posté le 27-01-2015 à 00:17:14

Sur la couverture de mon nouveau livre

Aujourd’hui que dans un livre les voici, décédés,

Imprimés, brochés, vraiment je ne sais

Si c’est bien moi qui les ai chantés.


Ils pourraient être d’un quelconque étranger,

Tant ils sont étranges, éloignés,

Ces plaintes, cantiques, blasphèmes, versets.


Nul doute que ces chants de péché

Ne soient bafoués, redoutés

De ceux qui vivent la vie à moitié.


Nul doute que ce serait

Délice qu’un autre eût peiné

Ces peines et sur ces peines résonné.


Las ! ce fut moi, ce fut moi, ô tourment,

Votre farouche père, sombres, nouveaux chants ;

Pour vous j’ai déjà payé il y a longtemps.


André Ady

 


 
 
posté le 24-01-2015 à 22:09:34

Reménytelenül.

Lassan, tünődve.


Az ember végül homokos,

szomorú, vizes síkra ér,

szétnéz merengve és okos

fejével biccent, nem remél.


Én is így próbálok csalás

nélkül szétnézni könnyedén.

Ezüstös fejszesuhanás

játszik a nyárfa levelén.


A semmi ágán ül szivem,

kis teste hangtalan vacog,

köréje gyűlnek szeliden

s nézik, nézik a csillagok.


Vas-színű égboltban...


Vas-színű égboltban forog

a lakkos, hűvös dinamó.

Óh, zajtalan csillagzatok!

Szikrát vet fogam közt a szó.


Bennem a mult hull, mint a kő

az űrön által hangtalan.

Elleng a néma, kék idő.

Kard éle csillan: a hajam.


Bajszom mint telt hernyó terül

elillant ízű számra szét.

Fáj a szívem, a szó kihül.

Dehát kinek is szólanék.


József Attila


Sans espoir


Lentement, pensivement…


Enfin l’homme arrive au plateau

Et consent à ce paysage

De tristesse, de sable et d’eau

Sans espoir est sa tête sage.


A mon tour, je veux, m’allégeant,

Tout regarder avec franchise,

L’éclair de la hache d’argent

Dans le fin peuplier se brise.


Dessus la branche du néant,

Mon cœur grêle tremble en silence,

Et les doux astres le voyant,

Les doux astres vers lui s’avancent.


Dans le ciel couleur de fer


Froid et laqué, un moteur vrille

Dans le ciel couleur gris de fer.

Entre mes dents les mots scintillent.

Constellation, silence clair!


Comme une pierre dans le vide

Le passé tombe en moi. Et bleu,

Le temps s’enfuit muet, liquide.

Un glaive brille: mes cheveux.


Une chenille est ma moustache

Sur ma bouche elle va rampant.

Mon cœur est dur, le mot se glacent

Mais à qui confier mon tourment ?


Traduction d'Eugène Guillevic

 


 
 
posté le 24-01-2015 à 22:08:24

Boldog éjjel

Boldog éjjel! együtt vagyok rózsámmal,
A kis kertben mulatozunk egymással ;
Csendesség van, csak az ebek csaholnak,
Fenn az égen
Tündérszépen
Ragyog a hold, a csillag.

 

Nem jó csillag lett volna énbelőlem ;
Tudja isten, nem maradnék az égen,
Nem kellene énnekem a mennyország,
Lejárnék én
Minden estén,
Kedves rózsám, tehozzád.

 

Sándor Petõfi

 

Heureuse nuit

 

Heureuse nuit, je suis avec ma rose...
Dans le petit jardin nous nous divertissons,
Le silence est partout. Seuls quelques chiens aboient...
Là-haut au firmament
Belles... féeriquement
Brillent, la lune, les étoiles.

 

Je n'eusse jamais fait qu'une piètre étoile ;
Dieu sait si j’aurais pu rester au haut du ciel !
J'aurais abandonné le ciel,
Et, à la nuit venue,
Je serais descendu
Ma rose adorée, près de toi.

 

Extrait de "Poésies Magyares" recueillies par Melchior de Polignac, Paris 1896

 


 
 
posté le 24-01-2015 à 22:07:01

Je ne me souviens plus

Je ne me souviens plus comment elle était blonde,

Mais je sais que les champs sont blonds quand c'est leur temps;
Et quand chargé d'épis, vient l'été flamboyant,
Je revois sa blondeur dans cet or qui m'inonde.

 

Je ne me souviens plus du vrai bleu de ses yeux;
Pourtant lorsque les cieux s'entrouvrent en automne,
Lorsque septembre fait ses adieux monotones,
Je revois en rêvant la couleur de ce bleu.

 

Je ne me souviens plus dans sa voix quelle soie,
Mais pendant que les prés soupirent au printemps
La chaude voix d'Anna m'appelle et je l'entends,
Au fond lointain des cieux où le Printemps se noie.

 

Gyula Juhász
(Traduction de Guillevic)

 


 
 
posté le 24-01-2015 à 22:05:55

Fin septembre

Le val est riche encore des fleurs de ses jardins

Et vert le peuplier dans la fenêtre ouverte
Mais le monde d'hiver, l'aperçois-tu qui vient ?
La neige sur la cime au loin donne l'alerte.
Encore l'été brûlant brûle mon jeune cœur
Mais si la sève en lui monte et le renouvelle
Déjà des fils d'argent dans mes cheveux révèlent
Que les froids de l'hiver vont montrer leur vigueur.

 

Car s'effeuillent les fleurs et s'enfuit notre vie
Viens donc, ô mon aimée, te blottir sur mon sein.
Toi qui tout contre moi mets ta tête chérie
N'iras tu pencher sur ma tombe demain ?
Si je meurs le premier, de ces deux que nous sommes
Mettras tu , dans les pleurs, un linceul sur mon corps ?
Si un autre t'aimait, se pourrait-il alors
Que tu quittes mon nom pour le nom de cet homme ?

 

Si ce voile de veuve, un jour tu le jetais,
Comme un drapeau de deuil, laisse-le sur ma tombe.
Je viendrai le chercher, du noir où tout se tait
Au cours de cette nuit où notre amour succombe,
Pour essuyer les pleurs versés sur notre amour
Sur toi facilement oublieuse et parjure,
Pour panser de mon cœur l'horrible déchirure-
T'aimant même là-bas, même alors et toujours.

 

Szeptember Végén
Traduction de Guillevic

 


 
 
 

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