L'affiche de cette finale de la Champions League était belle et promettait au regard du parcours des deux équipes un choc entre l'eau et le feu qui sent la poudre malgré les forfaits en cascade qui ont transformé l'avion des Red Devils en ambulance volante et contraint Sir Alex à aligner l'équipe "des meilleurs vieux" - David, Paul, Nicky, Ryan, Phil, Gary et Teddy (le onze majeur aligne une moyenne d'âge surréaliste de près de 38 ans) titulaires à croire que les années quatre-vingt dix étaient de retour... mais avec Wayne, Daron, John et Wes blessés et inutilisables pour ce sommet de la saison les choix étaient de toutes manières limités.
Alors quelle tactique pour ce soir ? Face aux jeunes loups d'un Ajax renaissant, décomplexé et en passe de réaliser un historique triplé que vaudront les vétérans du MU ? Certes il serait injustes de brocarder ces héroïques anciens sans aucun doute entrés dans la légende du club après le combat hors du commun qu'ils ont mené en demi-finale face à l'Inter dans l'antre milanaise de San Siro (victoire arraché 4 buts à 3 en inscrivant trois buts dans les cinq dernières minutes d'arrêt de jeu) puis en remportant coup sur coup la Cup face à Chelsea (NDLR 3 buts à 0) et en Championnat en disposant d'Arsenal (NDLR 2 buts à 1). Mais auront-ils la fraîcheur physique pour s'opposer à la furia et au football total des hollandais, auront-ils les jambes tout simplement ? That is the question...
Je relevais les yeux, jetait un coup d'oeil à l'heure puis poster mon article sur le site du journal. Dix-sept heure, je m'étirais puis me changeais. Lentement, j'enfilais mon maillot, mon short et mes chaussettes, je préparais ensuite mon sac : d'abord les affaires de rechanges - tee-shirt, pull, pantalon, chaussettes - dans la poche centrale, puis les crampons dans la poche latérale gauche, je me levais, ouvrit le frigidaire et en sortais une banane, je prenais dans un placard des biscuits et deux petites bouteilles d'eau et glissait le tout dans la poche latérale droite. Enfin je retirais mon maillot et le posait sur mon lit. Je m'approchais d'une étagère, tirais le deuxième tiroir et sortis un tee-shirt rouge avec une raie blanche passant sur les épaules et les côtés, un écusson blanc frappé d'une croix rouge était cousu au niveau du coeur, au-dessus était inscrit un seul mot : « England. » Je le retournais et caressais le numéro floqué au dos, le numéro 6 puis le nom avec un certains respect : « Moore. » Je l'enfilais puis je remettais le maillot. J'enfilais un jogging et un sweat.
Le terme de personnalité peut se définir comme la synthèse des éléments qui constituent la situation psychologique et mentale d'un individu. Cet ensemble d'éléments concoure à l'organisation, la conformation mentale d'une personne afin de lui donner une expression particulière, physionomie propre.
Je descendais dans la rue, balançais mon sac sur mon épaule et allait prendre le tram. Cinq minutes d'attente, je pris mon mal en patience en lisant un article dans Rock and Folk. Le tram mettait quinze minutes pour parcourir la distance entre la station de l'Hôpital et la station de la Faculté de Sport, le temps de s'ankyloser et de sentir un ou deux frissons parcourir son échine indifféremment provoqués par un groupe de marginaux un peu trop ivres pour être calmes ou par une perle jaillissant au travers d'un écrin trop sombre, d'un voile de velours trop fin pour que le regard ne soit pas attiré par elle. Je relisais un de mes derniers articles.
Wayne et Michael blessés, c'est dans le plus simple appareil d'un effectif réduit à peau de chagrin que le MU se prépare à affronter l'Ajax, redoutable représentant d'un football triomphant. L'Ajax et son esprit du jeu, l'Ajax et son attaque de feu (106 buts marqués depuis le début de la saison), l'Ajax qui vient d'enlever la Coupe des Pays-Bas face aux PSV puis de s'imposer sur le terrain du Feyenoord Rotterdam et de s'assurer la victoire en Championnat.
Johan, le meneur en est la plaque tournante. "Lorsque l'équipe joue à sa valeur, elle est quasiment impossible à contrer," remarque Sir Alex, l'entraîneur des mancuniens. Pas très rassurant...
Les lieux étaient presque déserts sauf là où nous devions nous entraîner, j'allais aux vestiaires pour saluer les autres joueurs puis je me rendais sur le terrain objet du futur problème. Palabres. Un coup de boule par-ci, un crochet du droit par là et tout rentre dans l'ordre : c'est beau la France du sport... Le sport est le dépassement de soi. Le sport est une école de vie...
L'entraînement le seul moment peut-être de la semaine où je laisse mon corps et mon esprit aller comme bon leur semble, où je ne calcule pas, où je peux écouter et agir selon mon instinct. Cette sensation du cuir, qui roule contre le pied qui le caresse comme on caresse une femme langoureuse, me fait frémir, chaque pas est une bataille, une victoire remportée sur les limites d'un corps trop faible, d'un coeur trop lourd, d'un souffle trop court... Mais la voix qui s'élève dès que les jambes s'arrêtent un instant, le rôle de l'aboyeur, celui qui organise, qui exige le respect des positions, des marquages, qui distribue sur le terrain les conseils. Celui aussi qui, parfois, se jette pour commettre la faute obligatoire, avec plus ou moins de bonheur. Ce rôle me va parfaitement. Pourquoi ? Je n'en sais rien, honnêtement. Peut-être est-ce mon tempérament. Et plus que le seul moment de la semaine où je laisse mon esprit se relaxer dans les bras jumeaux de l'instinct et des automatismes, si ce moment était le seul où je suis réellement moi-même ?
La personnalité multiple est le fait qu'une personne possède deux, voire plus, personnalités complètement différentes, chacune ayant une vie sociale et professionnelle distinctes, parfois un nom propre à chacune d'entre elles et étant parfaitement adaptées à leur(s) milieu(x). Ce n'est pas vraiment un trouble, mais une surconstruction personnelle donnant naissance à plusieurs personnalités au lieu d'une seule.
J'ai commencé à m'intéresser à la médecine et à la psychologie par hasard suite à la lecture de quatre livres : Le Procès de Nuremberg de Leeb et Heydecker, L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme de Weber, L'art de la Guerre de Sun Tzu et Les Règles de la méthode sociologique de Durkheim. Sans m'en rendre compte, j'ai rapidement prit goût à un jeu simple : essayer de comprendre un maximum de phénomènes psychologiques afin de les replacer correctement dans mes articles. Mais au bout d'un temps, le jeu est devenu à la fois une drogue et une source d'angoisse. Comme les trois personnages de Trois hommes dans un bateau de Jérôme K. Jérôme, je m'imagine que je suis malade même s'il n'en est jamais rien. Cependant l'esprit à cette étrange faculté de dominer à tel point le corps que celui-ci révèle véritablement les symptômes supposés.
Le syndrome de Münchhausen est une pathologie psychiatrique également appelée pathomimie ou trouble factice, caractérisée par le besoin de simuler une maladie, sans recherche de profit direct, ce qui est différent de la simulation au cours de laquelle le patient cherche à obtenir un bénéfice ou un avantage du fait de ses troubles allégués.
Je reprenais le tram après une douche rapide dans les vestiaires. Peu de monde, je ne revenais pas chez moi immédiatement : j'allais d'abord dîner et voir le match de ce soir dans un bistrot de mes habitudes. Je descendais et traversais la place de la Cathédrale. Levant les yeux vers les pointes des flèches jumelles de l'imposant édifice, les murs de celui-ci m'apparurent alors deux fois plus grands qu'ils ne l'étaient réellement. Je vacillais quelques instants avant de me rendre compte de ma méprise. La pression qu'exerçait sur moi le monument à ce moment me fit tourner la tête. Cette vision avait quelque chose d'effrayant mais surtout quelque chose de malsain et presque de démoniaque.
La mythomanie a été décrite par Dupré en 1905. C'est une tendance plus ou moins volontaire et consciente aux mensonges et à la création de récits imaginaires. Alors que le mensonge normal est épisodique, motivé et proportionnel à son but, par exemple le mensonge par charité, le mensonge pathologique est à la base de la fiction fantasmatique du récit du mythomane. La constitution mythomaniaque avec fixation à un stade infantile et grande suggestibilité est propice à la fabulation délirante. Ce sera la base de la fiction délirante du paraphrène confabulant.
J'entrais dans le bar et m'assis à ma table habituelle. La serveuse m'aperçut, me sourit, me fit un geste indiquant la carte auquel je répondit d'une grimace. Elle nota une série d'instructions sur un papier, passa en cuisine puis vint m'apporter une cruche d'eau, une corbeille de pain et me glissa un mot dans mon blouson. Je reportais mon attention sur la télévision : l'heure fatidique approchée et la composition des deux équipes était tombée. Pas de surprise pour l'Ajax, l'équipe type, mes sourcils se froncèrent nettement plus en voyant celle imaginée par Sir Alex, trois défenseurs, cinq milieux dont deux récupérateurs et deux attaquants de pointes. Bigre ! On dit que "pour qu'un anglais meure, il faut le tuer deux fois," certes mais même un psychologue sans état d'âme, doué il est vrai d'un culte de le victoire incroyable et une influence sur ses joueurs inégalables, comme Sir Alex doit bien considérer que même en s'appuyant sur une expérience forgée dans le feu de dizaines - voire d'une centaine - de joutes européennes, un fond de jeu indéniable et un mental d'acier, la frontière entre l'audace et la témérité est parfois aussi ténue que celle entre le physique d'un bleue et celui d'un vétéran. Je relevais un instant les yeux et mémoriser cette phrase : elle pourrait toujours servir.
La mythomanie n'est donc pas seulement l'action de fabuler ni celle de mentir. C'est une véritable constitution, un type de déséquilibre entraînant l'élaboration de récits d'événements et d'actes qui n'ont pas eu lieu mais que le malade fait croire à autrui. Il dit en avoir été le témoin ou l'acteur et s'y décrit souvent dans une position avantageuse, ou au bénéfice secondaire important, par exemple pour rechercher à se faire plaindre.
La serveuse revenait déjà avec mon entrecôte à point, mes pommes de terre frites et ma bouteille de vin rouge ouverte.
« Alors ? me demanda-t-elle.
- Alors ? répondis-je. Ah oui ! pardon, samedi ça te va ?
- Oui.
- Vendu, je passe te chercher ici. »
Elle me sourit et je lui renvoyais également un sourire. Mais le temps n'était pas aux futiles batifolages - même avec une serveuse sexy qui me tendait des bras - non, l'heure était au travail et une fois n'est pas coutume j'allais être sérieux. Si mes professeurs avaient entendu cette phrase, il y a quelques années, certains auraient fait une attaque.
Le dédoublement de la personnalité est un trouble psychologique dans lequel coexistent chez un même individu un comportement normal, conscient et adapté au milieu qui l'entoure, et un comportement anormal lié à l'inconscient, automatique et inadapté.
Les deux équipes étaient entrées sur le terrain, l'hymne de l'UEFA retentissait, gonflant les coeur et aiguisant les crocs des vingt-deux adversaires du jour. Je tirais de mon sac un baladeur radio et recherchais la fréquence de ma radio favorite. Pour pleinement profité d'un tel match, il faut deux éléments : les images et la voix d'un commentateur Sud Américain. Pourquoi ? Me direz-vous. Parce que ce sont les meilleurs, tout simplement.
« Et oui, mes chers amis, nous sommes en direct de Wembley dans l'antre, le temple, le saint des saints du football anglais pour cette finale de la Champions League opposant l'Ajax au Red Devils. Le match va bientôt débuter, Jonny et Marco pour l'Ajax sont dans le cercle. Et c'est parti ! »
Du pur bonheur pour les oreilles, je picorais mon dîner tout en prenant des notes.
« Marco qui passe en retrait pour Frank qui laisse aller vers Ernie qui transmet vers Arie sur l'aile gauche, le latérale combine avec Franck, glisse à Phillip qui fait circuler vers Johan. Johan, sans contrôle, lance Jonny sur l'aile gauche. Darren est pris de vitesse. Jonny pousse son ballon, il évite Gary. Il remonte vers la surface. Un crochet sur Rio. Centre mon petit, centre. Le centre de Jonny ! La tête de Marco ! GOALLLLL ! »
Je relevais les yeux et constatais les dégâts. Vingt-trois secondes de jeu et déjà un but à zéro. Ca partait mal. Wembley cueillit à froid était d'un silence sépulcrale. Je soupirais et baissais les yeux vers mon assiette. Un anglais ne baisse jamais les bras sauf pour saluer la Reine. Je m'attendais à une partie d'échec entre deux entraîneurs de talent, et la suite n'allait pas me contredire dépassant d'ailleurs mes espérances.
« Ballon récupéré par Phil côté gauche. Nicky maintenant qui accélère et effectue une longue passe vers Ryan... mais le ballon a été touché par Johan et récupéré par Piet à l'entrée de sa surface. Le ballon remonte maintenant vers Phillip qui oriente vers Johan qui veut s'appuyer sur Frank mais s'est coupé par Paul qui passe à David qui pique sur Teddy qui dévie de la tête pour Ryan qui se présente seul devant le but. Il crochète Piet et butttt ! Egalisation de Ryan dans un but vide. »
Le dédoublement manichéen se traduit par la conviction du sujet que deux personnages à la fois complémentaires et opposés existent en lui et vivent à tour de rôle, ou même simultanément, une vie totalement différente. Un tel état, proche de celui que l'écrivain britannique Robert Stevenson a décrit dans Docteur Jekyll et Mister Hyde (1886), peut être dû au délire chronique, à la schizophrénie, à l'automatisme mental ou à l'épilepsie.
« Jonny qui avance avec le ballon, il perce la défense mancunienne avant de revenir vers Phillip. Phillip effectue une longue ouverture vers la droite pour Mark. Déporté sur la droite de la surface, il réalise un magnifique contrôle aérien, crochète Phil et, de l'extérieur du pied droit, place le ballon sous la barre transversale. Cela fait deux buts à un, pour l'Ajax. »
Rien dans le jeu de cette équipe ne permet de croire à une finale d'une coupe internationale, débordée par la vitesse et la pression physique des adversaires, étouffé au milieu de terrain et presque anéantie par une entame de match calamiteuse et une première mi-temps apocalyptique à la fin de laquelle United est menée par quatre buts à un.
Alors maintenant, oui, il faut tiré un grand coup de chapeau à cette superbe équipe de l'Ajax qui ne s'est pas démontée malgré l'enjeu et à réaliser quelques perles comme le but de Jonny : centre de Mark à l'entrée de la surface, amortis de la poitrine de l'attaquant qui a pris de vitesse les défenseurs et demi-volée dans le même saut pour envoyer le ballon fuser dans la lucarne. Autre perle rare, le dernier but : Johan récupère à l’entrée de la surface de réparation un ballon mal dégagé par la défense : petit amortie de la poitrine, un jongle pied droit pour éliminer son vis-à-vis et une demi-volée pied gauche qui fusilla sans sommation la défense.
Il serait cependant injuste de ne rien retenir de bon de la première moitié de match des vétérans du football anglais. Même au plus fort du supplice qu'a vécu l'arrière garde britannique il faut au moins reconnaître que ils ne se sont pas décomposés, ils n'ont pas baissé les bras et ont continué en grands professionnels à attaquer la preuve : l'égalisation de Ryan seulement cinq minutes après l'ouverture du score. C'est cette double face du match qui m'inquiète le plus pour l'Ajax. En effet cette équipe est clairement atteinte d'un certain dédoublement de personnalité dans le sens où il y a deux aspects qui coexiste dans cette équipe : celui des génies inarrêtables et celui, plus rare néanmoins, mais que nous avons déjà vu ce soir, des sous-doués amorphes incapables d'aligner trois passes et de maintenir la rigueur extrême qui est effectivement le pilier centrale de leur réussite et leur principale force. La question est ce soir si ce second visage apparaît, est-ce que United parviendra à l'utiliser ?
Je m'étirais. La mi-temps ne durait qu'un quart d'heure et je devais poster cet article sur le site entre temps. Je me tournais vers la serveuse.
« Marie, ton ordinateur est connecté à Internet ?
- Oui.
- Je peux l'utiliser cinq minutes ?
- Oui.
- Merci. »
Je me remettais à table et finissais mon dessert.
La schizophrénie est une psychose, c’est-à-dire une maladie mentale dont le malade n’est pas conscient - contrairement à la névrose - et caractérisée par la perte du contact avec la réalité et par des troubles plus ou moins graves de la personnalité.
On pense souvent que l'alcool n'affecte que partiellement les capacités d'un être humain standard. Grave erreur, surtout quand on ne boit que du rhum blanc et ce sec à la rigueur entrecoupé d'une tasse de thé avec son traditionnel nuage de lait ou d'un verre de vodka avec une goutte d'eau. L'alcool quand on connaît la limite à ne pas dépasser peut néanmoins s'avérer très pratique. Outre la sensation de chaleur et l'excitation purement infondée qu'elle procure, elle est un stimulant inégalable - particulièrement quand vous devez trouver quelque chose à dire sur un Grenoble / Boulogne joué un 20 décembre et ce malgré un blizzard persistant - et très apprécier dans le métier et ailleurs. Mais l'intérêt suprême de l'alcool, c'est qu'il vous fait faire les pires bêtises possibles ce qui rétrospectivement peut s'avérer intéressant tant que vous ne commettez pas de crimes - ou alors pas trop graves. Ainsi nombreux sont les auteurs, les journalistes, les compositeurs ou les élèves planchant sur un devoir à la maison de philosophie qui vous expliqueront que leurs meilleures idées leur sont parfois venus durant une période de la nuit restant cependant assez floue dans leur mémoire. L'alcool a à peu près les mêmes effets sur moi, à ceci près que j'ai toujours eu l'honnêteté de publier les articles écrits sous acide ou autre.
Les causes mêmes de la schizophrénie sont complexes et controversées. Les chercheurs avancent une perturbation de la relation entre la mère et l’enfant, un blocage mental qui semble être la règle dans les familles à schizophrènes, dans lesquelles la communication est particulièrement perturbée, voire impossible.
Il ne restait que cinq minutes à jouer en comptant les arrêts de jeu. Corner pour le MU, tiré par David, deux pas d'élan, une balle qui s'éleva doucement presque au ralenti, Jaap - entré en défense pour l'Ajax - renvoya au premier poteau de la tête vers Ryan qui reprit instantanément de volé. Pied se jeta pour capter le ballon mais Teddy usant ses dernières forces fut plus vif et coupa la trajectoire trompant la défense stupéfaite. 4 à 2. Deux minutes plus tard, un nouveau corner est sifflé pour United. David encore, encore deux pas d'élan, Teddy encore mais de manière trop imprésise cette fois vingt deux joueurs - Ben avait quitté sa cage - pareils à des statuts de cire, regardèrent le ballon s'échapper lentement vers la ligne de sortie. Vingt deux ? non, un réagit. Ole dit "Baby face killer" rabattit la balle dans le but d'un coup de pied circulaire digne d'un maître en art martial. 4 à 3. Plus qu'une minute à jouer, plus qu'une minute à tenir pour un Ajax mit à l'agonie par les coups de butoir chirurgicaux des vieux roublards.
Si ce match devait être comparé à un autre événement sportif, ce serait avec le combat du 30 octobre 1974 opposant Georges Foreman à Cassius Clay, alias Mohammed Ali. Durant toute la première période, United a épuisé l'Ajax en le laissant s'occuper du jeu et prendre l'avantage. Effectivement, il fut sauvé par le gong alors qu'on le voyait sur le point de craquer. Mais comme Mohammed Ali, United a parfaitement joué sur la fatigue et l'excès de confiance de son adversaire. Ainsi il a passé toute la seconde période bombardé le corps et la tête de son adversaire de bordées mathématiquement calculées de jab - ici des percées appuyant rigoureusement sur chacun des points faibles de l'Ajax et se soldant invariablement par une faute se rapprochant lentement mais sûrement de l'entrée de la surface et obligeant l'arbitre à sortir de plus en plus souvent ses cartons.
Ce fut donc un Ajax titubant sous la violence des coups qui tente désespérément de remonter sa garde lorsque, tout en regardant son chronomètre, l'arbitre siffla un ultime coup franc direct pour United à l'entrée de la surface, légèrement sur la droite. David s'élança. Son pied droit magique enroula le ballon qui fusa vers le poteau avant que sa courbe ne s'incurva pour le frôler et ....
Les études qui ont été faites chez les vrais jumeaux dans des familles d’adoption, montrent que la schizophrénie à une composante génétique importante. L’utilisation de produits hallucinogènes comme le LSD peut favoriser la survenue de troubles psychotiques.
« GOALLLLLLLLLLLL ! Egalisation du MU ! » Et un quart d'heure de pause - et un article avant les prolongations.
Plus récemment a été avancée la théorie des neurotransmetteurs et des neuropeptides - molécules utilisées par le cerveau pour permettre le passage de l’influx nerveux et donc l’activation de l’idéation, qui est le processus de la formation des idées. Cette théorie est basée sur l’efficacité de certains neuroleptiques dont le mode d’action de consiste à bloquer la dopamine qui est un neurotransmetteur utilisé par le cerveau. On sait que la dopamine mésolimbique, c’est-à-dire située dans une partie du cerveau dévolue à l'affectivité, joue un rôle important dans les phénomènes d’attention et de filtration des stimuli - éléments susceptibles de provoquer une réaction.
« Que dire de cet invraisemblable retournement abracadabrantesque de situation ? Hormis cette phrase étrange, » pensais-je.
Que retenir de cette communion solennelle annuelle du football européen ? Une ambiance indescriptible, une référence, un exploit s'inscrivant durablement dans la légende de ceux qui "qui y croient jusqu'au bout." Un match de boxe de folie durant lequel chacune des deux équipes a fini dans les cordes sur le point du KO à un moment du match.
La seule question reste désormais qui pour entrer chez United - Sir Alex n'ayant toujours pas choisi ses "supersub" - entre Michael, Mikaël O, Chris, Jony, Ritchie, Owen et Tomasz. Personnellement au vu du match, j'aurais tendance à pencher pour deux défenseurs et un attaquant. Mais que décidera le seul maître au club après Dieu ?
« Bon c'est pas tout ça mais faut que je le post avant le début des prolongations, » pensais-je.
« Marie ?
- Oui ?
- Je peux.
- Oui.
- Merci.
- Je crois que je vais faire payer mes services, bientôt, dit-elle alors que je passais derrière le comptoir.
- De quelle manière ? demandais-je innocemment.
- Tu sais ce que je veux, me murmura-t-elle à l'oreille.
- Et tu sais ce que je veux, » lui glissais-je pour toute réponse.
Supersub 1 : Michael à la place de Darren - logique l'Ecossais était complètement cuit ;
Supersub 2 : Mikaël O à la place de Ole - un passage de témoins ;
Supersub 3 : Chris à la place de Teddy - un hommage pour le plus vieux attaquant de la compétition à 45 ans et sept buts inscrits.
« Ouais, à voir. Je reste un peu sur ma faim mais c'est déjà plus offensif que ce qu'aurais décidé l'écrasante majorité des autres entraîneurs. Mais il est vrai qu'il n'existe qu'un Gaffer, un seul manager aux 2039 matchs de haut niveau, » songeais-je.
Quand le système de filtration des stimuli extérieurs est défaillant, on observe une chute des capacités de traitement de l’information d’un individu. Les sujets sont noyés dans les informations qu’ils captent, ce qui entraîne une fragmentation de leurs pensées et des troubles de celle-ci.
Le match était plié il y a quarante-cinq minutes mais quarante cinq minutes, c'est long. Et je commençais à fatiguer. La première prolongation avait commencé depuis une poigné de minutes quand je remettais les écouteurs pour me croire au bord de l'apoplexie.
« Paul qui intercepte le ballon dans son camp. Il le transmet à David qui crochète son vis-à-vis et lance Mikaël O dans le rond central. Mikaël O qui contrôle dans sa course. Il contourne Frank, évite Jaap. Mikael O résiste au retour de Ernie et de Arie. Il arrive en fin de course. Le tire croisé du pied droit. GOALLLLLLL ! »
« Cela s'appel un retour en état de grâce. » Cette idée me traversa l'esprit à la vitesse d'un escargot comateux mais elle eut le mérite d'exister. Je constatais avec bonheur que l'alcool commençait à faire effet.
Cinq minutes plus tard, nouveau coup de théâtre et à nouveau Mikaël O au centre de la tourmente.
« David qui s'approche de la surface balle au pied. Il réalise une passe piquée pour Mikaël O. Mikaël O qui effectue un jongle pied droit, un jongle pied gauche. Il passe à Chris en appuie dans la défense qui lui remet immédiatement. La volée de Mikaël O en extension. GOALL ! »
Le seul intérêt de regarder ce match résidait à présent dans le fait de savoir laquelle des deux équipes aurait bientôt la défense la moins ridicule.
Deux minutes plus tard, sur un centre de Edgar, qui a remplacé Phillip, Dennis manqua sa reprise. Ben, livré alors à lui même, repoussa les frappes de Johan et de Frank mais pas celle de Marc expédiée d'une quinzaine de mètres. Une grosse poignée de secondes plus tard, Gary effectua une touche pour Rio qui la lui remit trop mollement. Edgar intercepta et lança Dennis qui se joua de Ben. On peut difficilement faire mieux quand on tient à se suicider. Six buts partout, record du nombre de buts marqués en finale battu.
La suite fut une étrange histoire comme on en rencontre que dans les moments les plus troubles et qui appartient à jamais à la légende.
Suite à une intervention irrégulière involontaire de son adversaire direct, Chris reçut un coup de coude à la nuque et joua les quinze dernières minutes de la finale dans un état second entre la transe et l'épanouissement d'une seconde personnalité. Il évolua dans le brouillard et tenta alors des actions insensées, qu'il réussit inscrivant trois but durant ce dernier quart d'heure. Pour preuve, ce dernier but génial entre tous : sur une ouverture de David, Chris contrôla de la poitrine, loba son vis-à-vis d'un jongle du pied droit et crucifia Piet d'une demi-volée du pied gauche.