Les membres de l’équipe B du lycée Thomas Jefferson était en ébullition lorsque Shin entra dans les vestiaires. Tous allaient et venaient entre leur place, le mur où était affiché le tableau du tournoi municipal et la place de tel ou tel coéquipier. Shin comprit rapidement la raison de ce remue-ménage : jusqu’en demi-finale, aucun adversaire ne pouvait être particulièrement dangereux, semblait-il. Il posa ses affaires à sa place, félicita pour la xième fois Franck pour sa dernière prestation puis commença à se changer. Ekichi leur fit part de ses impressions sur le déroulement probable de la compétition puis la séance débuta. Elle s’acheva à 18h30. Shin et Pierce allèrent alors au 6ième dojo. Les autres membres étaient déjà là, regroupaient en cercle au centre de la pièce.
« Allez, gamin plus vite le mouvement du poigner.
_Pense à utiliser les muscles de ton dos.
_Appuie ton attaque de tout ton poids. »
« Qu’est qu’ils sont encore entrain de faire ? » Shin s’approcha en pensant aux différentes raisons possibles pouvant expliquer cette excitation. Il se figea en entrant dans le cercle et en voyant qui s’y entraînait au maniement du shinai.
« Nicolas ? Qu’est que tu fais là ?
_Il s’exerce au sabre, ça se voit, non ? Mon petit frère se débrouille bien, en fin de compte ? »
Tous se tournèrent vers Chaps.
« Ton petit frère ?
_Bien sur, Nicolas est mon frère. Ca se remarque, non ? »
Devant les regards que lui lancèrent les autres il amorça un début d’explication :
« On a les mêmes parents, vous savez… »
Shin vola alors à son secours :
« C’est vrai, ils sont frères. D’ailleurs, Nicolas, comment va ma petite Lili ?
_Bien, mais elle aimerait bien que tu passes de temps en temps à la maison.
_Je viendrais ce soir en vous raccompagnant… »
Ces mots s’enfoncèrent dans le cœur d’Aspidistra comme une froide lame d’acier, elle referma la porte du dojo qu’elle avait entrouverte puis partit les larmes aux yeux.
Kate l’attendait à la porte du lycée.
« Que se passe-t-il ?
_Il en aime une autre, cria-t-elle sans s’arrêter.
_Une autre ? Qui ? Jusqu’à nouvelle ordre Georgina était plutôt une mère pour lui, » pensa Kate en la rattrapant. Elle lui prit le bras et la força à se retourner. « Explique moi, maintenant : Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? »
Aspidistra rougit en baissant les yeux, penaude.
« J’ai voulu aller le voir pour ce qui c’est passé à midi mais au moment où j’allais entrer je l’ai entendu demander « comment allez sa petite Lili, » je n’ai pas osé continuer. Il va la voir ce soir, je crois. Je ne sais pas pourquoi j’ai réagi comme ça mais j’ai craqué…
_Je comprend. Tu as dit qu’il devait passer la voir ce soir ?
_Oui en raccompagnant Charles et Nicolas.
_Pourquoi ne pas les accompagner alors ?
_Mais je ne peux pas, ce serait gênant, enfin tu…
_Qu’est-ce qui serait gênant ? »
Chaps arrivait juste derrière elles.
« Si tu veux venir, je n’y vois aucun inconvénient. Seulement…
_Seulement ?
_Prépare-toi à avoir un choc.
_A propos de ta sœur ?
_Oui et pas que… »
Il tourna les talons et s’avança vers le club.
« On en a plus pour longtemps. »
Une petite dizaine de minutes plus tard, les membres du club se séparaient devant les grilles du lycée. Chaps, Nicolas, Pierce, Aspidistra et Shin prirent le chemin de la banlieue-est doucement dans le crépuscule flamboyant de ce début d’automne. Personne ne soufflait mot, Shin et Aspidistra marchaient chacun d’un côté du groupe. Puis Pierce annonça que c’était là qu’il prenait une route différente et il les salua. « Plus que quatre personnes, dont trois connaissent un secret dont je ne sais rien, » songea Aspidistra avant de rompre la monotonie du parcours :
« Nicolas, où habitez-vous précisément en définitive ?
_Sur la 87ième rue, prés du vélodrome et de la salle d’enregistrement et de concert Mantount.
_D’accord…
_Shin te ramènera chez toi après, Aspidistra, fit Chaps.
_Oh ! tu sais, je…
_C’est bon, il pourra le faire, non ?
_Ouais, » grogna Shin sans les regarder.
« Oh ! mais comme c’est mignon, il boude le petit bout de chou, hein ? »
Nicolas avait commencé à taquiner Shin tout en essayant de lui frotter les côtes, ce qui évidement termina mal. Ils arrivèrent enfin devant une maison de briques rouges avec un étage, de petites fenêtres et un jardinet : l’archétype de la maison familiale du quartier.
Chaps poussa la porte d’entrée en criant :
« Dad, mum, on est là. Shin est passé dire bonjours.
_Ma petite Lili, tu es ici.
_Shin, crétin ! »
Un petit brin de fille – 1mètre quarante au très grand maximum – venait de débouler dans le hall en frappant sans ménagement au niveau des genoux.
« Pourquoi tu ne viens plus à la maison ? Tu ne m’as même pas appelé pour mon anniversaire.
_Oui, mais je n’ai pas vraiment eu le temps, s’excusa Shin en prenant la petite dans ses bras. Allez, on tourne !
_Non, Shin, pas la toupie… »
Elle riait alors qu’il la faisait sauter dans les airs pour la récupérer ensuite. Aspidistra se fit alors cette réflexion en elle-même :
« Une petite sœur… pour lui, Lili est la petite sœur tendre, affectueuse et un peu garçonne qu’il n’a jamais eu. Et dire que j’ai été jalouse d’une fille de huit ans à peine, j’ai honte. »
Les parents de Chaps arrivèrent alors : Peter, le père ex-joueur de rugby et patron d’une petite agence d’assurance, et Margaret, sa femme et son associée pour l’agence de l’assurance. Les rapides présentations qui suivirent s’achevèrent durant le souper auquel fut galamment conviée Aspidistra. Shin la raccompagna ensuite chez elle.
Sur le chemin du retour, ils n’échangèrent pas un mot restant à distance respectueuse l’un de l’autre. Sur le pas de sa porte, Aspidistra se retourna vers lui et lui indiqua quelque chose dans son dos. Il tourna la tête et elle en profita pour se lover contre sa poitrine.
« Je t’attendrai aussi longtemps qu’il le faudra. »
Il se crispa mais elle s’était dégagée elle passait l’embrasure de sa porte. Il resta là un peu décontenancé puis ferma les yeux et repartit.
« J’en ai pas fini avec elle, je crois. »
Derrière la porte, Aspidistra pleurait. Jude et Elspeth descendirent et l’aidèrent à regagner l’appartement. Là, Jude la fit s’asseoir.
« Nous ne pouvons rien faire d’autre que ce qu’il nous impose. Nos sentiments ne doivent pas interférer alors je sais que ce sera difficile pour toi mais reprends toi, s’il te plaît. Si ce n’est pas pour nous, fais le pour elle. »
Il y eut un soir, il y eut un matin…
Commentaires
moi aussi je fait dans la romance , mais pas aussi bien que toi et je ma fatigue pas au temps ,petit par petit bout .Sur toi c'est beaucoup plus sérieux . bon week