The Doors se forme autour de la personnalité de Jim Morrison, étudiant en cinéma féru de poésie et poète amateur lui-même, et de sa rencontre avec un brillant organiste, ancien pianiste de formation classique, Ray Manzarek, qui a choisi de jouer du blues dans les clubs. C’est Jim Morrison qui trouve le nom de la formation, inspiré d’un essai d’Aldous Huxley se référant à un poème de William Blake. Après s’être fait connaître sur la scène locale, ils sortent leur premier album, The Doors, en 1967, qui contient aussi bien des chansons accrocheuses (le tube « Light My Fire » ) qu'un morceau semi-improvisé de onze minutes (« The End ») où le style incantatoire, le lyrisme intense et les images puissantes (en partie inspirées par la consommation de drogues diverses) du poète Jim Morrison s’imposent au premier plan. Rythmique dense, mélodies sinueuses et influences venues du jazz et surtout du blues caractérisent le son du rock psychédélique des Doors. Toutefois, la forte identité du groupe, combinant les aspects les plus théâtraux et les plus violents du rock, repose essentiellement sur la voix et le charisme — à forte connotation sexuelle — de Jim Morrison ; en tant que parolier, celui-ci explore, parfois naïvement, des terres jusque-là réservées à la littérature.
Strange Days (1967) confirme l’originalité et le succès du groupe, désormais immense, ainsi que le statut de sex-symbol subversif du chanteur, surnommé le « roi Lézard ». Doué d’un sens inné de la provocation, très porté sur l'alcool et les drogues, Jim Morrison transforme les concerts des Doors en grand-messe théâtrale et politique. Les autorités américaines s’inquiètent cependant de l’influence, jugée pernicieuse, du groupe sur la jeunesse et, en 1969, il est condamné pour « comportement obscène et lascif » lors d’un concert à Miami. En 1971 paraît L.A. Woman, le dernier album — l’un des meilleurs — où les influences blues sont à nouveau omniprésentes. Las, en proie depuis toujours à des démons qu’il tentait d’exorciser dans la consommation de drogues et d’alcool, Jim Morrison quitte le groupe la même année pour se consacrer entièrement à l’écriture et à sa poésie, qui n’a rencontré qu’un succès d’estime. Il meurt le 3 juillet 1971 à Paris, d'une attaque cardiaque, dans des circonstances demeurées mystérieuses.
En 1991, Oliver Stone réalise The Doors, film qui relate l'histoire du groupe, dont la discographie inclut également The Soft Parade (1969), le mystique Morrison Hotel (1970), Absolutly Live (1970), double album live tiré d’un concert donné à New York, et An American Prayer (1978), bande sonore composée par les trois membres du groupe sur un poème de Jim Morrison, enregistrée en 1970 et utilisée en 2000 par Fatboy Slim sur son album Halfway Between the Gutter and the Stars, contribuant ainsi à remettre à l’honneur un groupe dont l’influence — tant du point de vue musical que de « l’attitude » — s’est révélée décisive pour de nombreuses formations rock.
Après la mort de leur chanteur, Ray Manzarek, Robbie Krieger et John Densmore ont tenté, sans beaucoup de succès, de poursuivre l’aventure en gravant Other Voices (1971) et Full Circle (1972).
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