Ekichi prit le volant de la vieille fiat familiale. Il fit mine de vouloir laisser sa place à Shin mais celui-ci refusa poliment, ils n’avaient pas le temps de finir dans le décor.
Ils s’arrêtèrent devant une petite échoppe perdue dans une ruelle près de la 17ième. Music’s element. Shin en avait entendu parler au paravent mais c’était la première fois qu’il y entrait.
Les guitares – sèches, acoustiques, folks, électriques – et les basses s’endormaient progressivement dans la pénombre sûre du vieux magasin alors qu’ils circulaient dans les rayons à la recherche de la perle rare. Le parfum particulier de ces boutiques apaisait toujours le cœur de Shin mais celle-ci plus particulièrement encore. Il lui semblait qu’il était libre, léger…
« Là, je l’ai trouver !
_Ekichi ! Bordel pour une fois que je rêve tranquillement…
_Oui bon, viens ici, on a pas le temps de bavasser. Qu’est-ce que tu penses de celle-là ?
_Une Cort GB-JBBK ?
_Corps agathis massif, manche érable, touche palissandre, 2 micros type JB, accastillage chromé et finition Noir Brillant.
_Prix 245$. A voir. Je préfère celle-ci.
_Une Squier Affinity P-Bass. Corps Alder, manche Maple, C-Shape, finition Polyurethane, touche Rosewood, 9.5” Radius, frettes 20 Medium Jumbo, micros 1 Split Single-Coil Pickup, contrôles Volume, Tone, hardware Chrome, plaque 1 pli, blanche diapason 864 mm, taille au sillet de tête 41 mm.
_Un peu lourde quand même mais j’aime bien sa couleur. Celle-ci !
_Une Stagg BC300 BK, micros 1 x jb et 1 x pb, réglages 2 x volume et 1 x tonalité, corps aulne massif, manche érable 867mm, touche palissandre 24 cases.
_Je peux lire les fiches tout seul, tu sais Ekichi.
_Elle te plaît ?
_Plutôt. Elle est sympa, la couleur violet lui va bien. Je peux la tester ? »
Le vendeur releva la tête de la guitare acoustique qu’il réparait sur son atelier.
« Vas-y, il y a un ampli pour basse en bout de rangée.
_Merci. »
Shin prit la basse, s’approcha de l’ampli, brancha le jack et s’assit sur le tabouret prévu à cet effet. Il joua quelques notes puis s’arrêta, recommença. Au bout de cinq minutes, il jeta un coup d’œil à Ekichi.
« Je la prend.
_Pas de problème mais tu as de quoi payer ?
_Eh bien vois-tu, je me disais que…
_Passe à la caisse, on s’expliquera plus tard. »
Il y eut un soir, il y eut un matin…