Une petite heure plus tard, ils montaient en scène après des reprises de Queen et de Iron Maiden, l’ambiance était bonne, un peu chaude peut-être.

« On commence par Smoke on the water. »

            Ils se mirent en position : Shin au centre encadré par Hans et Pierce, Jimmy un peu en retrait sur la droite et John à l’arrière-scène avec sa batterie. Hans commença le riff le plus connu de l’histoire du Rock. La foule entière fut soulevée par une vaste énergie indescriptible. Quelques secondes plus tard, Shin n’était pas seul à entonner son texte.

« We all came out to montreux
On the lake geneva shoreline
To make records with a mobile.
We did’nt have much time
Frank zappa and the mothers
Were at the best place around
But some stupid with a flare gun
Burned the place to the ground
Smoke on the water, fire in the sky.

They burned down the gambling house.
It died with an awful sound
Funky claude was running in and out
Pulling kids out the ground
When it all was over.
We had to find another place
But swiss time was running out.
It seemed that we would lose the race
Smoke on the water, fire in the sky.

We ended up at the grand hotel.
It was empty cold and bare
But with the rolling truck stones thing just outside
Making our music there
With a few red lights and a few old beds.
We make a place to sweat
No matter what we get out of this.
I know well never forget
Smoke on the water, fire in the sky. »

            Il reprit son souffle et laissa le manche de sa basse pointer vers le sol. Il fixa Hans qui lui fit un clin d’œil, il vit Jimmy hocher de la tête et John lui faire un signe de la main. Il sourit légèrement au coin des lèvres et se retourna vers le public. Pierce lui tapota sur l’épaule. Shin prit le micro et cria :

« Public, es-tu prêt ? »

            La réponse fut bruyante mais unanime. Sans attendre, les notes avaient commencé à déferler en bourrasque dans son dos et il se laissa entraîner par la vague.
 « I am an antichrist,
I am an anarchist,
Don't know what I want
But I know how to get it
I wanna destroy the passerby.

'Cause I wanna be Anarchy,
No dogsbody.

Anarchy for the UK.
It's coming sometime and maybe
I give a wrong time stop a traffic line.
Your future dream is a shopping scheme.

'Cause I wanna be Anarchy
In the city.

How many ways to get what you want,
I use the best,
I use the rest,
I use the N.M.E,
I use Anarchy.

'Cause I wanna be Anarchy,
It's the only way to be.

Is this the M.P.L.A or
Is this the U.D.A or
Is this the I.R.A,
I thought it was the UK
Or just another country
Another council tenancy.

I wanna be Anarchy
And I wanna be Anarchy
Oh what a name.

And I wanna be an anarchist
I get pissed, destroy! »

            Shin laissa sa tête partir en arrière puis replongea en avant.

           Ekichi déposa Shin et Pierce devant les studios en début d’après-midi. Ils avaient un peu d’avance et allèrent boire un block au pub en attendant le reste du groupe. Pierce inspecta rapidement la scène du regard.

« Tu as écouté le dernier single des Rocksun ?

_Temptation ? Oui, il est passé hier sur Radio Rock.

_Le jeu de guitare du leader s’est encore amélioré, dit Pierce.

_Celui des autres musiciens également, ajouta Shin. La voix du chanteur est toujours pénétrante, transcendante.

_J’admet que c’est l’une des plus belle voix de l’histoire du Rock and roll. Mais son ambition ne peut supporter moins à mon avis.

_Ses deux rêves, hein ? Egaler les plus grands dieux de la musique de la deuxième partie du vingtième siècle : le plus génial guitariste de l’histoire, Jimi Hendrix, et les Beatles.

_Pas de qualificatifs pour eux ?

_Tu en as un qui s’accorde avec leur grandeur ? »

            Shin lui lança un sourire entendu et vida son verre d’un trait.

« J’ai entendu dire qu’ils allaient sortir un deuxième album le moi prochain.

_Je le crois. Ce n’est pas illogique : deux singles, un album et déjà trois chansons en têtes des hit-parades français, anglais et américains. C’est fort pour un groupe qui n’a même pas six mois.

_Quatre depuis le premier single.

_Ils feront sûrement une tournée de promotion, on pourra aller les voir.

_Il faudra y songer… Voilà les autres ! »

            Jimmy, Hans et John entraient effectivement à cette instant précis. Ils s’assirent avec Shin et Pierce et commandèrent puis Hans alla discuter avec le chef de la programmation. Il revint cinq minutes plus tard mi-figue mi-raisin.

« Il nous propose un double tour de chant parce qu’en définitive on passera en dernier, on fait quoi ?

_On prend, » affirma résolument Jimmy.

            Pierce, John et Shin approuvèrent d’un commun d’accord. Hans hocha en signe de compréhension et alla donner leur réponse.

« Donc on jouera les deux programmes ? demanda John.

_Oui, ça sera le plus simple, répondit Jimmy.

_Hum… Je peux proposer un changement ?

_Vas-y, Shin.

_Remplaçons Let me down par Stand by me.

_Pourquoi ?

_Elle n’est pas finis… pas complètement du moins. Il faudrait en reprendre certains passages…

_Tu ne veux pas la chanter en fait ? questionna Pierce.

_Franchement, ça me ferait mal.

_On verra ça avec Hans, » trancha Jimmy un peu morose.

            Ils se retirèrent dans un studio afin de répéter et de se soulager psychologiquement. Ils y passèrent la fin de l’après-midi.

            Vers vingt heure, le premier groupe monta sur scène et joua ses premières notes – celle de la chanson de Led Zeppelin Whole Lotta Love. Il exécuta cinq autres musiques du mythique  groupe anglais. Shin et les autres s’étaient installés dans le fond, appuyés contre le mur. Pierce se pencha vers lui.

« Regarde à la deuxième table à côté du bar là-bas.

_Hum… on joue sous pression ce soir ?

_Ils sont tous là. On leur fait danser un slow à la fin ? demanda Pierce à la cantonade.

_Sur quel air ? s’enquit Hans.

_Shin a proposé Stand by me pour conclure ça pourrait être pas mal, lança John.

_Si ça peut passé…

_Vendu, » conclut Pierce avec un grand sourire.

            Ils se regardèrent en chiens de faïence puis ils partirent dans un fou rire nerveux général et sortirent.

            Shin sortit sa Melody Maker et joua quelques accords en sifflotant. Hans s’assit à côté de lui.

« C’est Blowin’ in the win’ de Bob Dylan, questionna-t-il.

_Hum… »

            Hans tira sa Les Paul et reprit le thème musical bientôt accompagné de Jimmy à la basse, de Pierce avec sa Ps-1 et de John qui marquait le rythme du mieux qu’il pouvait…

« How many road must a man walk down
Before you call him a man.
Yes 'n how many seas must a white dove sail
Before she sleeps in the sand.
Yes 'n how many times must the cannon balls fly
Before they are forever banned.

 

The answer my friend is blowin' in the wind,
The answer il blowin'n in the wind.
<!--[if !supportLineBreakNewLine]-->
<!--[endif]-->

How many years can a mountain exist
Before it's washed to the sea.
Yes 'n how many years can some people exist
Before they're allowed to be free.
Yes'n how many times can a man turn his head
Pretending he just doesn't see.

 

The answer my friend is blowin' in the wind,
The answer il blowin'n in the wind.

 

How many years can a mountain exist
Before it's washed to the sea.
Yes 'n how many years can some people exist
Before they're allowed to be free.
Yes'n how many times can a man turn his head
Pretending he just doesn't see.

 

The answer my friend is blowin' in the wind,
The answer il blowin'n in the wind.

 

How many times must a man look up
Before he can see the sky.
Yes 'n how many ears must one man have
Before he can hear people cry.
Yes 'n how many deaths will it take till he knows
that too many people have died. »

            L’effet produit dans une quelconque ruelle américaine eut été une certaine satisfaction populaire mais manifestement pas devant un bar qui faisait une soirée spéciale Punk-Rock et il préférèrent sagement aller attendre leur tour en coulisses.