta alors de lancer la conversation :

« Au fait, Aspidistra, tu sais pour hier…  

_Oui ? »

Ses yeux brillaient d’une lueur particulière où la joie, l’espoir et l’attente se mêlaient en un feu indomptable.

« Il faudrait qu’on en parle tout à l’heure… 

_D’accord. »

Il eut clairement l’impression que cette idée ne lui convenait pas du tout mais son acquiescement paraissait naturel. « Elle n’a rien compris du tout, » se dit-il en lui-même.

            Quand la cloche se fit entendre, Shin se leva et Aspidistra le suivit. Ils montèrent sur les toits. Là Shin se retourna pour entamer la conversation mais… « Je dois prendre les devants. « S’il ne fait pas le premier pas, à toi de te lancer ! Tu l’aimes, non ? » m’a dit Kate et avant Phoebe m’avait fait remarquer « qu’il a vraiment beaucoup d’affection » pour moi. » Elle serra les points. « Soit spontané pour réussir ! » Les mots de Shin résonnèrent dans son esprit et elle se jeta en avant attrapant Shin au cou. Celui-ci se raidit et referma instinctivement ses bras autour de sa taille. Aspidistra ferma les yeux et approcha ses lèvres des siennes.

« Non… Non… Aspidistra, s’il te plaît, non ! »

Les mains de Shin se crispèrent sur ses hanches, il rejeta Aspidistra en arrière puis après un moment d’hésitation courut vers l’escalier qu’il descendit quatre à quatre. Aspidistra resta prostrée, une seule image défilait en permanence devant ses yeux : l’expression de terreur qui avait embrumé le regard de Shin au point de faire couler quelques larmes le long de ses joues.

« Pourquoi ? » Articula-t-elle péniblement entre deux sanglots.

Un étage plus bas, Shin versait toutes les larmes de son corps qui se répandaient en de longs sillons sur son visage. Tout son corps tremblait.

« Pardon, Aspidistra… pardon… mais je ne dois pas… »

Dans l’ombre du muret servant de rambarde dans l’escalier, deux personnes échangèrent un sourire triste et entendu.

            Kate traversa la classe et le couloir comme un ouragan, puis gravit les escaliers sans s’arrêter. Elle passa à côté de Shin sans un regard puis déboucha sur le toit.

« Aspidistra… »

Elle l’a prit entre ses bras.

« Là, je suis là… calmes-toi…

_Kate, il… il m’a…

_Mis une veste. Oui, c’est à peu près ça. »

Aspidistra pleura de plus belle, se détourna de Kate et s’appuya contre les barreaux de la rambarde du toit.

« Il pleure aussi, sais-tu ? En bas, ses larmes tombent sur le sol en silence avec la régularité d’un coucou suisse. »

Aspidistra n’eut aucune réaction.

« Il n’a pas voulu te blesser. Pierce me l’a dit lorsque vous êtes sortis : « il va refuser, il ne peux pas accepter pour l’instant. » Je lui ai demandé pourquoi. Il m’a répondu qu’il « n’en avait pas la force, » qu’il « ne pourrait pas te protéger mieux que Georgina » et que « tant qu’il n’en sera pas capable il ne se posera même pas la question. » Je lui ai fait remarqué que c’était absurde. Il a répliqué qu’il n’était qu’absurdité et qu’il disait souvent que « l’esprit a ses devoir que le cœur refuse. » C’est à ce moment-là que je suis venu te voir. »

Les pleurs d’Aspidistra s’étaient quelque peu calmées.

« Pourquoi ? Peu m’importe d’être ce que je suis si je ne peux l’être avec celui que j’aime… 

_Tu le seras, un jour tu le seras, j’en suis sûre.

_Quand ?

_Quand il aura trouvé les réponses à ses questions, quand il aura cherché au plus profond de son âme et de son cœur, quand il aura accepté ses propres sentiments, non pas comme une faiblesse, mais comme une force et quand il n’aura           plus une centaine de balais-brosses dans le … . 

_ Kate !! »

Un étage plus bas, Shin se essuyait ses yeux d’un revers de manche, serrait les poings et redescendait les escaliers le visage fermé et le regard embrasé d’une froide colère. Il entra dans la classe, ouvrit son sac, en tira une pochette à dessin et pensa en lui-même : 

« Il est plus que temps, arrête de fuir et force le destin à te satisfaire, toi aussi tu as le droit à la paix… »

Il sortit.

Chaps et Shô le virent entrer dans le dojo du club et en fermer la porte de l’intérieur. 

« Tu penses qu’il va les apprendre ?

_Je pense que d’ici peu j’aurais du mal à me battre tranquillement contre lui, répondit Chaps.

_Il va devenir si fort que ça ?

_Copier ce style de combat est plus dur que tu ne le crois, même pour lui.

_Pourquoi ?

_A côté de la vitesse qu’il nécessite, son iai est d’une lenteur affligeante. Et ces attaques sont pour la plus part exécuter sabre au clair. »

Shô frissonna.

« Tu as peur ?

_Non, je tremble d’excitation rien que d’y penser. »

            Aspidistra et Shin s’assirent à leur place habituelle même s’ils s’ignorèrent comme preuve d’un malaise particulier. Aucune parole ne fut échangée. Les regards étaient discrets, maladroits. Les attentions forcées par une courtoisie superflue ne faisaient que rajouter une tension inutile et palpable aux moindre mouvement. Chacun accueillit la fin de la journée comme une délivrance. Shin se rendit à l’entraînement du club de football tandis que Aspidistra rejoignait le dojo du 1er club de Karaté.