posté le 14-06-2009 à 21:17:53

Bonsoir...

esprit tu es là,

je le vois sur mes statistiques,

qui es-tu ?

aimes-tu ce que tu lis et que j'écris ?

penses-tu à des améliorations ?

parles !

 


 
 
posté le 14-06-2009 à 12:08:20

12 octobre.

           Hans, Jimmy, Pierce, Shin et John quittèrent directement le lycée pour foncer répéter en studio les chansons pour le concert du lendemain. Mike Streenningam passa pour les écouter et parut très satisfait de leurs choix même si son sourire en coin n’inspirait aucune confiance à Shin et John – Hans ayant une position déjà explicite, Jimmy et Pierce préférant rester silencieux.

« Je ne lui fait pas confiance, trancha John.

_Moi non plus, reconnut Jimmy.

_On devrait préparer un plan B, admit Pierce.

_Tu penches pour quoi ? demanda Hans.

_Les musiques qu’on a choisie s’adaptent tout à fait pour des soirées Blues, Rock, Pop ou Jazz à la limite, admit Shin, mais pas si pour une scène Punk ou Metal.

_On devrait donc avoir un plan B plutôt Punk, conclut Jimmy. Vous proposez quoi ?

_Smoke on the water de Deep Purple, lança Pierce.

_ Anarchy for the UK et God save the Queen des Sex Pistols, dit John.

_ Revolution des Beatles, proposa Shin.

_Virgin killer de Scorpions, suggéra Hans. »

            Jimmy soupira et alluma son ordinateur portable, fit quelques recherches puis l’éteignit.

« Ok, j’ai envoyé à tout le monde les tablatures qui le concernent et les textes pour Shin, alors bossez bien. Je vais réserver le studio pour demain après-midi, on répètera le plan B au cas où. »

            Il y eut un soir, il y eut un matin…
 


 
 
posté le 14-06-2009 à 12:07:34

11 octobre.

           Shin se réveilla guitare en main. Il ne réalisa pas tout de suite que sa nouvelle basse était toujours branchée à son nouvel ampli. Le tapage nocturne – à six heures du matin – qui en résulta permit à tout l’étage d’être exceptionnellement ponctuel au travail.

            Il posa la Stagg sur un trépied et prit la vieille Melody Maker de feu son père adoptif. Il attrapa un de ces anciens livrets de tablatures/partitions/lyrics et l’ouvrit à la page centrale. Il laissa ses doigts glisser le long des cordes. « De toute manière, cette chanson a été écrite pour être exécuté avec trois guitares, » songea-t-il en jetant un coup d’œil à la ligne mélodique complexe qui était dessinée sur la page.

« I look at you all see love there that’s sleeping

While my guitar gently weeps

I look at the floor and I see it needs sweeping

Still my guitar gently weeps

I don’t know why nobody told you how to unfold your love

I don’t know how someone controlled you

They bought and sold you.

 

I look at the world and I notice it’s turning

While my guitar gently weeps

Witch every mistake we must surely be learning

Still my guitar gently weeps

I don’t know how you were diverted

You were perverted too

I don’t know how you were inverted

No one alerted you.

I look at you all see love there that’s sleeping

While my guitar gently weeps

Look at you all…

Still my guitar gently weeps. »

            Il resta quelques instants dans le silence puis se releva lentement et alluma le lecteur Cd. Dans les entrailles métalliques de ce dernier, le disque commença à tourner et du fond des sixties la musique resurgit plus vivante et mélancolique que jamais.

« J’ai encore du boulot en chant pour être au niveau… »

            Il reprit sa guitare et enchaîna les accords comme si sa vie en dépendait : c'est-à-dire mal.

            Il débarqua au lycée, basse dans le dos et gara sa 125 dans une petite ruelle adjacente. Il passa sous la grande porte et se dirigea vers le dojo du club. La cour était déserte. Le souffle du vent passa dans ses cheveux mouillés lentement comme les longs et glacés doigts du temps. Il resta un moment à contempler ce morne paysage urbain, triste et désenchanté dans la fraîcheur brumeuse de ce petit matin blême d’un automne irréelle. Il était seul, il était libre, il était beau, du moins s’égarait-il à l’espérer…

            La grande salle du dojo résonnait de ses pas lents et méthodiques. Il posa ses affaires dans un coin et s’étira consciencieusement puis prit un sabre d’entraînement et commença quelques exercices. Cinq minutes plus tard, Hans, John et Pierce entrèrent.

« Shin, on peut te demander un service ?

_Allez-y.

_Tu peux nous apprendre comment manier correctement un katana ? »

            Shin soupira et s’assit en tailleur devant eux.

« Bon, on va commencer par le début : montrer moi comment vous tenez un sabre. »

            Ils s’exécutèrent l’un après l’autre.

« Vous êtes moins pitoyables que Shô ne le disait en fait… bon pour des attentes standards, pas pour les siennes.

_Sympa de nous remonter le moral, Shin, répliqua Pierce sarcastique.

_On va faire quelques exercices. »

            Il porta un coup descendant…

« C’est le karatake… »

            Un coup ascendant…

« Sakakaze… »

            Un coup oblique sur l’épaule droite…

« Kesagiri… »

            Un coup oblique sur l’épaule gauche…

« Sakagesa… »

            Un coup descendant au flanc droit…

« Miginagi… »

            Un coup descendant au flanc gauche…

« Hidarinagi… »

            Un coup ascendant à droite…

« Migikiriage… »

            Un coup ascendant à gauche…

« Hidarikiriage… »

            Et enfin, un coup porté vers l’avant.

« Tsuki… Ces neuf formes d’attaques servent à tuer quelle que soit l’école avec neuf formes de contre-attaques adaptées. Entraînez-vous jusqu’à les maîtriser. On verra la suite après. »

            Ils le regardèrent incrédules puis s’acharnèrent à refaire les mouvements qu’il leur avait montré pendant qu’il jouait un peu de basse.

« Allez plus vite, c’est mou tout ça !

_Shin, t’es sur qu’on arrivera à battre Shô grâce à ça ?

_Le battre ? Aucune chance !

_Et le toucher ?

_J’ai peut-être un plan pour ça. Vous connaissez le manga Narouto ? »

            Lorsque Shô entra la première chose qu’il vit fut un magasin particulier ouvert au niveau du poster central. Il l’attrapa et sa température corporelle monta en flèche alors même que son attention atteignait des niveaux critiquement bas.

« Maintenant, » souffla Shin.

            Trois fous dégénérés et psychopathes se jetèrent alors par surprise sur leur proie… bavante.

« Karatake ! rugit John.

_ Hidarinagi ! hurla Pierce.

_ Miginagi ! » cria Hans.

Quelques secondes plus tard, Shin et Chaps – qui venait d’entrée lors de l’attaque combinée – faisaient de leur mieux pour réveiller Shô tout en se retenant de rire à gorge déployée.

Le « joyeux professeur » sortit de sa torpeur post-comatique après plusieurs sauts d’eau glacée et un bon verre de rhum – introduit en douce par Chaps. Sa réaction fut vive et soulageante – pour ces « élèves » – il quitta la pièce en se jurant de ne jamais plus enseigner ne serait-ce que la marche à pied à un gamin de neuf mois.

« Ca me retombe toujours dessus quand je joue au maître et à l’élève, » maugréa-t-il.

            Chaps lança à Shin un regard de profonde satisfaction qu’il adressa également aux trois « élèves. »

« Bon, vous allez changer de prof.

_Oh pourquoi ? s’enquit Pierce sans le minimum syndical d’intelligence et de tact.

_A ton avis… »

            La cloche sonna et ils rejoignirent leurs salles de cours respectives.

            Aspidistra s’endormait paisiblement sur son bureau quand Shin s’assit à sa place. Il la regarda puis, ne voyant aucun signe d’évolution, il tendit lentement la main et lui caressa les cheveux. Elle se réveilla doucement. Il remit prestement sa main dans sa poche.

« Tu dormais.

_Hum… oui.

_Généralement on fait ça la nuit.

_A qui la faute si je n’y arrive pas. 

_Ne me le fais pas retomber dessus. »

            Il se tenait les mains levées et un grand sourire aux lèvres.

« Bon les amoureux du troisième rang, j’aimerais commencer mon cours si ça ne vous dérange pas, » lança Mr Maldinpert leur professeur de français.

            Shin préféra se taire.

            Il y eut un soir, il y eut un matin…

 


 
 
posté le 14-06-2009 à 12:06:35

10 octobre...(4)

            Ekichi prit le volant de la vieille fiat familiale. Il fit mine de vouloir laisser sa place à Shin mais celui-ci refusa poliment, ils n’avaient pas le temps de finir dans le décor.

            Ils s’arrêtèrent devant une petite échoppe perdue dans une ruelle près de la 17ième. Music’s element. Shin en avait entendu parler au paravent mais c’était la première fois qu’il y entrait.

            Les guitares – sèches, acoustiques, folks, électriques – et les basses s’endormaient progressivement dans la pénombre sûre du vieux magasin alors qu’ils circulaient dans les rayons à la recherche de la perle rare. Le parfum particulier de ces boutiques apaisait toujours le cœur de Shin mais celle-ci plus particulièrement encore. Il lui semblait qu’il était libre, léger…

« Là, je l’ai trouver !

_Ekichi ! Bordel pour une fois que je rêve tranquillement…

_Oui bon, viens ici, on a pas le temps de bavasser. Qu’est-ce que tu penses de celle-là ?

_Une Cort GB-JBBK ?

_Corps agathis massif, manche érable, touche palissandre, 2 micros type JB, accastillage chromé et finition Noir Brillant.

_Prix 245$. A voir. Je préfère celle-ci.

_Une Squier Affinity P-Bass. Corps Alder, manche Maple, C-Shape, finition Polyurethane, touche Rosewood, 9.5” Radius, frettes 20 Medium Jumbo, micros 1 Split Single-Coil Pickup, contrôles Volume, Tone, hardware Chrome, plaque 1 pli, blanche diapason 864 mm, taille au sillet de tête 41 mm.

_Un peu lourde quand même mais j’aime bien sa couleur. Celle-ci !

_Une Stagg BC300 BK, micros 1 x jb et 1 x pb, réglages 2 x volume et 1 x tonalité, corps aulne massif, manche érable 867mm, touche palissandre 24 cases.

_Je peux lire les fiches tout seul, tu sais Ekichi.

_Elle te plaît ?

_Plutôt. Elle est sympa, la couleur violet lui va bien. Je peux la tester ? »

            Le vendeur releva la tête de la guitare acoustique qu’il réparait sur son atelier.

« Vas-y, il y a un ampli pour basse en bout de rangée.

_Merci. »

            Shin prit la basse, s’approcha de l’ampli, brancha le jack et s’assit sur le tabouret prévu à cet effet. Il joua quelques notes puis s’arrêta, recommença. Au bout de cinq minutes, il jeta un coup d’œil à Ekichi.

« Je la prend.

_Pas de problème mais tu as de quoi payer ?

_Eh bien vois-tu, je me disais que…

_Passe à la caisse, on s’expliquera plus tard. »

            Il y eut un soir, il y eut un matin…

 


 
 
posté le 14-06-2009 à 12:05:46

10 octobre...(3)

            Il parcourut le court chemin qui séparait sa classe du bureau du directeur. Celui-ci ne recevait jamais vraiment les gens : personne ne l’avait vu depuis près de dix-sept ans mais sa voix froide et mécanique animait, toujours imperturbable, les moindres actions bureaucratiques qui s’accomplissaient dans l’établissement. Le parloir où chaque convive venait pour parler au solitaire – surnom affectueux donné par les élèves à leur directeur – était une pièce simple sans fioriture mais confortable et bien aménagée. Un rideau noir tendu sur une grille de bois sculpté séparait les deux interlocuteurs.

« Vous avez demandé à me voir, monsieur ?

_Ah oui ! Shin, notre brillant capitaine… tu sais j’imagine que tu vas être nommé à la Chambre.

_Oui.

_Bien, je voulais expliciter avec toi quelques points particuliers du règlement… »

            Vingt minutes plus tard, Shin filait à travers la cour pour gagner le dojo. Les autres membres y étaient déjà, en grande discussion d’ailleurs.

« Qu’est-ce qui se passe ?

_Mike viens de passer pour nous indiquer où on va jouer samedi, lui répondit Jimmy.

_Et ?

_Au Baxterfly Pub, un bar rock tendance pop, sur la 14ième, expliqua Hans. On fera le dernier tour de chant.

_On joue quoi ?

_Surtout des reprises : Painted Black des Stones, Yellow Raven de Scorpions, Yesterday et While My Guitar Gently Weeps des Beatles et Let Me Down.

_Let me down ?

_Une  des chansons que j’ai écrites et composées avec Hans, indiqua Jimmy.

_On ne devait pas chanter des chansons que vous aviez composées ?

_On n’a pas le temps de toutes les apprendre et de répéter, répliqua Jimmy.

_Tu chanteras uniquement pour l’instant, Shin, si ça ne te dérange pas, lui dit Hans.

_D’accord.

_Voilà le texte et un enregistrement de Let me down. La voix du chanteur n’est pas terrible mais ça tu devais t’y attendre, non ? »

            Jimmy lui tendit une feuille de papier et un cd puis lui prit la main et regarda attentivement ses doigts.

« Tu devrais plutôt jouer de la basse avec des doigts pareils.

_Je n’ai pas de basse.

_Hum, hum…

_Oui, Pierce ?

_Tu pourrais demander à Ekichi de te prêter la sienne le temps d’en trouver une à ta main.

_J’y songerai. »

            Shin déplia la feuille de papier et la parcourut rapidement des yeux.

« Je peux être indiscret ?

_Vas-y, l’encouragea Jimmy.

_Tu as déjà pensé au suicide ?

_Pourquoi ?

_Juste une impression… »

            Il relut plus lentement le texte dans sa tête.

Now girl, it’s time for me to say the bad news  (Maintenant petite, il est temps pour moi de te dire)

That for you wait all this while :            (La mauvaise nouvelle que tu as attendu tout ce temps)

I go back on the way of my life,             (Je repars sur la route)

On the road of adventure…                  (Sur le chemin de l’aventure)

So plaese, baby, don’t cry…                 (S’il te plaît, petite ne crie pas…)

 

Let me down,                                  (Laisse moi tomber)

Let me go away,                              (Laisse moi partir)

Let me go back                               (Laisse moi retourner)

So far away from you…                      (Si loin de toi…)

 

He loves you, you know ? You can be proud of this. (Tu sais qu’il t’aime, tu peux en être fière.)

You can be glad, he’s that I’m not.                (Tu peux être heureuse, il est ce que je ne suis pas)

He loves you and you know it is true              (Il t’aime et tu sais que c’est vrai.)

Love him do all your life                          (Aime-le tu ta vie) 

Please, baby, forget me…                        (S’il te plaît, petite oublie moi…) 

 

Let me down,                               

Let me go away,

Let me go back

So far away from you…

« Vraiment beau comme texte, mélancolique surtout, on sent tout le vécu que tu y exprime…

_Pardon ? Le vécu ? Je n’ai jamais largué comme ça !

_Heureusement pour toi sinon on serait entrain de fleurir ta tombe à l’heure actuelle… »

            La suite de cette discussion forte agréable eut été d’une rafraîchissante inventivité verbale si Hans n’avait pas décidé de sortir de la morosité ambiante pour leur imposer une répétition sortie de derrière les fagots… Au grand désarroi de Pierce qui ne voyait pas pour quelle sombre raison il devrait répéter avec Shin des chansons sans son instrument et alors qu’il ne chantait jamais sur scène – même si cette dernière résolution était encore en sa prime jeunesse.

            Pierce poussa la porte de la maison et bailla bruyamment.

« La basse de mon père doit être dans son bureau, monte voir, je vais dans la cuisine prendre un verre d’eau. Phoebe devine qui vient dîner ce soir… »

            Shin monta à l’étage et fouilla le bureau d’Ekichi de fond en comble. A part remarquer que les entraînements précédents seraient bientôt considérés comme le mythique Jardin d’Eden, il ne trouva rien qui ressemblait de près ou de loin à une basse guitare. Il redescendit.

« Ekichi ? Pierce m’a parlé d’une guitare basse que…

_Oh ! ne m’en parle pas !

_Pourquoi ?

_Je l’ai amené ce matin pour faire changer les cordes et après un malheureux concours de circonstances elle a finit sous les roues d’un trente tonnes. Autant dire quelle est inutilisable.

_J’allais le dire…

_Pour quelle raison voulais-tu cette basse ?

_On monte un groupe pour dépanner un ami de Jimmy et il faudrait que je sois bassiste de dans d’après lui, alors.

_Il la faut pour quand ?

_Le concert est samedi…

_Phoebe, on va faire une course, on revient.

_Ne tardez pas trop ! »

 


 
 
 

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