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Titre du blog : Littérature assassine...
Auteur : LazloSprand
Date de création : 23-11-2008
 
posté le 06-07-2009 à 11:34:45

The Beatles - Double Blanc, White Album ou Album Blanc.

The Beatles, album de rock du groupe britannique The Beatles paru en 1968 sous le label Parlophone / EMI .

À l’instar de Bob Dylan (Blonde on Blonde, 1966) et de Frank Zappa (Freak Out, 1966), les Beatles se lancent en 1968 dans l’enregistrement d’un double album, également appelé Album blanc, Double Blanc ou White Album. Œuvre charnière dans l’histoire d’un groupe alors en proie à de nombreuses dissensions, The Beatles est également une œuvre fondamentale dans l’histoire du rock. Sous le dépouillement conceptuel de sa pochette signée Richard Hamilton, le Double Blanc reflète un climat bien plus sombre que les productions précédentes des Fab Four (surnom donné aux quatre membres des Beatles). Trente chansons tentent de faire cohabiter des styles et des atmosphères déchirés et contradictoires. Cette collection dessine aussi l’évolution de la musique pop, via un mélange inédit de rock tendance hard (« Helter Skelter »), de ballades tendres, de  surf  (« Back in the USSR »), de reggae (« Ob-la-di, Ob-la-da »), de folk et de blues (« Yer Blues »).

Par ailleurs, The Beatles donne à entendre les aspirations solos respectives de John Lennon (qui signe son chef-d’œuvre, Plastic Ono Band, en 1970), de George Harrison (qui sort All Things Must Pass, en 1970 également) et de Paul McCartney. L’essentiel des compositions est écrit en Inde, alors que les Beatles s’efforcent de suivre l’enseignement transcendantal du Maharishi Mahesh Yogi, un gourou particulièrement choyé par le milieu rock de l’époque. Mais loin des orchestrations baroques et « orientalisantes » de Sergeant Pepper’s Lonely Hearts Club Band (1967), « mises en scène » avec raffinement par George Martin, l’Album blanc frappe par la raucité et la sécheresse de sa sonorité — à quelques exceptions près néanmoins, avec des titres comme « Glass Onion » et « Good Night ». L’album reçoit un accueil critique mitigé, mais dépasse les 6 millions d’exemplaires vendus avant l’année 1970.

L'album est un nouveau tournant musical dans la carrière des Beatles. Exploré en long et en large depuis Revolver jusqu'à Magical Mystery Tour, le psychédélisme laisse place à un retour vers le rock 'n' roll, des arrangements plus simples et des textes moins philosophiques. Les guitares acoustiques sont ainsi souvent préférées aux sonorités complexes de Sgt. Pepper, puisque c'est sur cet instrument qu'ont été écrites la plupart des chansons, durant le séjour du groupe au nord de l'Inde, à Rishikesh dans l'ashram du Maharishi Mahesh Yogi.

Paul McCartney s'affiche en brillant touche à tout, abordant une large palette de genres musicaux, George Harrison affirme ses talents d'auteur-compositeur, Ringo Starr compose sa première chanson, tandis que John Lennon va de plus en plus loin dans l'introspection, fait parfois dans la dérision, se montre aussi iconoclaste ou mordant, et surtout, chante son amour pour sa nouvelle âme sœur, Yoko Ono. La présence de cette dernière dans les studios d'enregistrement est d'ailleurs un facteur de tensions.

Malgré de nombreuses difficultés, dues à une mésentente croissante au sein du groupe durant sa réalisation, la formule de cet album double fonctionne, puisque le succès du disque est colossal. C'est la 3e meilleure vente d'album du groupe, après Sgt. Pepper et Abbey Road, et le plus vendu sur le territoire américain, avec plus de 19 millions d'exemplaires écoulés. Il reste ainsi en tête des hit-parades 8 semaines au Royaume-Uni, et 9 aux USA.

En 1997, The Beatles a été classé au 10e rang des plus grands albums de tous les temps par un sondage mené en Grande-Bretagne par HMV, Channel 4, The Guardian et Classic FM. Les lecteurs de Q magazine l’ont placé au 7e rang de la liste des 100 meilleurs albums britanniques. En 2001, le réseau télévisé VH1 l’a classé à la 11e place. En 2006, l’Album Blanc figurait dans la liste dans 100 meilleurs disques de tous les temps du Time Magazine, et dans sa fameuse édition de 2003 consacrée aux 500 plus grands albums, le magazine Rolling Stone l’a installé en 10e place.

Cet album regroupe trente titres dont quatre compositions de George Harrison, parmi lesquelles le célèbre While My Guitar Gently Weeps avec un solo d'Eric Clapton. L'album se compose de recherches éparses, un mélange de titres que chacun arrange dans son coin aux studios d'Abbey Road.

Une production avec des orchestres, des guitares acoustiques pour la moitié des morceaux et des mixages élaborés, mais plus guère d’unité hormis quelques brèves références mutuelles des chansons entre elles. Même l’humour (Back in the U.S.S.R. en référence au Back in the USA de Chuck Berry, et plaçant l’expression « Georgia... is on my mind ») ne semble plus percuter. Cet album est presque aux antipodes du précédent. Le travail expérimental Revolution 9 de John et Yoko, inspiré des travaux d’Edgar Varèse, que George Martin supplie John de retirer de l’album (sans aucune chance, puisque c’est un double) déconcerte le public.

Ballades acoustiques (Blackbird, Mother Nature's Son, I Will), pur rock'n'roll (Back in the U.S.S.R., Birthday), hard rock avant l'heure (Helter Skelter), ragtime (Martha My Dear), ska (Ob-La-Di, Ob-La-Da), country (Rocky Raccoon), jazz façon music-hall (Honey Pie), etc. : Paul McCartney se comporte en formidable touche à tout musical. John Lennon, pour sa part, profite de l’inspiration qui l’a saisi à Rishikesh et de sa nouvelle muse, Yoko Ono, pour se montrer tout aussi brillant que son partenaire, mais d’une autre façon. En se mettant à nu (I'm So Tired, Julia, Happiness Is a Warm Gun, Yer Blues) en s'affichant mordant (Sexy Sadie), observateur (Dear Prudence), iconoclaste (Glass Onion), engagé (Revolution), expérimental (Revolution 9), en faisant dans la dérision, comme dans The Continuing Story of Bungalow Bill ou Everybody's Got Something to Hide Except Me and My Monkey. Il compose même la berceuse qui clôture le disque, Good Night, qu’il offre à Ringo Starr. George Harrison signe une de ses plus belles chansons avec les Beatles, While My Guitar Gently Weeps, et invite son copain Eric Clapton au bon moment pour jouer le solo de guitare sur ce titre. Sa présence oblige en effet le groupe à montrer toute sa cohésion et à mettre temporairement de côté l'ensemble des problèmes relationnels qui l’affectent. Aussi inspiré que ses partenaires, George signe l’excellent Savoy Truffle, un titre entièrement dédié au chocolat, le contestataire Piggies, ou le poignant Long, Long, Long. C'est aussi durant ces sessions de l'été-automne 1968 qu'il compose son plus fameux hit, Something, que l'on retrouvera un an plus tard sur l'album Abbey Road. Ringo Starr y va lui aussi de sa création, la toute première avec les Beatles : Don't Pass Me By. Toute la richesse de l’album blanc est là, non pas dans la qualité d’une écriture commune, mais dans celle de quatre auteurs au sommet de leur art.

La série Anthology qui sortira longtemps après montrera que la chanson Not Guilty, de George Harrison, et qui fut plus tard un de ses succès, avait été enregistrée lors de cette session, mais n'avait pas été en fin de compte placée sur le disque.

« Est-ce la fin des Beatles ? » s’interroge en France le magazine Rock & Folk au moment de la sortie du disque qui connait bien sûr, comme tous les albums des Beatles, un retentissant succès commercial à travers le monde.

Le disque est enregistré entre le 30 mai et le 14 octobre 1968, majoritairement aux studios EMI d’Abbey Road, avec quelques passages aux studios Trident de Londres. Bien que très productives, compte tenu du grand nombre de compositions ramenées du séjour en Inde, les sessions d’enregistrement de ce disque sont aussi connues pour avoir été tendues, indisciplinées, fastidieuses, et même amères. La mésentente au sein du groupe, orphelin depuis un an de son mentor, guide et manager Brian Epstein, et perturbé par la présence constante de Yoko Ono dans le studio aux côtés de John Lennon, nait véritablement durant ces quatre mois de l’année 1968 et ne disparaitra plus. C’est aussi dans le même temps que les Beatles lancent leur compagnie « multimédia », Apple, qui sera elle aussi, une source de stress pour le groupe.

Habitués à enregistrer seuls en compagnie de l’équipe technique de George Martin et seulement entourés de leurs assistants Neil Aspinall et Mal Evans, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr doivent désormais s’accommoder de la présence de Yoko Ono et ils le vivent mal. Compte tenu aussi du départ temporaire de Ringo Starr, le groupe ne retrouve sa cohésion qu’épisodiquement au milieu d’une période de réalisation décousue qui se déroule dans une ambiance véritablement détestable. Dès le début des sessions, quand John Lennon demande de refaire Revolution des dizaines de fois, Paul McCartney en fait de même avec Ob-La-Di, Ob-La-Da, jusqu'à l'écoeuremen. L'ingénieur du son habituel depuis Revolver, Geoff Emerick, claque la porte en plein milieu des sessions. Il faudra continuer sans lui. Même George Martin profite opportunément d'un mois de vacances planifié de longue date, laissant temporairement son rôle à son jeune assistant, Chris Thomas, à moins que ce ne soit aux Beatles eux-mêmes.

L’album sera double, et chacun de ses membres compositeurs y place et y chante donc tout ce qu’il veut. Mais souvent sans plus guère s’occuper des autres. Ainsi, il n'est pas rare que chacun occupe simultanément un des trois studios du complexe EMI et n'utilise ensuite les autres que comme simples sidemen (accompagnateurs). Il y a cependant quelques exceptions notables, comme lors des enregistrements des titres While My Guitar Gently Weeps, Birthday, Yer Blues, Helter Skelter, où le groupe retrouve toute sa cohésion et se déchaîne... À l’écart de toutes ces tensions, Ringo Starr joue de son mieux, lui qui seul de tous ne semble guère désireux de tirer la couverture à lui. Lassé par ces tensions, il déserte Abbey Road à son tour et part en vacances en Sardaigne en plein cœur des sessions. Les Beatles continuent à enregistrer et Paul McCartney tient la batterie sur les titres Back in the U.S.S.R. et Dear Prudence.

A propos de cet épisode, le témoignage de Ringo caractérise bien l'ambiance qui règne lors de ces sessions :

« Je suis parti parce que j'éprouvais deux sentiments. Celui de ne pas très bien jouer, celui que les trois autres étaient vraiment heureux et que j'étais un étranger. Je suis allé voir John. […] Je lui ai dit : « Je quitte le groupe parce que je ne joue pas bien. Parce que j'ai l'impression de ne pas être aimé, d'être exclu. Alors que vous êtes tellement proches tous les trois ». John m'a répondu : « Je croyais que c'était vous trois qui étiez très liés ! » Je suis ensuite allé voir Paul et je lui ai dit la même chose. Paul m'a répondu « Je croyais que c'était vous trois ! » Je n'ai pas pris la peine d'aller voir George, j'ai dit : « Je pars en vacances ». J'ai pris les gosses et je suis parti pour la Sardaigne. »

Ringo finit par revenir pour découvrir sa batterie couverte de fleurs dans le studio 2 d'Abbey Road. Ce sera d'ailleurs le seul qui restera en bons termes avec tous les autres lors de la séparation, et les réunira d’ailleurs tous aussi — mais séparément — dans un de ses futurs albums, Ringo. Malgré cette accumulation de problèmes, cette mésentente croissante, ces quatre mois si pénibles pour tous à Abbey Road, la qualité des compositions de John Lennon, Paul McCartney et George Harrison (Ringo Starr y va aussi de son tout premier titre), l’extraordinaire période créative qu’ils ont vécu entre février et avril 1968 à Rishikesh, permet aux Beatles de se maintenir à un niveau de qualité particulièrement élevé, pour publier un disque qui aura toute sa place dans leur légende... et dans l'histoire du Rock.

C'est d'ailleurs pendant ces sessions compliquées que les Beatles enregistrent — entre le 29 et le 31 juillet dans les studios Trident, qui disposent d'un 8-pistes — un de leurs plus gros tubes, N°1 des deux côtés de l'Atlantique et un peu partout dans le monde malgré une longueur exceptionnelle : 7 minutes. Il s'agit bien sûr de Hey Jude que Paul McCartney écrit pour réconforter Julian Lennon, 5 ans, au moment où son père et sa mère Cynthia se séparent... Hey Jude est publié en single le 30 août avec en face B une version du Revolution de John Lennon différente de celle qui figurera sur l'Album Blanc.

 

Aucune chanson ne sera ajouté en exemple musical considérant que ce qui est marqué plus haut suffit au lecteur pour comprendre l'importance de l'album.